Concernant la place du numérique, la crise sanitaire s'est accompagnée d'évolutions importantes. Par exemple, certaines collectivités avaient choisi de doter les élèves d'équipements individuels depuis plusieurs années ou bien plus récemment. Ainsi, le conseil départemental du Val-de-Marne met à la disposition de tous les élèves des collèges un Ordival. Le conseil régional avait également choisi l'année dernière de donner des ordinateurs individuels aux élèves de seconde et des tablettes aux élèves de seconde professionnelle.
Nous nous sommes parfois interrogés sur ces choix des collectivités. Force est de reconnaître que dans le cadre de cette crise sanitaire, le fait d'avoir été doté d'un équipement individuel a constitué un avantage certain.
Les états généraux du numérique qui se tiendront début novembre et que nous avons d'ailleurs préparés la semaine dernière dans l'académie de Créteil avec des témoignages très intéressants de tous les acteurs, confirment que nos pratiques sont amenées à évoluer. Désormais, la mission de l'enseignant sera d'être capable de s'adresser à des élèves qui ne sont pas là.
Auparavant, lorsqu'un élève était absent, ce n'était pas grave. Ses camarades devaient lui permettre de rattraper les cours. Je crois que les missions des enseignants évolueront et que le suivi des élèves qui ne sont pas en classe deviendra aussi important que celui des élèves en classe. Tout cours devra comporter des traces accessibles sous Pronote afin que les élèves absents puissent y accéder.
Au sujet de l'adaptation des programmes, j'explique à tous les enseignants que cette année sera difficile car les classes sont très hétérogènes. Trois groupes peuvent y être distingués : le groupe de ceux qui savent ; le groupe de ceux qui ont décroché mais sont près de savoir ; le groupe de ceux qui sont en retard.
Les écoles accueillent par ailleurs des élèves qui ont des problèmes d'apprentissage et d'autres qui ont un problème de codes scolaires. Je me suis rendu à Bondy il y a quinze jours et j'ai pu constater dans une classe de CP que des enfants se comportaient comme des enfants de grande section. Je rappellerai que nous avons aménagé les programmes afin que les compétences incontournables qui n'ont pas été acquises au printemps dernier le soient avant les vacances de Noël, en nous reposant sur les évaluations et les tests de positionnement.
Le sujet du temps de la réflexion qui a été évoqué est un sujet difficile. Si nous donnons du temps aux enseignants au détriment du temps consacré aux élèves, ce sera autant de moments de classe en moins. Je suis favorable à une réflexion collective sur le sujet, qui ne doit cependant pas empiéter sur le temps de classe des élèves.
Je crois enfin que les associations et les mairies ont parfois été formidables. Beaucoup d'établissements capitalisent sur ces liens qui se sont tissés et je pense qu'un cap a été franchi. Nous ne reviendrons pas en arrière.