Intervention de Florentin Guerret

Réunion du jeudi 22 octobre 2020 à 14h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Florentin Guerret, étudiant à l'université de Nanterre :

Merci, Mme la présidente, de m'avoir permis de m'exprimer en représentant l'université de Paris-Nanterre, où je suis étudiant en première année en techniques de commercialisation.

Je suis venu auprès de vous pour témoigner avant tout des mesures mises en place pendant le confinement pour les bacheliers. La crise a été très mal vécue par ces derniers. L'apprentissage à distance n'a fait que renforcer les difficultés que nombre d'entre eux rencontraient auparavant. Je prendrai l'exemple d'un cours de mathématiques. Pour certains élèves, les mathématiques restent une matière très complexe à appréhender. En temps normal, leurs difficultés sont surmontables grâce à l'accompagnement des professeurs, qui sont plus à même de les identifier en présentiel qu'à distance. En visioconférence, les interactions avec les professeurs se réduisent.

Si les cours à distance étaient plus complexes, beaucoup d'élèves se déclaraient également inquiets au regard du baccalauréat, non seulement vis-à-vis de l'obtention de leur diplôme, mais aussi par rapport aux résultats de Parcoursup, qui sont essentiels pour les élèves sortant du lycée.

Le ressenti de la promotion vis-à-vis du baccalauréat 2020 est unanime. Beaucoup d'entre eux estiment que leur diplôme est « gratuit », soit un terme particulièrement fort, ou qu'il n'a pas ou très peu de valeur. De manière générale, les bacheliers sont inquiets vis-à-vis de leur future insertion professionnelle. Ils supposent que dans le cadre d'un recrutement, à dossier identique, un candidat ayant eu son baccalauréat en 2020 sera discriminé par rapport à un candidat ayant reçu son diplôme une autre année. Certains renvoient même au brevet, car la plupart de ceux qui ont passé le baccalauréat en 2020 ont vécu la réforme du brevet, et ils avaient alors déjà considéré que ce diplôme leur avait été donné, car ils avaient été les élèves qui en avaient testé les nouvelles modalités. Aux yeux de certains élèves, les deux premiers diplômes qu'ils ont obtenus dans leur scolarité n'ont aucune valeur.

Dans le cadre des études supérieures, beaucoup d'étudiants rencontrent des difficultés à suivre des cours à distance. Pour eux, ces derniers accentuent les inégalités d'apprentissage, faute d'environnement propice au travail. Suivre un cours depuis son ordinateur à son domicile n'est pas comparable à un cours en présentiel. L'exemple le plus cité par les étudiants est celui des familles nombreuses, qui ne disposent pas toujours du matériel nécessaire pour que tous leurs enfants suivent leurs cours.

En outre, s'il est souvent noté que notre génération ne devrait avoir aucun problème avec l'utilisation de l'informatique et des nouveaux moyens de communication, nous ne disposons pas tous des mêmes moyens pour suivre des cours à distance dans de bonnes conditions, et certains étudiants rencontrent d'importantes difficultés.

Les études supérieures sont souvent perçues comme une période de rupture entre le lycée et le monde professionnel. Il est alors important pour certains étudiants que l'entrée dans les études supérieures se déroule dans les meilleures conditions possibles, d'autant que les cours en visioconférence empêchent les échanges entre les étudiants, échanges pourtant nécessaires à la réussite scolaire. Les professeurs s'accordent à dire que les étudiants qui travaillent ensemble réussissent mieux que ceux qui étudient seuls, car la situation de groupe permet une réelle dynamique de travail. Ma formation en est un exemple concret. Le travail d'équipe y est particulièrement mis en avant, et constitue une priorité pour la plupart des étudiants.

Je manque de temps pour apporter un témoignage sur d'autres sujets, mais je souhaiterais en dernier lieu aborder un thème crucial, la représentation de la parole de la jeunesse au sein des politiques publiques. Tous les élèves que j'ai pu interroger s'accordent à dire que les jeunes sont mal ou insuffisamment représentés dans les politiques publiques.

J'ai relevé quelques idées proposées par des étudiants pour améliorer la considération des jeunes dans ces politiques : certains parlent d'un référendum adressé aux jeunes portant sur les décisions qui sont prises à leur sujet, d'autres favorisent des campagnes d'enquête, d'autres enfin vont jusqu'à parler d'un nécessaire rajeunissement de nos élus, car cela permettrait de lutter contre le désintérêt des jeunes en matière de politique. Il ne faut pas négliger le fait qu'ils constituent l'avenir de la République. La nécessité de donner la parole aux jeunes, mais également la possibilité d'accéder à une meilleure représentation semble faire l'unanimité chez eux. Je vous remercie donc de nous écouter aujourd'hui.

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