Intervention de Pascal Jan

Réunion du jeudi 15 octobre 2020 à 14h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Pascal Jan, recteur de l'académie de Martinique :

Le problème du confinement, c'est que les maltraitances sur les enfants peuvent difficilement être attestées. Nous avons donc particulièrement travaillé avec les élus et les associations pour qu'ils nous alertent et nous transmettent les éléments qui leur étaient remontés.

Je ne vous cache pas qu'il est extrêmement difficile d'obtenir des témoignages et d'obtenir que les élèves eux-mêmes parlent. Nous venons de lancer des enquêtes et les services sociaux travaillent de concert avec les services de la collectivité territoriale. L'idée est d'avoir d'ici la fin de l'année un panorama des difficultés, des manques de repères, en dépit du fait qu'il y ait eu des alertes sur les situations préoccupantes, voire des saisines du procureur de la République.

C'est un point sensible rarement abordé mais qui touche au cœur même du service public de l'éducation. Nous sommes face à des violences et à des comportements qui remettent en cause l'équilibre de l'enfant, et donc son intégration par la suite. De plus, ces violences et comportements s'accompagnent souvent de violences faites aux femmes. Je rappellerai par ailleurs que la monoparentalité est un phénomène massif à la Martinique, avec 70 % de familles monoparentales.

Concernant la lutte contre le décrochage scolaire, il faut reconnaître que la tendance était négative depuis plusieurs années.

L'analyse de la situation des décrocheurs révèle qu'un certain nombre d'entre eux sont pris en charge par des dispositifs ou sont inscrits à Pôle Emploi. Cependant, sur les 1 033 décrocheurs recensés en Martinique en 2019, 402 n'ont pas répondu aux sollicitations. La situation de ces « invisibles » sortis des radars est particulièrement préoccupante. Il semblerait malheureusement que nous n'ayons pas les moyens d'investiguer pour déterminer où sont ces jeunes.

Sur la place du numérique, je souscris à ce qu'ont dit mes collègues. Il me semble néanmoins que la question du numérique dans l'éducation n'a de sens qu'à condition que tous les enfants soient égaux devant le numérique. D'un point de vue pédagogique, la question de l'intérêt du numérique se posera lorsque tous y auront accès de façon cohérente et égale. L'égalité numérique constitue donc selon moi la priorité des priorités.

À titre d'information, j'ai demandé par l'intermédiaire des inspecteurs que tous les enseignants conservent dans leurs heures de cours quelques heures dédiées au distanciel. Ils pourront ainsi continuer à se former et à pratiquer l'enseignement à distance. Cela pourra également permettre de rattraper les élèves qui ont totalement échappé aux radars pendant le confinement. Enfin, les professeurs qui ne se sont pas encore familiarisés avec les outils numériques le pourront, dans un contexte favorable.

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