Intervention de Claire Hédon

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 9h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Claire Hédon, défenseure des droits :

Je vous indique que j'attendais également avec impatience la nomination d'un nouveau défenseur des enfants.

Je vous exprimerai ensuite mes inquiétudes sur la situation des mineurs non accompagnés. Leur accueil et leur prise en charge ne suffisent pas toujours. Un réel suivi fait parfois défaut. Des difficultés existent. Nous relevons que des éducateurs ne sont pas assez nombreux, que des délais d'accès à l'école demeurent trop longs. Je remarque que la crise sanitaire a exacerbé des dysfonctionnements qui lui préexistaient. Le défenseur des droits les avait déjà dénoncés.

Pour l'ensemble des enfants, la crise induit certainement des souffrances d'ordre psychique. Je m'inquiète aussi de leur accès aux soins de santé. Pédopsychiatres et psychologues manquent dans les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP). Un accès gratuit aux soins n'est pas de règle.

Affirmer que les enfants maltraités qui n'entretiennent plus de liens avec leurs parents bénéficieraient d'une meilleure stabilité dans leur prise en charge mérite quelque approfondissement. J'ignore si une étude circonstanciée s'est intéressée à la question. En cas de maltraitance, la relation avec les parents apparaît tantôt essentielle, tantôt néfaste. Nous constatons que des parents sont empêchés de voir leurs enfants quand ce serait bénéfique et que des placements de longue durée pourraient être abrégés. Un soutien à la parentalité me semble préférable. Nous n'agissons pas assez dans le sens de la prévention.

Je souscris à la proposition relative à l'éducation des enfants à leur corps et à leurs droits. Il me semble en effet qu'il nous faut l'enseigner dans l'enceinte de l'école. Nos JADE y contribuent. Lorsque je l'ai rencontré, j'ai alerté M. Jean-Michel Blanquer, ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, sur ces questions, en marquant leur caractère prioritaire. Un outil, le programme Educadroit, permet déjà aux enseignants, ainsi qu'à d'autres professionnels, de les aborder.

La lutte contre la cybercriminalité constitue l'une de mes priorités, un axe majeur de travail. Nous avons organisé un séminaire avec l'ensemble des directeurs et chefs de pôle en vue d'établir un programme d'action pour les années à venir. Nous y avons évoqué le sujet de l'éducation au corps. Je redoute que l'éducation à la sexualité ne s'effectue d'abord par les contenus en ligne de nature pornographique. Cette éducation s'avère trop peu présente au sein de l'école qui, selon les textes en vigueur, est pourtant tenue de l'assurer.

À l'ONU, le comité de suivi de la CIDE remettra prochainement ses observations sur les questions liées au numérique. À l'occasion de son travail, il nous a consultés. Nous avons insisté sur la nécessité de la lutte contre la cyber-pédocriminalité et sur celle d'une coopération des États dans le contrôle des sites en ligne.

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