Je crois que nous partageons tous la conviction qu'un numérique magique n'existe nullement dans le champ éducatif. Il serait illusoire d'attribuer au numérique des vertus miraculeuses qui résoudraient l'ensemble des problèmes que nous rencontrons. La question du pourquoi du numérique éducatif ne manque assurément pas de pertinence.
Au cours de son intervention, Mme Marie-Caroline Missir y a apporté de premiers éléments de réponse. J'y reviens.
Il ne s'agit aucunement de se substituer au cours, et encore moins à l'enseignant. Toutefois, la crise du coronavirus et le confinement nous ont révélé que les outils numériques autorisent, d'une part, une personnalisation de certains dispositifs éducatifs, d'autre part, des processus de remédiation d'un intérêt évident.
J'en donnerai un exemple, à mon sens assez révélateur. Il se rapporte à la mise en place de « Ma classe à la maison », le dispositif du centre national d'enseignement à distance (CNED). Sa partie ressources à destination des élèves comporte des exercices qui procèdent de la logique de remédiation. Un dispositif de ce type complète le travail du professeur qui ne connaît pas nécessairement, en permanence, les besoins individuels de chacun de ses élèves.
Un autre exemple concerne la mise en place des classes virtuelles. Les professeurs ont amplement utilisé ce système. Au début du mois de mai 2020, environ 3 millions d'élèves bénéficiaient ainsi tous les jours d'une ou plusieurs classes virtuelles par le seul dispositif du CNED. Les professeurs nous indiquent que ces outils ont permis à des élèves complètement effacés en classe d'intervenir plus aisément et spontanément.
S'agissant de l'école inclusive, l'une de nos priorités absolues, l'ouverture à tous d'un premier outil, la plateforme « Cap école inclusive », s'est traduite par un usage assez massif. Avec le concours des INSPÉ, nous nous attachons dorénavant à élaborer une formation sur l'école inclusive qui ne soit pas nécessairement une formation par catégories de bénéficiaires, même si cela peut se justifier pour certains sujets. Nous avons intérêt, pour d'autres thématiques, à construire une culture commune aux différents intervenants en présence : accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), professeurs, agents de direction.
En définitive, nous raisonnons aujourd'hui à partir des deux dimensions. D'un côté, l'autoformation par le moyen des plateformes numériques laisse à chacun le loisir de se perfectionner quand il le souhaite et dans les domaines qui l'intéressent ; de l'autre, nous ménageons un socle commun. Il se retrouve dans les INSPÉ, en particulier dans la formation des AESH.