Intervention de Vincent Llorens

Réunion du jeudi 22 octobre 2020 à 14h15
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Vincent Llorens, étudiant en deuxième année de licence économie-gestion à l'université Paris-Dauphine :

Vous avez posé plusieurs questions sur la manière dont les professeurs faisaient cours. Elles rejoignent le thème du décrochage. Celui-ci est beaucoup plus difficile lors d'un cours en présentiel, même face à un professeur qui monologue, dans la mesure où nous sommes en permanence sous son regard. A distance, les professeurs ne nous demandent pas d'allumer en permanence nos caméras, et le garde-fou du regard n'existe pas.

De plus, les professeurs n'adaptent pas toujours leurs cours à ces nouvelles modalités d'enseignement, ce que nous pouvons comprendre. Ils sont toujours dans l'optique de réciter une leçon. De très nombreux étudiants, en tout cas dans mon entourage à l'université Paris-Dauphine, décrochent, ne parviennent pas à suivre les cours, et sont obligés de les retravailler avec les ressources numériques qui leur sont fournies. Ainsi, ils retravaillent le cours une fois celui-ci terminé, parce que le professeur ne parvient pas à capter l'attention de tous les élèves.

Les sollicitations et les stimuli extérieurs sont également plus importants lors d'un cours à distance, que cela soit sur l'ordinateur ou sur le téléphone qui reste souvent à proximité. Beaucoup de mes amis m'indiquent qu'ils regardent très régulièrement leur téléphone durant les cours, ce qu'ils ne peuvent faire lors d'un cours en présentiel. Ce point rejoint la question des addictions au numérique.

En outre, beaucoup d'étudiants souffrent de migraines ophtalmiques, car ils passent leurs journées devant des écrans – sachant que certaines journées de cours durent de 10 heures à 18 heures 45.

Les moments de fête et de joie sont rares. Nous parvenons à trouver des moyens de contourner les privations ou des alternatives compatibles avec le contexte sanitaire, mais lorsque nous parvenons à organiser des moments de convivialité, nous nous sentons irresponsables ou pointés du doigt.

À l'université Paris-Dauphine, la vie associative est parvenue à se réorganiser. Toutefois, la plupart des associations ne peuvent pas prévoir leurs événements habituels, et les moments de convivialité sont moins nombreux, ce qui participe à renforcer le risque de décrochage, car ces moments permettent aux étudiants de réduire la pression.

Par ailleurs, certaines disciplines se prêtent plus que d'autres à l'enseignement à distance. Un cours de sociologie ou de sciences politiques peut être réalisé à distance, dans la mesure où il s'agit de matières « littéraires ». En revanche, les enseignements mathématiques que nous suivons à Paris-Dauphine (micro et macro-économie, statistiques, etc.) sont très difficiles à dispenser à distance, même si quelques professeurs utilisent des applications qui leur permettent d'écrire sur des tablettes graphiques. Travailler sur des calculs à distance est délicat, et pour une filière centrée sur l'économie comme la nôtre, il s'agit d'une réelle difficulté.

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