J'interviens notamment sur le thème des établissements gérés par la Croix-Rouge française sur les volets de la petite enfance et la protection de l'enfance.
Sur la question du financement, notre directeur général indiquait à France Générosités que, pour la Croix-Rouge, les pertes dues à l'arrêt des activités et les besoins en financement s'élèvent à 15 millions d'euros pour l'année 2020.
L'élément le plus choquant de l'impact de cette crise sur les familles est que certaines d'entre elles ont eu faim pendant le confinement, ce qu'il est encore plus bouleversant d'observer dans un pays comme le nôtre. Nous avons constaté que les minima sociaux ne permettent pas de simplement nourrir sa famille. Cette donnée d'entrée illustre toutes les difficultés rencontrées autour des questions liées à l'aide alimentaire.
Je mentionnerai également les conséquences dramatiques de l'école à distance, qui a renforcé les inégalités sociales, ce qui semble dépasser la question de l'école, avec l'accès au matériel informatique ou à l'ensemble des démarches dématérialisées. Nous avons observé que l'accès aux équipements informatiques n'allait pas de soi. Les donateurs de la Croix-Rouge ont permis de fournir une centaine d'ordinateurs aux établissements de protection de l'enfance, permettant aux enfants protégés d'avoir accès à l'école.
Je tiens à souligner la difficulté à appréhender le trauma de la crise, puisque l'accès aux dispositifs de santé mentale reste très engorgé pour les familles et les enfants, ainsi que la compréhension des impacts des situations de violence au sein de la famille, même si je dois saluer les efforts fournis par le Gouvernement, avec une campagne assez offensive. Nous avons mis en place « Croix rouge chez vous », un numéro d'écoute permettant la mise en place de livraisons de médicaments et de nourriture, ce qui a permis d'observer les conséquences de l'isolement, lequel constitue un facteur de vulnérabilité dans notre société, notamment pour les familles monoparentales qui se trouvent encore plus en difficulté. Avant la crise, nous avions initié un travail sur la notion de répit parental. Chacun a pu observer combien gérer ses enfants en huis clos était complexe et ce besoin de répit ou d'autres espaces.
Aujourd'hui, l'accès des jeunes aux formations, notamment en alternance, et aux stages est de plus en plus difficile. La question de la sortie de l'aide sociale à l'enfance est encore plus difficile et complexe. Bien que le Gouvernement ait alloué des fonds complémentaires cette année, la mise en œuvre est extrêmement disparate selon les départements. Je conclurai en soulignant que cette crise pose la question de l'accès des jeunes aux minima sociaux.