Bonjour et merci de nous donner la parole. Nous avons produit une vidéo de 25 minutes que nous vous avons envoyée. Chaque jeune a filmé la chambre d'hôtel, la rue ou la tente où il dort. Je voulais revenir sur quelques éléments qui ont été dits. Il est souvent question de décrochage scolaire. J'ai envie de parler d'accrochage. Dans ce pays, une loi dispose que les mineurs ont le droit d'aller à l'école. Tous les jeunes ici présents n'y vont pas et n'ont pas le droit d'y aller, alors qu'ils sont reconnus mineurs. Je ne parle même pas de ceux qui se battent pour justifier de leur minorité.
Des jeunes se retrouvent confinés dans une chambre d'hôtel de moins de cinq mètres carrés remplie de cafards, de punaises de lit et de souris, sans parents, sans pouvoir faire leurs devoirs faute de connexion et d'ordinateur, sachant que les professeurs ne peuvent pas venir gérer chaque jeune en chambre d'hôtel. Nous avons visité des classes UP2A à moitié vides en cours d'année, alors qu'il nous est dit qu'elles sont complètes et qu'elles ne peuvent plus prendre de jeunes. Un jeune arrivant à 14 ans attend parfois jusqu'à ses 16 ans pour être scolarisé et s'entendre dire que l'école n'est plus obligatoire, en faisant en sorte qu'il n'ait plus d'avenir possible.
De l'argent public est mobilisé. Je me pose des questions et les jeunes ici ont également beaucoup de questions à vous poser. Le confinement n'a en effet fait qu'accentuer des situations qui étaient déjà dramatiques, injustes et anormales, alors que dans deux jours, se tiendra la Journée internationale des droits de l'enfant.
Je leur donnerai la parole pour qu'ils puissent vous raconter leur quotidien et je vous enjoins à regarder cette vidéo, qu'ils se sont donné du mal à filmer et à monter. Celle-ci dure 25 minutes, elle raconte tout ce qui vient d'être dit sur les hôtels sociaux et est consultable sur asmie.tv, sur YouTube, la chaîne des jeunes qui existe depuis plus cinq ans et qui leur permet de prendre la parole et de s'exprimer.