Je suis originaire de Guinée Conakry. Je suis arrivé en France en 2017. J'avais 15 ans, j'ai attendu 8 mois avant d'être scolarisé. Actuellement, je prépare un bac pro en électricité. Ma prise en charge a pris fin lors de mes 18 ans, le 30 octobre dernier. J'ai eu la chance d'obtenir un contrat jeune majeur de 9 mois. J'étais hébergé dans un hôtel à Paris, dans le 13e arrondissement, où j'ai passé le confinement. Je suis membre actif du collectif « École pour tous » regroupant des mineurs non accompagnés, des jeunes vivant en bidonville, en squat et hôtels sociaux, des gens du voyage mais également des jeunes de Guyane et de Mayotte qui ont tous rencontré des difficultés pour accéder à l'école en France. Nous avons décidé de prendre notre destin en main et de nous mobiliser pour que tous les jeunes puissent aller à l'école sans distinction, puissent rester en France et avoir une chance de réaliser leur rêve. Dans le cadre des travaux du collectif, j'ai eu l'occasion de travailler avec Mme Sandrine Mörch dont je tiens à remercier l'engagement à nos côtés. Pour venir au cœur du sujet, je vais vous parler de mon vécu et de celui de nombreux jeunes qui m'entouraient durant le confinement. Je l'ai traversé dans la chambre de 9 mètres carrés d'un hôtel social. Ces quatre murs sont devenus, pour moi, ma chambre à coucher, ma cuisine, mon bureau pour travailler. À ma solitude physique s'est ajoutée la solitude morale : je me suis senti abandonné par mes éducatrices, qui n'ont presque pas pris de mes nouvelles et ne m'ont apporté aucun soutien durant cette période. Le contexte anxiogène, l'isolement physique, l'absence de soutien moral ont été très durs à vivre pour moi comme pour beaucoup de jeunes de mon entourage. À ce stress se sont ajoutées les difficultés à pouvoir continuer de suivre mes cours. Je ne disposais ni d'un ordinateur, ni d'une imprimante, ni d'un accès à internet, celui-ci étant payant dans l'hôtel où je me trouvais. Dans ces conditions, la continuité pédagogique était quasiment impossible.
Les dispositifs mis en place pour venir en aide aux jeunes durant l'épidémie ne nous sont pas parvenus. Les plus précaires sont restés dans l'angle mort, et nous y sommes toujours. Je me tiens prêt à répondre à vos questions et à participer dans un second temps à l'élaboration de solutions avec d'autres jeunes dans ma situation. En effet, je pense qu'il est essentiel de prendre en compte l'expertise des personnes concernées dans cette démarche.