Beaucoup d'autres choses pourraient être dites mais je ne citerai qu'un exemple, très frappant. La Cellule d'accueil des mineurs non accompagnés (CAMNA), en Seine-Saint-Denis, compte six éducateurs, pour plus de 120 jeunes. Quand un jeune a besoin de se faire accompagner à l'hôpital ou doit se rendre au centre d'information et d'orientation (CIO) pour réaliser le test obligatoire avant d'être scolarisé, il ne peut pas être accompagné par un éducateur, en charge de 120 ou 130 jeunes. La CAMNA est censée aider les jeunes à l'aide d'éducateurs spécialisés. Je me pose des questions, sachant que personne ne peut se démultiplier. La situation est identique dans le Val-de-Marne ou à Paris, au secteur éducatif pour mineurs non accompagnés (SEMNA). Si un jeune se blesse ou est malade le week-end, aucun éducateur ni adulte référent n'est d'astreinte. Ces jeunes doivent se débrouiller seuls. J'ai déjà été réveillée en pleine nuit pour accompagner un jeune à l'hôpital, ce que je n'avais pas le droit de faire. Lorsque je suis allée voir son éducatrice le lendemain pour me faire rembourser les frais de taxi, elle a refusé. Je trouve ce type de comportement assez léger.
Un autre jeune homme, Mohamed, est gambien. Je me ferai sa porte-parole car il parle anglais et est à la rue depuis plusieurs mois. Mohamed dort dehors, sous tente, alors qu'en plein confinement, il devrait être mis à l'abri.