Je peux vous donner un chiffre, sachant que nous avons souscrit assez tôt au dispositif d'appui à l'évaluation de la majorité mis en place par l'État. Les majeurs représentent plus de 24 % des effectifs que nous mettons à l'abri. En ce moment, cela représente encore davantage. Sur le mois d'octobre, nous avons comptabilisé 384 entrées. Une bonne moitié d'entre elles relève de publics majeurs pour lesquels nous avons noué des relations fortes avec les services de la préfecture et avec la police de l'air et des frontières.
Au-delà de la question de la protection de l'enfance qui regarde le département, l'idée est d'agir globalement pour la totalité des départements. Ces jeunes fuguent très vite. Ils n'ont pas le temps de passer par le dispositif d'Appui à l'évaluation de minorité (AEM). Le chiffre de 24 % est donc très faible par rapport à la réalité de la situation. Ces jeunes passent dans les départements voisins où il se passe la même chose. Tout le monde dépense un temps et une énergie folle pour assurer la protection de ceux qui se prétendent mineurs et qui occupent des places qui ne leur sont pas réservées.
Malheureusement, le département se retrouve aujourd'hui à contester 40 décisions du juge des enfants, à la suite desquelles des majeurs sont confiés au département sur la base de déclarations, de papiers que nous avons fait authentifier ou d'absence de papier. Nous devons les garder jusqu'à la date qu'ils ont annoncée comme étant leur date de majorité, ce qui met à mal mes équipes du côté de la protection de l'enfance et les éducateurs dans les structures. Certains de ces majeurs s'autorisent d'ailleurs quelques gestes déplacés envers les éducatrices.
Encore une fois, notre volonté n'est pas de ne pas accompagner les mineurs, mais de réserver ces places à ceux qui en ont besoin, c'est-à-dire les jeunes.