Intervention de Ana Maria Stuparu

Réunion du mercredi 18 novembre 2020 à 14h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Ana Maria Stuparu, lycéenne et co-fondatrice du Collectif #EcolePourTous :

J'aimerais répondre à la première question. C'est moi qui ai indiqué que plus de 5 000 enfants étaient exclus de l'école. Il s'agit d'un chiffre officiel de l'Unicef, établi avant le confinement. Celui-ci a presque doublé avec le confinement, comme le ministre l'a souligné. Dans notre collectif, nous avons identifié les principaux problèmes pour aller à l'école, y rester et réussir. En ce qui concerne l'inscription, pour les habitants en bidonville ou en hôtels sociaux, le principal problème tient à la domiciliation. Un décret ministériel vient d'être publié récemment, permettant désormais de s'inscrire à l'école moyennant une attestation sur l'honneur établi par l'un des deux parents. Ce problème est donc en passe d'être résolu mais des maires, notamment à Saint-Denis et à Stains, refusent toujours l'inscription des enfants habitant en bidonville. Dans de tels cas, nous initions, avec le collectif, des actions en justice.

Un second problème que nous essayons de traiter est lié à la présomption de minorité pour les jeunes mineurs isolés arrivant en France. Parfois, des années sont nécessaires pour que les jeunes soient reconnus mineurs ; pendant ce temps, ils sont à la rue, ne sont pas hébergés ni pris en charge. Avec le collectif, nous demandons une présomption de minorité, leur permettant d'être mis à l'abri et scolarisé pendant cette période.

Un autre problème tient au caractère non obligatoire des contrats jeunes majeurs. À 18 ans, certains se retrouvent à la rue. Les contrats sont parfois renouvelés pour une période de trois ou six mois, laissant ces jeunes en précarité permanente, sans situation stable.

Enfin, j'aimerais évoquer un problème important, le racisme, qui touche beaucoup de personnes aujourd'hui en France. Je connais par exemple de nombreuses jeunes filles de Lille issues de la communauté des gens du voyage, qui ont vécu à l'école le racisme des adultes et des enfants et qui ont décroché à cause de cette situation. Je me rappelle du témoignage d'une fille, qui m'a raconté que la professeure la mettait au fond de la classe pour faire des dessins « à accrocher à la porte de sa caravane ». Ces jeunes, même s'ils sont à l'école, n'arrivent pas à apprendre à lire et à écrire parce qu'ils sont minés par ces injustices et ces discriminations.

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