S'agissant de la question des délais et celle du calibrage de nos activités par rapport aux besoins, nous sommes dans une situation particulière, car nous intervenons sur deux entités qui ont été créées en 2015, avec la création de la métropole de Lyon, compétente en matière de protection de l'enfance. Depuis 2015, on témoigne de la difficulté à pouvoir mettre en œuvre rapidement les mesures par manque de moyens humains. Dans cet échange, nous partageons avec la métropole comme avec le département du Rhône le besoin d'augmenter la taille de nos équipes pour pouvoir répondre à ces questions de délais. Il s'agit plus de problématiques de moyens globaux, car nous dépendons beaucoup aussi du tribunal. Or, le tribunal souffre d'un manque de moyens et rencontre des difficultés de fonctionnement. Il compte 11 magistrats, mais nous avions des difficultés à les avoir tout le temps. Cette question aussi doit être prise en compte, et aussi celle des greffiers, qui se pose régulièrement à nous.
Au niveau national, on constate un paradoxe. Dans la situation actuelle, le fait de maintenir les enfants à domicile est plutôt encouragé par la société civile, mais cela ne se retrouve pas dans les budgets. On s'occupe autant de mesures éducatives que de placements d'enfants, mais la taille de nos budgets n'est absolument pas en rapport avec notre périmètre d'intervention. Cela se retrouve surtout au niveau national. L'Inspection générale des affaires sociales a remis un rapport en décembre 2019, qui témoigne clairement de cette dichotomie entre le souhait d'avoir des interventions diversifiées, adaptées et individualisées, non pas pour opposer hébergement et accompagnement en milieu ouvert, qui sont complémentaires, et les moyens. Cela doit être assez souple, pour prendre en compte la dimension individuelle et familiale et les trajectoires de chacun. Sur la question des moyens dédiés, nous avions effectivement anticipé une augmentation de l'activité à la sortie du confinement. Des efforts ont été faits sur nos fonds propres, mais aussi par des économies pendant la période, du fait d'un certain nombre de charges moins importantes que prévu. Nous avons mis des postes supplémentaires, mais nous sommes au maximum de ce que nous pouvons faire et effectivement nous attendons une réponse assez claire de la part de la métropole, à laquelle nous avons écrit.
Par ailleurs, l'on constate dans le secteur de la protection de l'enfance des difficultés de recrutement. Dans le secteur médico-social en général, nous sommes aujourd'hui en plus grande difficulté pour recruter des professionnels, pour des raisons salariales. Un travailleur social en début de carrière commence à 1 450 euros après un Bac+3. En outre, en milieu ouvert, aucune prime d'internat ne compense ce faible salaire. Cette question est très récurrente dans notre secteur. Lorsqu'on est financé uniquement par des fonds publics et qu'on n'a pas de souplesse, on est rapidement en difficulté pour pouvoir recruter. Cette problématique est nationale et récurrente depuis quelques années. Nous ne rencontrions pas de difficulté de recrutement deux ou trois ans auparavant, mais aujourd'hui, les candidats sont rares quand nous avons un poste ouvert, que ce soit en CDD ou en CDI. Cette problématique est plutôt nationale.
J'espère avoir répondu à la question sur les délais. Les besoins de nos partenaires, avec lesquels nous travaillons, doivent être pris en compte, car cela manque de fluidité. On fonctionne par à-coups et ce n'est pas très cohérent par rapport aux familles.