Intervention de Sandrine Mörch

Réunion du jeudi 15 octobre 2020 à 14h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Mörch, présidente :

Cette crise a servi de révélateur et même de détonateur. Des personnels de l'Éducation nationale au sommet de sa hiérarchie, une majorité d'adultes a su prendre ses responsabilités, et bien au-delà.

C'est un signe assez extraordinaire et assez encourageant dans cette période compliquée, qui révèle au grand public et peut-être surtout aux parents, à quel point l'école et tous ceux qui la font tenir debout – de l'agent territorial spécialisé des écoles maternelles (ATSEM) à l'enseignant, au directeur d'établissement, au personnel de nettoyage qui travaille d'arrache-pied et qui est particulièrement sollicité en ce moment – constituent l'ossature de notre société. C'est sa colonne vertébrale, et elle tient le choc.

Aujourd'hui, alors que nous entrons dans une période de « tous aux abris », il faut que l'école devienne a contrario le grand pari français. En Occitanie comme dans la couronne parisienne, une partie du territoire devra rentrer chez elle à 21 heures. C'est l'occasion pour toutes les forces vives, parents compris, de s'arc-bouter et de se fédérer pour faire gagner notre école, et donc nos jeunes, et donc la République. C'est un beau challenge pour des recteurs.

Réussirons-nous cette continuité pédagogique ? C'est la question.

En tant que recteurs, vous avez joué un rôle essentiel pour décliner dans vos académies les décisions prises au niveau national, qu'il vous appartenait de moduler en fonction des spécificités du territoire académique.

Après avoir entendu ce matin les représentants des enseignants, des personnels de direction, et les parents d'élève, nous recevons trois recteurs d'académie : M. Daniel Auverlot, recteur de l'académie de Créteil, qui recouvre les départements de la Seine-et-Marne, de la Seine-Saint-Denis, et du Val-de-Marne ; M. Mostafa Fourar, recteur de l'académie de Toulouse, qui compte huit départements, et recteur de l'académie de Guadeloupe jusqu'en juillet 2020 ; M. Pascal Jan, recteur de l'académie de Martinique.

Je vous remercie d'être présents tous les trois. Nous souhaiterions vous entendre sur la façon dont vous avez tenté d'organiser la continuité pédagogique, sur les difficultés que vous avez rencontrées, et sur votre estimation des élèves décrocheurs. Observez-vous des disparités entre les différents territoires de votre académie ou entre les niveaux de scolarité ? Comment les expliquez-vous ?

Quelles leçons tirez-vous de cette période de confinement et comment l'école à distance doit-elle être améliorée si une telle situation se reproduit ?

Nous souhaiterions également vous écouter sur les conditions de la réouverture des établissements scolaires à partir du 11 mai, ainsi que sur la part d'établissements ouverts et d'élèves accueillis. Avez-vous rencontré des réticences importantes de certaines communes ou départements ? Avez-vous constaté des disparités territoriales, des difficultés particulières, des freins, ou à l'inverse des moteurs ? Nous ne ferons pas l'économie de tout ce qui a bien fonctionné pendant cette période.

Disposez-vous de chiffres sur la proportion d'élèves en situation de handicap accueillis à l'école à la fin du mois de mai et au milieu du mois de juin ?

Votre éclairage sur la rentrée 2020, sur le nombre d'élèves de retour dans les classes et sur ceux qui ne seraient pas revenus, sur les retards d'apprentissage, nous sera également très utile.

La situation de la Martinique nous préoccupe particulièrement. Les enfants ne sont pas retournés à l'école pendant plus de huit mois du fait d'un mouvement de grève débuté au début de l'année 2020.

Au fond, la grande question qui se pose est la suivante : comment devons-nous saisir ces nouvelles difficultés pour les transformer en opportunités de concentrer toutes nos forces vers nos jeunes et challenger l'école ensemble ? Ensemble, ce ne sont pas uniquement les enseignants, les ATSEM et les responsables d'établissement. Ce sont tous les éducateurs, y compris les parents.

Je vous rappelle que l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958 relative au fonctionnement des assemblées parlementaires impose aux personnes auditionnées par une commission d'enquête de prêter le serment de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité. Je vous invite donc, Messieurs, quand vous prendrez la parole, à lever la main droite et à dire : « Je le jure ».

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