Intervention de Violaine Bigot

Réunion du jeudi 15 octobre 2020 à 10h45
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Violaine Bigot, membre du bureau national de l'Association des parents d'élèves de l'enseignement libre (APEL) :

Merci pour cette précision. Sur le terrain, les établissements dans lesquels la rentrée s'est le mieux déroulée sont ceux qui avaient mis en place des temps de concertation au niveau de la communauté éducative – enseignants, chef d'établissement, parents d'élèves et personnels associés – pour garantir le meilleur accueil possible et assurer une prise de décision concertée. Le mois de juin fut particulièrement compliqué, puisque la société française était très angoissée par la Covid-19. Nous ignorions les conséquences potentielles d'un retour à l'école. Dans la mesure où la liberté de choix était accordée aux familles, les temps de concertation organisés au niveau de la communauté éducative ont permis aux parents et aux associations de parents de comprendre la situation et les décisions prises au sein des établissements. L'incompréhension fut en effet le plus difficile à vivre pour les familles confrontées à la décision de l'éventuel retour à l'école. Les consignes sanitaires drastiques ont d'ailleurs pu en effrayer plus d'un. En tout état de cause, nous ne pouvions pas cautionner une éventuelle obligation de scolarité sachant que les parents craignaient pour leurs enfants et que nous étions moins au fait des conséquences de la Covid-19 sur leur santé. Il était donc important de laisser cette liberté de choix aux familles, tout en leur proposant l'accompagnement des associations des parents, qui étaient capables d'expliquer, de parents à parents, la situation et les mesures mises en place au sein des établissements.

Les conséquences psychologiques de cette période ne font aucun doute. Nous sentons que nos enfants ont été extrêmement perturbés, tout simplement parce que la peur ressentie par les adultes s'est transmise à nos enfants.

La mise en place du contrôle continu en lieu et place du baccalauréat est une question difficile à aborder. Nous ne sommes pas favorables à un contrôle continu permanent, car il est important de maintenir le rite de passage que constitue le baccalauréat. Les élèves de terminale ont été très perturbés de quitter le lycée et d'entrer dans l'enseignement supérieur sans avoir franchi ce fameux rite de passage, dont l'importance n'est plus à démontrer. Passer le baccalauréat, c'est un évènement quasi national, puisque ses dates sont connues de tous. Dans le cas présent, la bascule vers le contrôle continu s'est déroulée dans un contexte très particulier. Nous avons relevé des problèmes de notation, sachant que les enseignants avaient attribué, en cours d'année, des notes plutôt formatives. Nous savons bien que les notes servent parfois à booster les élèves. Or cette année, ces notes formatives ont parfois été reçues en direct et validées pour le baccalauréat. Nombre d'élèves ont ainsi été mis en grande difficulté, puisque nous savons que certains élèves se réveillent tardivement, sans compter que certaines notations sont plus ou moins sévères. La problématique fut particulièrement prégnante pour les élèves qui n'ont pu passer leurs options. Remettons-nous toutefois en situation : étions-nous prêts, en tant que parents, à voir nos enfants enfermés à quarante dans une classe pour passer des épreuves ? Je pense que nous ne l'aurions pas accepté.

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