La crise du COVID a mis en lumière l'absence de filet de sécurité pour nombre de ménages, notamment des familles. Cette nouvelle précarité a été vécue par des familles que nous n'avions pas l'habitude de voir, notamment des mères seules, mais également des travailleuses intérimaires et des aides à domicile dont l'activité et les ressources ont chuté lors du confinement, ainsi que des jeunes, étudiants ou non, qui se sont vus privés de leur job étudiant et ne peuvent prétendre à aucune aide puisque le RSA ne leur est pas ouvert.
Les effets de la crise sur les enfants et la jeunesse ne peuvent être mesurés sans prendre en compte les familles dans leur globalité, notamment les parents dont le rôle a été mis à mal durant la période. Il leur a été très compliqué d'être les « guides » de leurs enfants sans savoir de quoi serait fait le lendemain et en se demandant s'ils pourraient continuer à les nourrir, en étant hébergés dans une chambre d'hôtel à cinq, en cuisinant en l'absence de cuisine collective et en lavant leurs enfants dans des conditions difficiles, en l'absence de sanitaires dans la chambre d'hôtel. Cette situation a aggravé l'anxiété des parents et de leurs enfants plus ou moins jeunes.
Nous avons constaté une aggravation des inégalités scolaires avec une fracture numérique en termes d'équipement et de connexion, que l'on réside ou non à l'hôtel. Nous sommes parvenus à débloquer 150 000 euros pour équiper des familles ayant des enfants afin de permettre la continuité pédagogique, mais nous avons observé des difficultés liées à l'utilisation de ces outils numériques, à l'accès au contenu des cours, à la maîtrise de la langue française, à l'absence de moments de répit pour les parents et au manque d'épanouissement pour les enfants liés à la fermeture des écoles.