Ces explications montrent combien le geste de formation se révèle indispensable en vue de l'acculturation et de la conviction relatives à ce sujet du numérique.
Pour ce qui tient à l'avenir du réseau Canopé, la période de confinement a considérablement accéléré l'agenda de la mission que le ministre m'a confiée. Dès la mi‑mars, nous avons ouvert un site en ligne, « CanoTech ». Il se destine d'une part à la curation de ressources, à une éditorialisation quotidienne, en réponse à l'un des besoins que les enseignants ont exprimé dans notre étude, d'autre part, à la mise en œuvre d'un programme national de formation à distance à l'attention des enseignants. À ce jour, plus de 100 000 d'entre eux en ont bénéficié.
Ce site est pérenne et s'est prolongé au-delà de la période de crise sanitaire. Nous avons continué à dispenser nos formations pendant les vacances estivales, dans le but de préparer les enseignants à la rentrée scolaire. Les formations ont été proposées en collaboration étroite avec la DGESCO, l'Inspection générale et la DNE.
La précision qui suit répondra à vos interrogations sur l'égalité des chances et l'inclusion. Les thématiques des formations en ligne que nous proposons aux enseignants se répartissent en trois catégories. La première est relative aux métiers de l'humain, c'est-à-dire au lien avec l'élève, ainsi qu'à la gestion du stress – particulièrement en période de crise ou post-crise. La deuxième concerne précisément la remédiation. Elle vise l'accompagnement des élèves en situation de handicap, le traitement de situations d'hétérogénéité scolaire ou de « décrochage », particulièrement notables pendant le confinement. Enfin, la troisième se rapporte au numérique : formation aux outils numériques, hybridation, accompagnement pédagogique spécifique.
Les formations les plus sollicitées pendant le confinement furent celles qui traitent de la classe inversée, ainsi que celle qui s'intitule « Repenser sa classe et sa pédagogie ». M'inscrivant à la suite des propos de M. Édouard Geffray, j'en déduis que le véritable sujet du numérique éducatif intéresse l'innovation pédagogique et la personnalisation des apprentissages.
Depuis le mois de mars 2020, nous observons le glissement d'une préoccupation de la maîtrise de l'outil numérique lui-même vers un intérêt croissant pour de nouvelles pratiques pédagogiques qui personnalisent l'apprentissage, effectuent de la remédiation et portent une attention accrue à l'inclusion.
La mission du réseau Canopé s'est ainsi affirmée et la feuille de route est claire et essentielle dans un tel contexte. Elle a trouvé à se réaliser pendant la période récente au travers d'actions concrètes qui ont rapidement rencontré un public et un usage. Nous consoliderons le plan national de formation à distance que nous avons mis en place, et que nous n'imaginions pas avant le mois de mars.
M. Édouard Geffray a évoqué les territoires du numérique éducatif (TNE), cette expérimentation menée dans les deux départements de l'Aisne et du Val-d'Oise. Nous en sommes des opérateurs en formant, en lien avec les académies, les enseignants concernés par le dispositif.
En relation avec le réseau des INSPÉ, nous élaborons par ailleurs un autre projet structurant, intitulé e-INSPÉ, une plateforme de formation à distance des enseignants. Le directeur général de la DNE, M. Jean-Marc Merriaux, en a fait état devant vous lors d'une précédente table ronde.
Vous nous avez interrogés sur la plateforme « Cap école inclusive ». Canopé en est l'opérateur, en liaison avec la DGESCO. Lancée en mars 2020, elle ne permet pas encore de vous communiquer des chiffres d'audience véritablement significatifs. Elle reçoit 400 visites par jour et compte une moyenne de 60 000 sessions. Nous avons relevé un pic d'activité à la date du 5 avril.