Concernant le rôle des préfectures, en avril dernier, nous avons mené une enquête sur la coordination de l'action sociale par les services de l'État auprès de nos 73 délégations. Les réponses obtenues portent sur 40 départements. L'analyse montre l'existence d'une coordination départementale pilotée par le préfet ou la DDCS dans la moitié des cas. La moitié de nos délégués en étaient plutôt satisfaits. L'autre moitié d'entre eux la jugeaient insuffisante ou pas du tout utile.
Il est constaté un souhait de faire face aux besoins les plus urgents en prenant en compte uniquement l'aide alimentaire et les personnes se trouvant sans logement digne, ce qui était très important, mais a mis de côté certains publics et des territoires. En se focalisant sur les grandes villes, les territoires ruraux ont été oubliés, ce qui a conduit des familles, des personnes âgées et isolées à se trouver en grande difficulté. La question de l'isolement n'a aucunement été traitée dans cette coordination, ce qui nous semblait important, ainsi qu'à d'autres associations comme Les Petits Frères des Pauvres ou le réseau Monalisa auquel nous participons et avec lequel nous avons mis en œuvre des chaînes téléphoniques de fraternité et des groupes WhatsApp visant à garder le lien avec les personnes, entre les enfants et les jeunes, soutenir, rassurer et déculpabiliser les parents.
Dans les trois quarts des départements, le ciblage des bénéficiaires des chèques ou des tickets service était jugé partiel, oubliant certains publics ou territoires, ainsi que des situations spécifiques comme les territoires ruraux, la totalité du territoire de la Nouvelle-Calédonie, les gens du voyage, qui n'ont pas été pris en compte dans certains départements, ainsi que des travailleurs non déclarés et des situations très ponctuelles comme celles des familles dont la prime est arrivée tardivement.
Dans certains cas, il a été constaté que les besoins ne remontaient que grâce aux associations, lesquelles n'avaient qu'une vision partielle. Il aurait été préférable que les services de l'État portent une vision plus globale.
Les pistes d'amélioration consistent à rendre effective cette coordination là où elle a été absente ou insuffisante, à permettre l'accès à des informations précises et régulières de la part des autorités, à offrir la possibilité aux associations de faire remonter des besoins spécifiques et à se coordonner avec les autorités publiques et les autres acteurs associatifs. Il convient également d'articuler ces coordinations entre les différents échelons et d'intégrer d'autres acteurs comme les caisses d'allocations familiales (CAF), les mutualités sociales agricoles (MSA) et l'Éducation nationale, pour traiter la question de la continuité pédagogique, ainsi que les centres communaux d'action sociale (CCAS) ou les mairies, qui étaient très absents.
Le Secours Catholique a contribué au déploiement des chèques service au sein des territoires conformément à ses valeurs, qui consistent à rendre leur dignité aux personnes en leur permettant de choisir les produits en supermarché sans être stigmatisées par les longues files d'attente aux distributions alimentaires, comme nous l'avons vu dans les reportages télévisés.