Intervention de Wasiim Gulabkhan

Réunion du jeudi 22 octobre 2020 à 14h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Wasiim Gulabkhan, vice-président étudiants du conseil d'administration du CROUS de Lille :

Je vous remercie pour votre invitation. En ce qui me concerne, je vais très bien aussi bien physiquement que mentalement, et je n'ai pas d'appréhension particulièrement vis-à-vis du futur proche.

Toutefois, je rejoins les propos de mes camarades étudiantes et étudiants : pendant longtemps, nous avons été dans le flou, et avons manqué d'assurances. Je prendrai mon cas personnel. Je fais des études à Lille pour devenir kinésithérapeute. Les concours ont été reportés, sans date précise, ce qui a participé à rendre le contexte anxiogène. Nous ne savions pas si nos examens pourraient être organisés ou non, et quand ils le seraient. Un examen que nous devions passer en avril ou mai a été annulé en raison du confinement, sans que nous sachions s'il pourrait être organisé pendant l'été. Les étudiants ne savaient pas non plus s'ils pouvaient retourner chez leurs parents ou s'ils devaient rester à Lille. Ces incertitudes ont suscité de nombreuses interrogations et de l'anxiété.

Heureusement, nous avons pu passer les concours dans les conditions prévues par l'université, en respectant les gestes barrières et les préconisations sanitaires du Gouvernement. Pour autant, le contexte a été anxiogène, alors que les concours le sont déjà par nature. En outre, l'égalité entre les participants n'a pas toujours pu être respectée.

Dans le cadre de la rentrée universitaire, nous avons accueilli beaucoup plus de bacheliers qu'à l'accoutumée. Le nombre de dossiers que le CROUS de Lille a dû traiter a donc augmenté, ce qui a provoqué un certain retard, ce qui est tout à fait compréhensible.

Je fais également partie d'un syndicat étudiant, la Fédération des associations générales étudiantes (FAGE). Nous avons tiré un bilan de la rentrée, portant notamment sur les frais que les étudiants doivent engager au regard de celle-ci, en prenant en compte les dépenses relatives aux masques et au gel hydroalcoolique. Celles-ci provoquent une augmentation de leurs budgets, sachant que si les institutions mettent bien à disposition du gel, les masques doivent être achetés par les élèves.

En outre, le CROUS intervient sur les questions de logement et de restauration des étudiants, mais également celles relatives à leur santé ou à la situation des étudiants internationaux, qui ne savaient souvent pas, au moment du confinement, s'ils devaient rentrer dans leur pays ou rester en France. La crise sanitaire et économique est mondiale, et certains parents, qui ont dû cesser leur activité professionnelle, n'ont plus les moyens de subvenir aux besoins de leurs enfants qui étudient en France. Cette situation a également pu être très anxiogène.

Au sein des associations étudiantes, en lien avec les institutions, nous avons tâché de pallier les difficultés rencontrées. Une cellule de crise a été mise en place, mais tardivement. Si le pays est amené à être confiné à nouveau, ou si des mesures plus strictes étaient appliquées, nous devrions l'installer plus rapidement, et les institutions devraient rassurer plus vite les étudiants par rapport à leur avenir.

De plus, au début de la crise, les restaurants universitaires sont restés ouverts pour permettre de continuer à proposer des repas à tarification sociale. Malheureusement, ils ont rapidement dû fermer, y compris pour la restauration à emporter, ce qui a mis de nombreux étudiants en difficulté. Les épiceries sociales et solidaires n'ont pas pu fonctionner, alors que des étudiants étaient volontaires. Ainsi, les restrictions sanitaires empêchaient de venir en aide aux étudiants même lorsque les moyens étaient disponibles.

L'État devrait également apporter son aide aux étudiants ultramarins, ainsi qu'à ceux qui n'ont pas bénéficié des stages prévus. Nous avons la chance de pouvoir recevoir des repas à 1 euro, mais la queue aux restaurants universitaires est interminable, empêchant de respecter les règles de distanciation sociale. Pour autant, la demande est bien là, et la précarité perdure.

Si nous étions amenés à connaître un nouveau confinement, il devrait être anticipé en matière de restauration et de logement, mais également de ressources pédagogiques. Florentin Guerret a évoqué les familles nombreuses, mais la fracture numérique doit également être soulignée. Certains étudiants n'avaient pas, au moment du confinement, d'ordinateur à leur domicile, et ne pouvaient envoyer de devoir ou passer leurs examens à distance. Identifier les étudiants en situation de précarité constitue déjà une difficulté pour les académies et les CROUS en situation normale, difficulté qui est accentuée avec la crise.

Toutefois, ils ont mis en place des moyens supplémentaires, notamment au travers des services sociaux – qui ont été saturés –, et du suivi psychologique et de la médecine universitaire et préventive. Pour autant, il semble nécessaire d'identifier des médiateurs et renforcer la collaboration avec les centres hospitaliers régionaux (CHR). Des étudiants ont prêté main-forte au SAMU en période de crise, et pourraient accompagner les services de santé pour venir en aide aux étudiants et être à leur écoute durant toute la durée de la crise.

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