Effectivement. En outre, nous faisons face à un aléa total sur la remontée finale des subventions dont nous pourrons bénéficier et des leviers dont nous disposerons en termes de distribution alimentaire.
Les associations bénéficieront de 55 millions d'euros sur les exercices 2021 et 2022 au titre du fonds européen REACT-EU, dont une partie est dédiée à la lutte contre la pauvreté ; ce dispositif sera organisé selon le même schéma que le fonds européen d'aide aux plus démunis (FEAD), c'est-à-dire non pas en termes de subventions directes, mais d'achats de denrées organisés par la DGCS et gérés par FranceAgriMer à travers des appels d'offres. Habituellement, un choix nous est proposé parmi une palette de 24 produits, ce qui nous permet de diversifier ces produits et d'assurer un meilleur équilibre nutritionnel. Dans le cadre du fonds REACT, nous n'avons accès qu'à 10 produits. Or nous accueillerons un public supplémentaire et avons besoin de la même diversité. Toutefois, les ressources humaines sont insuffisantes à la DGCS et chez FranceAgriMer pour gérer ces appels d'offres
On aboutit donc à une situation absurde ; ces subventions, qui correspondent à une augmentation de 60 % de la dotation FEAD, sont extrêmement significatives. Nous attendons 20 à 30 % de personnes supplémentaires durant la période. Si nous percevons l'ensemble de la dotation à laquelle nous avons droit, nous risquons de nous retrouver avec des milliers de palettes en stock, car les produits ne correspondent nullement à la demande liée à un équilibre nutritionnel correct et à l'augmentation des publics, pour de simples questions administratives et de moyens.
À l'origine, nous bénéficiions de plus d'une quarantaine de produits, lesquels se réduisent systématiquement d'année en année faute de moyens affectés aux appels d'offres pour fournir aux associations les produits qui répondent à un équilibre nutritionnel. Il s'agit de deux exemples concrets de freins que nous vivons à longueur d'année et qui nous mettent en grande difficulté puisque nous disposons de stocks de produits issus du FEAD que nous ne pouvons distribuer, car les associations départementales se lassent de cette monotonie, ce qui nous contraint à effectuer des achats de négoce grâce aux dons. Par manque de moyens humains en France, nous sommes contraints d'acheter des produits dont nous avons besoin et de stocker des produits qui nous sont inutiles. Par ailleurs, nous disposons de budgets européens dédiés qui se trouvent quelque peu en péril sur la partie FEAD, pour laquelle nous luttons afin de maintenir le niveau actuel. À travers le fonds REACT-EU, nous avons une certaine visibilité sur ce dont nous pourrions bénéficier sur deux ans pour traverser cette crise économique, mais il nous est expliqué que la diversité des produits ne pourra être assurée pendant deux ans faute de moyens. Telle est la réalité quotidienne que nous vivons.
Les bons alimentaires sont très intéressants sur le court terme, mais pour les associations comme les Restos du Cœur qui pratiquent largement l'aide alimentaire, il s'agit de la première étape d'un accompagnement beaucoup plus profond, dans l'objectif de sortir un maximum de personnes de l'isolement social ou la précarité dans laquelle ils se trouvent. Diffuser des bons alimentaires à grande échelle était positif durant la crise pour les personnes ne pouvant se déplacer, mais les maintiendra dans l'isolement, ce qui n'est certainement pas la bonne solution à long terme pour répondre à la problématique de la sortie de la précarité et de la pauvreté.
S'agissant des bébés, nous ne recevons pas d'alerte concernant les produits frais, mais je souligne la situation ubuesque dans laquelle nous nous trouvons à travers l'approche départementale des subventions et la gestion du fonds REACT.