Avant, nous menions des actions culturelles, artistiques et éducatives pour lutter contre le racisme et les discriminations. Notre objectif était de donner la parole aux premiers concernés. Je suis à présent médiateur scolaire. Avant, j'étais salarié comme animateur. Frindus est volontaire en service civique. Nous sommes six jeunes, tous roms et ayant habité sur le terrain.
Pendant le confinement, toutes les actions de l'association ont été arrêtées à cause du virus mais nous avons préféré rester sur le terrain pour aider les habitants. Un grand besoin existait car aucune autre association n'était présente pour aider. Nous savions que c'était risqué pour nous mais nous avons pris ce risque pour aider les familles. Nous avons voulu être solidaires, en l'absence d'autres intervenants. Certains habitants du terrain avaient perdu leur travail. D'autres n'allaient plus faire la manche. D'autres encore étaient en grande difficulté parce qu'ils ne pouvaient plus se nourrir. Nous avons alors changé de mission et réalisé un recensement pour connaître les besoins. En mars, 196 personnes habitaient sur le terrain. Nous avons commencé par de la distribution alimentaire pour répondre à l'urgence. Les familles devaient se nourrir et n'avaient pas d'autres solutions. La distribution de colis avait lieu toutes les deux semaines, avec d'autres associations. Nous avons ensuite aidé Médecins du monde à traduire des communications sur les gestes barrières, afin de sensibiliser les gens du terrain. Nous tenions aussi, depuis le début, à assurer la continuité pédagogique, alors qu'aucun ordinateur ni réseau internet ni mail n'étaient disponibles. Il fallait trouver un système pour que les parents conservent le lien avec les écoles. Nous avons commencé à recueillir des enveloppes des écoles pour travailler avec les élèves mais ces derniers avaient beaucoup de difficulté et demandaient de l'aide.