Je m'associe à l'hommage qui a été rendu à l'ensemble des personnels de l'Éducation nationale et des collectivités territoriales, qui ont tous fait preuve de créativité et de mobilisation.
Cependant, s'ils sont heureux de retrouver leur école, de retrouver leurs classes, ce n'est pas une rentrée comme les autres. Ils nous l'ont dit avec force ce matin. Les uns et les autres, enseignants et enfants, sont souvent stressés, parfois fatigués.
Ce n'est pas une rentrée comme les autres parce que la continuité pédagogique n'a pas pu être assurée de la même façon pour tous les enfants. Le problème de la fracture numérique a également été mentionné.
Il y a aussi des familles populaires qui n'ont pas accès à la formation à l'utilisation du numérique ou qui, pendant toute la période de confinement, ont parlé leur langue d'origine. Cela a pu créer une rupture avec la langue française pratiquée à l'école.
Le numérique suscite des inquiétudes et des critiques, notamment sur l'absence de stabilité dans les outils utilisés. Cet aspect a été souligné par M. Auverlot. Il y a aussi la crainte d'aller trop vite vers une réponse numérique alors que la coopération dans la classe entre l'enseignant et les élèves est essentielle.
Les états généraux sur le numérique, prévus en novembre, inquiéteraient presque. Je souhaiterais donc votre opinion sur la place du numérique en cas de crise mais aussi dans cette année scolaire et les prochaines. Quelle est la place du numérique dans la pédagogie, dans l'enseignement, dans les apprentissages ?
Ce n'est pas une rentrée comme les autres en raison des ruptures pédagogiques observées. Pourquoi les programmes et les examens ne sont-ils pas adaptés pour se donner le temps de rattraper les retards, mais aussi de conforter et de remotiver les élèves ? Ils ont l'impression qu'il faut recommencer comme si rien ne s'était passé.
Ne faudrait-il pas donner un temps aux enseignants pour qu'ils mesurent les rattrapages et les adaptations de programmes nécessaires ?
Beaucoup d'enseignants et de parents demandent un temps de préparation collectif plus important. Dans l'année qui vient et avec une pandémie qui se poursuit, les équipes pédagogiques s'interrogent sur le temps qui leur sera accordé pour débattre entre eux et analyser les pratiques mises en œuvre pendant le confinement et après. Il s'agit d'en tirer les enseignements nécessaires.
À travers l'expérience de cette crise, beaucoup d'acteurs associatifs, de médecins et de personnel médico-social, ont travaillé de façon nouvelle avec l'Éducation nationale. J'avais notamment évoqué dans d'autres lieux les pédiatres et les pédopsychiatres de l'académie de Rennes qui ont créé un réseau et ont travaillé avec les écoles. Des associations caritatives se sont aussi mises en rapport avec des écoles, afin de voir si les enfants étaient correctement nourris. Quelles sont vos pistes pour pérenniser ces réseaux qui se sont créés entre l'Éducation nationale et ces nouveaux acteurs ?