Intervention de Adrien Taquet

Réunion du vendredi 6 novembre 2020 à 15h30
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Adrien Taquet, secrétaire d'État chargé de l'enfance et des familles :

S'agissant des enfants du divorce, nous avons été confrontés à des difficultés pendant le confinement, notamment au début, en raison des craintes sanitaires. En effet, certains parents divorcés ne voulaient pas donner l'enfant dans le cadre du droit de visite, car ils ignoraient ce que l'enfant ferait chez l'autre parent, et ils craignaient les transmissions, etc. Je ne dispose pas de données particulières sur les conséquences pour ces enfants. Ils pourraient constituer un « sous-échantillon » dans les études que nous menons.

Pendant ce deuxième confinement, les espaces de rencontres resteront ouverts. Il s'agit de lieux neutres, où un tiers peut être présent dans le cadre de relations conflictuelles entre des parents. Nous avons insisté sur la nécessité de garder ces lieux ouverts. Cela n'avait pas été le cas au début du premier confinement. Notez que nous soutenons et développons ces espaces de rencontres. L'objectif est de les multiplier. Dans le cadre du Grenelle des violences conjugales, une augmentation des moyens au bénéfice de ces espaces de rencontres a été décidée. Les financements viendront à la fois de la CNAF et de la justice.

J'étais la semaine dernière à Mayotte pendant trois jours et à la Réunion pendant trois jours. Je n'évoquerai pas Mayotte ici, car il faudrait probablement organiser une autre visioconférence de deux heures pour échanger sur l'enfance à Mayotte. À la Réunion, il était intéressant d'observer les relations institutionnelles et la façon dont les acteurs se connaissaient et travaillaient très bien ensemble – entre le département et l'État, entre les différents services de l'État. Typiquement, sur ces questions de la médiation familiale, la justice et la CAF sont deux acteurs qui collaborent énormément en créant des dispositifs communs. Peut-être que Vincent Mazauric, le directeur général de la CNAF, nous dira que cette situation est assez normale, mais je n'avais pour ma part jamais observé une telle coopération. J'ai trouvé cela très intéressant et très performant. Il est ici question de prévention.

Le harcèlement des jeunes filles par rapport aux jeunes garçons est effectivement une réalité. Vous avez participé à la mise en place d'un certain nombre de dispositifs afin de lutter contre ces phénomènes : le harcèlement de rue est devenu une infraction, une plateforme contre les violences sexistes et sexuelles a été mise en place.

De notre côté, nous agissons sur le volet préventif dans le cadre du plan de lutte contre les violences faites aux enfants de novembre dernier. Une des premières mesures consiste à établir un audit des cours d'éducation à la sexualité dispensés dans les écoles auprès des jeunes enfants. Il s'agit de trois cours dans l'année pendant lesquels les enfants sont sensibilisés aux questions de genre, de respect de l'autre, aux questions liées à l'homophobie, etc. Nous travaillons également sur le sujet plus global de sensibilisation des enfants à la violence, à toutes les formes de violences (violence sexuelle, harcèlement scolaire et cyberharcèlement, pornographie). L'objectif est de se rapprocher de ce qui existe au Canada où a été développé un programme dans le cadre duquel les enfants sont sensibilisés année par année en fonction de leur âge, et ce dès la dernière année d'école maternelle, aux différentes formes de violences auxquelles ils peuvent être exposés. En parallèle, avec Jean-Michel Blanquer et Élisabeth Moreno, nous nous apprêtons à lancer les inspections pour effectuer un bilan sur la mise en œuvre et le contenu de ces cours d'éducation à la sexualité. À partir de la photographie précise dont nous disposerons, nous pourrons bâtir un programme peut-être plus ambitieux encore.

Sur le soutien à la parentalité, un appel à projets a effectivement été lancé le 6 novembre. Le montant est de 135 000 euros. L'idée est de mettre en place des plateformes et des lignes téléphoniques d'accompagnement à la parentalité, de soutenir les associations et de mieux coordonner les actions.

Pendant le premier confinement, j'ai régulièrement réuni les députés et les sénateurs des commissions des affaires sociales et du groupe d'étude enfance à l'Assemblée nationale. Nous réactiverons ces réunions autant que nécessaire pendant ce deuxième confinement. Nous nous retrouvons lundi avec les députés de la commission des affaires sociales et du groupe d'étude de l'enfance. Je rencontrerai les sénateurs ensuite. Nous pourrons actualiser les informations. Je partagerai à cette occasion les difficultés que les professionnels rencontrent dans cette nouvelle phase de confinement, qui a déjà connu quelques adaptations depuis sa proclamation et qui en connaîtra peut-être d'autres en fonction de l'évolution de la situation sanitaire.

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