Je suis en charge de la filiale événementielle du groupe de presse La Dépêche du Midi et j'ai, dans ce cadre, lancé en 2019 un festival des influenceurs, ou talents du web, le Tubecon. Ce nom est la contraction de YouTube Convention, à savoir en français la convention des YouTubeurs. Plus largement, il s'agit d'un festival des talents du web puisque nous accueillons les influenceurs des différents réseaux sociaux ( TikTok, YouTube, Instagram, etc.).
En 2020 devait être organisée la deuxième édition du festival, qui a été empêchée par la Covid. Nous avons repensé le festival pour en faire une version, selon nos propres termes, « 100 % Covid-proof », puisqu'il était impensable d'accueillir 5 000 jeunes dans un Zénith pendant tout un week-end. Plutôt que de proposer une version ersatz édulcorée du festival, nous avons souhaité mettre sur pied une version complètement repensée. Nous avons reformaté l'événement pour accueillir pendant 48 heures douze influenceurs dans une villa et leur donner l'opportunité de créer du contenu qu'ils ont pu relayer auprès de leurs communautés.
Ce festival s'adresse aux jeunes – les 10-17 ans – et souhaite profiter d'un format divertissant pour transmettre des messages porteurs de sens. Il est très important pour nous de ne pas diaboliser le réseau social et la dimension numérique dans son ensemble. Il s'agit, au contraire, de promouvoir le fait que les réseaux sociaux peuvent être une source de motivation. Si un jeune fait du sport et le partage auprès de sa communauté sur les réseaux sociaux, cela peut donner envie à ses amis de faire la même chose. Cela crée une source de motivation par un effet d'entraînement. Pour être un bon joueur professionnel de jeux vidéo et un expert e‑sport, il faut d'abord être bon en sport. Pour être efficace dans l'univers numérique, il est important de pouvoir bouger. Le festival met ainsi en avant la prévention en matière de santé.
Je rejoins l'angoisse des parents qui s'inquiètent de l'accessibilité des profils de leurs enfants depuis l'extérieur. Cela recouvre la dimension du cyber-harcèlement. Pendant les 48 heures de Tubecon 2020, nous avons organisé des sessions « chill chat » : elles invitent au « chill », à être cool en français, et au « chat ». À cette occasion, des influenceurs se sont mis à disposition de leur communauté pour parler de sujets qui les touchent. Deux thématiques ont été abordées cette année, dont une sur le cyber-harcèlement. Nous avons invité l'influenceur Vargas 92, qui a collaboré avec l'association L'Enfant Bleu, active contre la maltraitance envers les enfants. Cette association a, à l'occasion du premier confinement, créé un personnage bleu sur Fortnite auquel les enfants en situation de souffrance pouvaient venir parler. Les enfants en difficultés émotionnelles peuvent avoir des difficultés à parler avec leurs parents ou avec des adultes. L'association a souhaité créer un personnage sur Fortnite pour être l'interlocuteur privilégié de ces enfants. Cette initiative a été soutenue par Avas Sport et Entertainement, qui accompagné L'Enfant Bleu et cet influenceur pour promouvoir les initiatives de ce genre. Nous avons évoqué cette initiative à l'occasion de l'une de ces sessions « chill chat ». Nous avons également présenté l'application Bodyguard qui filtre tous les mauvais commentaires que l'on peut recevoir. Il constitue une sorte de bouclier pour se préserver de la violence sur les réseaux sociaux.
Beaucoup d'outils existent aujourd'hui, qui s'adressent aux jeunes et utilisent leurs codes. Nous avons voulu en parler, dans un format divertissant, à l'occasion d'un festival. Nous remarquons que les influenceurs souhaitent de plus en plus utiliser leur notoriété pour accompagner la jeunesse qui les suit. Il est extrêmement important d'observer cela. De nombreux influenceurs travaillent sur différents sujets qui les touchent. Récemment, le sportif Thibault InShape a publié, à l'occasion de la commémoration de l'armistice, une story sur les poilus. Il s'adresse à une communauté très jeune et s'exprime aussi sur l'histoire.
Il est important de capitaliser sur les réseaux sociaux ( TikTok, Snapchat, Instagram, Twitch ) et les influenceurs qui les utilisent, en tirant profit de leur capacité à engager les jeunes, à transmettre des messages positifs ou à être des interlocuteurs de cette jeunesse. En ce sens, ces influenceurs peuvent être des alliés du monde adulte.