, directeur général de l'enseignement scolaire (DGESCO). Je partage ces condoléances et l'hommage que vous rendez au professeur Ginestié, qui était une personnalité remarquable.
En réponse à vos questions, monsieur le président, je développerai ma présentation en deux points.
Je commencerai par le confinement et ses effets. Plusieurs éléments, de nature différente, ont marqué la période de confinement. Parmi eux, je citerai l'indéniable réactivité de l'institution dans son ensemble. À la faveur d'une mobilisation exceptionnelle, le basculement s'est opéré avec une célérité sans précédent. Je signalerai ensuite un foisonnement d'initiatives pédagogiques. Une très forte créativité s'est manifestée dans les écoles, les collèges et les lycées. Enfin, il faut reconnaître une aisance, par construction, inégale à l'égard des outils numériques et des écarts dans la faculté d'en tirer la pleine potentialité pédagogique.
À présent, il nous appartient de condenser l'intégralité des innovations, des réflexions ou des difficultés qui se sont fait jour pendant le confinement. Ce travail justifie l'organisation des États Généraux du numérique pour l'éducation, dont vous avez rappelé la tenue prochaine.
Pour autant, la période de confinement marque-t-elle une inflexion dans notre vision du développement du numérique pédagogique et éducatif, ainsi que dans notre politique de formation ? Je substituerai plutôt le terme d'accélération à celui d'inflexion.
En amont des événements qui sont survenus, nous avions à l'attention des professeurs engagé une réflexion sur les conditions d'une formation de qualité qui s'inscrive dans le temps. Elle s'est traduite par la refonte de leur formation initiale. C'est le sens des textes sur le master MEEF qui ont été adoptés à la suite de la loi pour une école de la confiance. Ils entrent progressivement en vigueur. Quant à la formation continue, le ministère de l'Éducation nationale s'est pour la première fois, en septembre 2019, doté d'un schéma directeur qui place le numérique au rang des priorités nationales.
S'il a donc suscité un effet d'accélération, le confinement s'est aussi inscrit dans un contexte relativement favorable au numérique éducatif.
Je reviendrai ensuite sur les conditions de réussite du déploiement du numérique éducatif.
Premièrement, ainsi que le président du réseau des INSPÉ l'a signalé, la formation est souvent perçue comme une étape ou un état. Or ‒ et c'est d'autant plus vrai sur le sujet du numérique ‒, elle consiste d'abord en un processus. Ce processus doit accompagner la carrière de l'agent. Dès lors, il importe de le considérer à la fois sous l'angle de la formation initiale, sens de la réforme du master MEEF à laquelle nous avons procédé, et du point de vue du continuum de formation tout au long de la vie.
Deuxièmement, et par suite, il convient de privilégier une vision pluriannuelle de la formation. Jusqu'à une date récente, nous en avions une vision fondamentalement annualisée. À la fin de 2017, le ministre nous a demandé de revoir le dispositif en vigueur. Ce travail a abouti à l'élaboration du schéma directeur que j'évoquais. Il marque l'approche stratégique de l'institution à trois ou cinq ans en matière de formation continue. Il permet aux professeurs de s'inscrire dans un continuum.
Troisièmement, nous cherchons à élargir l'approche dans son contenu, à proposer une approche à trois cent soixante degrés. Elle associe la pédagogie des outils à celle des usages. Se centrer exclusivement sur l'une ou sur l'autre n'apporte pas de résultat satisfaisant.
Quatrièmement, si la formation au numérique peut se distinguer des autres pans de la formation, elle doit aussi pleinement s'y intégrer. Je considère qu'il est difficile, voire artificiel, d'identifier en les isolant le nombre exact d'heures actuellement consacrées au numérique dans les INSPÉ. Certes, il convient que plusieurs d'entre elles s'intéressent spécifiquement au numérique. Néanmoins, il faut que d'une manière générale, les enseignements disciplinaires ou relatifs aux techniques et méthodes d'apprentissage et d'accompagnement des élèves incluent l'outil numérique comme un moyen de contribuer à la réussite pédagogique. Nous ne pourrons quantifier a priori le nombre total d'heures au cours desquelles il sera question du numérique ; nous voulons plutôt imprégner la formation dispensée dans les INSPÉ par les nouvelles potentialités que le numérique révèle.
Enfin, à la demande du ministre, notre démarche vise à insérer la formation au numérique dans un environnement plus vaste encore, à rechercher une forme de décloisonnement. Dans le dessein de créer un cercle vertueux, nous entendons associer, articuler, les dimensions de l'équipement, de la formation et de la mise à disposition des ressources, notamment logicielles. Le réseau Canopé témoigne de cette nouvelle approche, beaucoup plus « panoramique » que celle qui prévalait auparavant. Deux projets que portent conjointement le Secrétariat général pour l'investissement (SGPI), les collectivités territoriales, Canopé, le ministère de l'Éducation nationale, ainsi que d'autres acteurs, la développent également. Ils concernent des démonstrateurs dans l'Aisne et le Val-d'Oise.