Intervention de Carla Dugault

Réunion du jeudi 15 octobre 2020 à 10h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Carla Dugault, co-présidente de la Fédération des conseils de parents d'élèves des écoles publiques (FCPE) :

Des enfants et des jeunes en devenir vivent à nos côtés une période inédite, durant laquelle les inégalités socio-scolaires se sont aggravées, et où l'avenir semble bien incertain et anxiogène. La mise en œuvre de la continuité pédagogique en « tout distanciel » a démontré que, si des élèves pouvaient se retrouver dans un travail individuel, la grande majorité se mobilise également par le travail coopératif avec les pairs, dans les interactions avec les pairs comme avec les enseignants.

Dans les faits, la continuité pédagogique a revêtu plusieurs formes : continue, en pointillé, discontinue ou même rompue. Nombreux sont les facteurs qui ont accentué les inégalités entre élèves déjà existantes : connexion internet, matériel, connaissance de la culture scolaire, contexte environnemental, sanitaire, social et familial, accompagnement et autonomie, etc. À cela s'ajoutent les possibles effets du confinement, comme l'isolement social, la moindre activité physique, le mal-être psychologique ou la violence intrafamiliale. La non-fréquentation des établissements porte grandement atteinte aux élèves les plus en difficulté, qu'il s'agisse de difficultés scolaires, sociales, psychologiques, ou d'élèves en situation de handicap, etc.

L'impréparation et la mauvaise gestion de la crise sanitaire par le Gouvernement ont laissé des traces. Selon un sondage que nous avons réalisé en septembre 2020 en collaboration avec Kantar, 69,8 % des parents s'inquiétaient à l'idée que leurs enfants soient de nouveau amenés à rester à la maison pour cause de fermeture d'établissement liée au coronavirus et à la mise en place de la continuité pédagogique.

Avec cette épidémie qui persiste, nous devons continuer à nous attacher à ce que le plus grand nombre d'élèves puissent se rendre au moins une fois par semaine dans l'établissement scolaire, afin de soutenir le lien éducatif et pédagogique, la mobilisation scolaire, le sentiment d'appartenance, ainsi que le suivi psychosocial de l'élève.

Dans l'intérêt de nos enfants, le retour à l'école aurait aussi dû être celui des apprentissages en groupe, et non celui des évaluations. Après une continuité pédagogique hétérogène, le ministère a fait le choix de tests d'évaluation et de positionnement en lieu et place d'une reprise coopérative et bienveillante envers les élèves.

Nous avions aussi réclamé un aménagement du premier trimestre : remédiation approfondie ; progressivité des cycles avec préférence donnée à l'appréciation plutôt qu'à la note. Le ministère ne nous a pas entendus.

Il en est de même pour le bâti scolaire. Depuis longtemps, la FCPE n'a eu de cesse de dénoncer notre bâti scolaire, qui est vétuste et qui manque cruellement d'investissements. Le volet rénovation énergétique du plan de relance du Gouvernement apparaît bien insuffisant au vu des besoins en matière de bâti scolaire.

Le budget pour 2021 ne prévoit pas non plus de mettre fin à l'érosion des effectifs des personnels médicaux, infirmiers et sociaux, alors même que leur rôle est essentiel en cette période de crise sanitaire. D'ailleurs, la FCPE demande la présence d'au moins une infirmière par établissement.

Après la baisse drastique du budget alloué aux fonds sociaux en 2020, le Gouvernement prévoit de l'augmenter en 2021. Néanmoins, son montant restera bien inférieur à son niveau de 2019, alors même que les besoins sont plus importants.

Si la crise sanitaire a mis en lumière la coéducation, la démocratie scolaire a été largement fragilisée. Il est inacceptable que, bien souvent, tous les membres de la communauté éducative siégeant de droit dans les conseils d'école ou les conseils d'administration n'aient pas pu donner leur avis sur l'organisation du temps scolaire et périscolaire, sur leur programme et sur le protocole sanitaire mis en œuvre. Durant cette période, la coéducation s'est réinventée. Parents, enseignants, équipes éducatives, élèves, collectivités et associations coopèrent et agissent pour garantir à nos enfants l'accès à une école publique, laïque, gratuite, bienveillante et fraternelle.

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