, président du réseau des INSPÉ, directeur de l'INSPÉ de Paris. Le réseau des INSPÉ regroupe les 32 instituts existants. À ce titre, il forme les enseignants des premier et second degrés, les CPE, ainsi que les psychologues de l'éducation nationale. En qualité de président de ce réseau, j'ai remarqué avec intérêt que les précédents échanges des Rendez-vous du numérique éducatif avaient maintes fois abordé la formation des enseignants.
Ma participation à la présente table ronde me donne l'occasion d'adresser mes félicitations aux professeurs, CPE et psychologues stagiaires, formés dans les INSPÉ. Pendant la période de confinement, ils ont apporté la preuve qu'ils disposaient des compétences requises pour assurer la continuité pédagogique d'une manière remarquable. Des chefs d'établissement nous en ont témoigné.
Pour leur première expérience, en exercice à mi-temps dans les établissements, ces professeurs, CPE et psychologues stagiaires n'ont en effet pas seulement eu à faire face à la mise en place de l'enseignement à distance ; ils ont d'abord été confrontés à une situation d'urgence.
À des fins de contextualisation, je dirai un mot de la formation initiale des enseignants. Elle se déroule désormais en deux ans, au cours d'un master dédié, celui des « métiers de l'enseignement, de l'éducation et de la formation » (MEEF). L'alternance repose au cœur de cette formation initiale. Elle consiste en des stages en école, en collège, en lycée, dont un en pleine et entière responsabilité devant les élèves. De plus, les étudiants rédigent et soutiennent un mémoire ancré sur les pratiques et la réalité des classes.
La formation que les INSPÉ dispensent actuellement revêt ainsi un double aspect, à la fois universitaire et professionnalisant. Elle se nourrit de la recherche, et favorise le dialogue entre recherche et expérience de terrain.
Dans le domaine du numérique, nos maquettes de formation entendent construire des compétences que je regrouperai en trois axes principaux.
Le premier consiste en l'habileté et en la capacité à utiliser les outils et les applications numériques. Il s'agit de maîtriser les logiciels propres à une discipline. À titre d'exemple, je citerai la cartographie en géographie, le séquençage de l'acide désoxyribonucléique (ADN) en sciences de la vie et de la Terre (SVT), ou l'utilisation de la vidéo en éducation physique et sportive (EPS). Chaque discipline doit en outre s'interroger sur l'usage de ces outils, ainsi que sur celui des médias généralistes, tels que Facebook ou Wikipédia.
Le deuxième renvoie à la connaissance et à l'expertise nécessaires à la création à l'aide des techniques numériques. La production ici visée dépasse la seule mise en œuvre des fonctionnalités de base que je mentionnais précédemment. D'un simple exercice de documentation, elle peut s'étendre à des activités de codage.
Le troisième axe implique la compréhension des enjeux et des transformations que le numérique induit. Engager les deux premiers types de compétences suppose de connaître les pratiques changeantes des élèves dans ces domaines, ainsi qu'une initiation aux enjeux d'ordre général, dont la compréhension est indispensable au développement de l'esprit critique.
La question qui se pose tient à la place réelle du numérique dans nos maquettes de formation. Vous l'avez dit, monsieur le président, cette place apparaît sous-dimensionnée. Au vrai, le même type de critique concerne nombre des domaines d'enseignement du master MEEF, parmi lesquels le disciplinaire, l'égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre les discriminations. Deux années de master n'y suffisent guère.
Le master MEEF représente environ 800 heures de formation en deux ans. Ce volume s'avère déjà lourd et exigeant. Il inclut les apprentissages fondamentaux du premier degré, les apprentissages didactiques et disciplinaires. De plus, il prépare les étudiants aux épreuves d'un concours de recrutement.
Il nous semble capital de rappeler l'importance du continuum de formation comme levier pour renforcer la place du numérique. La formation de nos enseignants, CPE et psychologues de l'éducation nationale, ne saurait se concevoir uniquement sous l'angle du master MEEF et de la formation initiale.
Cette formation doit plutôt correspondre à un continuum qui commence en licence, se précise pendant les deux années de master MEEF, pour se poursuivre ensuite durant les trois années après la réussite du concours, puis tout au long de la carrière.
En conclusion, je souhaite rappeler que le réseau des INSPÉ participe déjà aux travaux menés sur le numérique éducatif et qu'il s'associera aux prochaines réflexions. Celles-ci porteront notamment sur la certification numérique C2i2e, que M. Jean‑Marc Merriaux, directeur général de la direction du numérique pour l'éducation (DNE), a mentionnée devant votre commission le 23 septembre dernier. Il s'agira également des états généraux du numérique pour l'éducation, cités en ouverture de la présente table ronde.
J'achève mon propos par un hommage ému et appuyé au professeur Jacques Ginestié, disparu hier. Fondateur puis président de notre réseau pendant cinq ans, sa contribution à la formation des enseignants fut immense. Nous lui en exprimons notre profonde gratitude.