Intervention de Violaine Blain

Réunion du jeudi 8 octobre 2020 à 10h30
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Violaine Blain, directrice générale du Groupement d'intérêt public Enfance en danger (GIPED) :

Ce référentiel invite les départements à former leurs professionnels d'une part grâce à des apports théoriques (sur la théorie de l'attachement, les approches psychanalytiques, les besoins fondamentaux de l'enfant, etc.) et d'autre part, en les mobilisant sur une approche participative de l'évaluation avec les familles, qui permet d'avoir un prisme plus large de compréhension de la situation, de faciliter la co-construction de solutions familiales et d'accompagner au mieux les parents. Ce travail demande un investissement en temps de formation et de mobilisation de professionnels. En termes de moyens, il faut aussi prendre en compte le nombre de professionnels dédiés à la prise en charge des enfants confiés ; des travaux relatifs au taux d'encadrement de ces enfants sont d'ailleurs en cours.

Il convient en effet de prendre en compte ce problème qui certes, relève de la santé publique, mais constitue avant tout un problème de société, au sens où il interroge la place laissée à l'enfant dans notre société. Nous parlons beaucoup de la problématique de l'invisibilisation de l'enfant, que ce soit au travers de propos dénigrants tenus sur les enfants (comme récemment à propos des mineurs non accompagnés) ou du fait que l'on ne pense pas la place de l'enfant. Ainsi, lors de la crise du confinement, nous n'avons pas toujours pensé la place de l'enfant ; à titre personnel, je pense que sur l'aspect de la santé mentale comme sur l'aspect éducatif, l'enfant n'a pas été pris en considération comme il aurait dû l'être. Ces sujets ne doivent pas être oubliés dans nos discussions ni dans les programmes et projets pilotés par les départements.

Par ailleurs, les appels en matière de soutien à la parentalité s'avèrent extrêmement diversifiés. Nous recevons par exemple des appels d'ordre juridique : comment faire, dans le cadre d'une procédure de séparation, si tel parent ne voit pas son enfant à la faveur du refus de l'autre parent ? Nous recevons également des questions d'ordre psychologique de la part de parents qui ont besoin de décrypter le comportement de leur enfant (mon enfant est très replié, mon enfant est hyperactif, mon enfant mord son frère et sa sœur, il vole, il fugue, etc.) : nous menons donc un travail de réassurance des parents et de décryptage de leur fonction ou mission. Nous réalisons également tout un travail d'orientation : les écoutants ont accès à un carnet d'adresses nationales et territoriales, leur permettant d'orienter les familles vers les bons services. En situation de crise notamment, les services de protection maternelle et infantile (PMI) constituent pour eux de très importants partenaires, notamment pour la tranche d'âge des 0-6 ans, particulièrement sensible en protection de l'enfance. Ces appels doivent toujours être pris en considération avec beaucoup d'attention, parce que très souvent, les parents appellent en indiquant que leur enfant ne veut rien écouter ou ne se concentre pas ; or, au bout d'un certain temps, les professionnels parviennent à faire émerger d'autres problématiques beaucoup plus graves et leur mission de conseil et d'accompagnement bascule parfois vers une information préoccupante, lorsqu'ils considèrent que les parents ne pourront, seuls, assurer la protection de l'enfant. Ils passent donc le relais aux CRIP, afin qu'une évaluation plus approfondie des capacités parentales, mais aussi de l'environnement de l'enfant puisse être réalisée.

S'agissant des PMI, le retour sur expérience de l'ONPE a montré que dans la plupart des départements, elles ont en grande partie poursuivi leurs activités pendant le confinement. Après la période de sidération des premiers jours, les PMI ont très rapidement assuré notamment la pesée des bébés de petit poids, ainsi que les vaccinations. Dès lors qu'elles ont été dotées de matériels de protection individuelle, elles ont repris les visites à domicile et certaines structures ont même été rouvertes.

Dans le cadre des travaux menés par l'ONPE, une réflexion visait à observer la manière dont ces questions avaient été traitées à l'étranger. Je pourrai donc vous adresser des éléments complémentaires autour de la façon dont certains pays se sont positionnés en termes d'articulation entre la crise sanitaire et la protection de l'enfance. L'ONPE intervient en effet en tant qu'organisme national représentant la France, en matière de protection de l'enfance, dans les réseaux européens et internationaux.

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