Intervention de Marie Lambert-Muyard

Réunion du jeudi 19 novembre 2020 à 10h00
Commission d'enquête pour mesurer et prévenir les effets de la crise du covid-19 sur les enfants et la jeunesse

Marie Lambert-Muyard, conseillère technique Enfances-Familles-Jeunesses de l'Uniopss :

Votre commission d'enquête a commencé ses travaux dans une conjoncture quelque peu différente de celle que nous connaissons actuellement. Décision a en effet été prise de reconfiner la population. Si ce deuxième confinement s'avère moins strict que le premier, la crise s'inscrit désormais dans un temps plus long. Ses effets ne seront pas forcément ceux que nous pressentions d'abord.

Dans le champ de la protection de l'enfance, les équipes éducatives, à l'image peut‑être de l'ensemble de la population, expriment une fatigue sensiblement plus marquée que lors du premier confinement. Par suite, elles se montrent aussi moins inventives, moins créatives. Les impressions issues de ce second temps de la crise sanitaire risquent de différer de celles laissées par son premier épisode.

Des témoignages nous font état d'une augmentation du nombre des fugues à l'occasion du deuxième confinement. L'incompréhension des jeunes augmente à mesure que la crise se prolonge.

Dans l'ensemble des champs qui intéressent l'action de l'Uniopss ‒ la petite enfance, la protection de l'enfance ou la protection judiciaire de la jeunesse –, les problèmes de gouvernance et de pilotage reviennent systématiquement. Lors du premier confinement, les associations et les fédérations associatives ont joué un rôle primordial. Dans les départements qui ont opté pour le télétravail, acteurs et interlocuteurs habituels se sont effacés. Les partenaires associatifs ont alors pris le relais.

Sous l'angle de la coopération, les lacunes principales se sont manifestées entre les conseils départementaux et les agences régionales de santé (ARS). Le manque de protocoles formalisés a été patent.

La coordination entre protection de l'enfance et éducation nationale a également posé diverses difficultés. Avant la survenue de la crise sanitaire, il s'avérait déjà compliqué dans certains observatoires départementaux de la protection de l'enfance de bénéficier de la présence de représentants de l'éducation nationale.

Vous retrouverez ces constats, assortis de recommandations, dans une contribution datée du mois de mai 2020 conjointe à la Convention nationale des associations de protection de l'enfant (CNAP), à la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne (FEHAP) et à l'Uniopss. Je vous la communiquerai à l'issue de l'audition.

La nécessité d'une politique de l'enfance globale et décloisonnée apparaît comme l'un des enseignements de la crise sanitaire. L'Uniopss y attache beaucoup d'importance.

La crise a par ailleurs aggravé la vulnérabilité des mineurs non accompagnés, des jeunes majeurs, ainsi que des enfants en situation de handicap ou de pauvreté. Le réseau de l'Uniopss constate d'ores et déjà que de nombreuses familles ont dû interrompre leurs contrats avec des crèches, en raison de la baisse marquée de leurs revenus.

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