Intervention de Caroline Vincent

Réunion du mercredi 30 septembre 2020 à 9h35
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Caroline Vincent :

Je voudrais revenir sur les notions d'autonomie, d'inclusion et de harcèlement.

Affirmer que le numérique apporte l'autonomie semble inexact. Je dirais plutôt qu'il exige l'autonomie. Or, apprendre de manière autonome s'avère difficile. Un apprentissage de ce type n'appartient pas à notre culture. Ainsi, j'insiste de nouveau sur le rôle de l'enseignant, qui accompagne et guide les élèves dans la contextualisation de leurs savoirs, pour les transformer en connaissances.

J'interviens comme enseignante dans un INSPÉ. Dans ma charge d'enseignement, je recours aussi bien à des cours en présence des élèves qu'à des cours à distance, pour un volume horaire équivalent. Sur le fond, les connaissances que je délivre ne changent pas dans un cas ou dans un autre. En revanche, selon le cas de figure, je ne scénarise pas du tout mes cours de la même manière. Là réside, à mon avis, ce sur quoi la formation des enseignants au numérique doit porter.

Je précise que les cours à distance me permettent de m'adresser à des étudiants hospitalisés, à des étudiants qui exercent une activité professionnelle, ou qui ont des enfants. Sous l'angle de l'inclusion, l'apport du numérique me paraît significatif.

Sur le problème du harcèlement, lorsque nous parlons de numérique, nous avons tendance à opposer le virtuel et le réel. Il convient de saisir que le virtuel ne manque pas de réalité. Tout un vocabulaire ‒ le « nuage », la « dématérialisation » ‒ nous laisse à penser le contraire. Il participe de cette impression que le virtuel ne serait pas réel. Or, il ne l'est pas moins. En particulier, son poids écologique se révèle conséquent : serveurs et réseaux filaires sont bien réels.

Par suite, nous devons comprendre que nos actions en ligne ont des conséquences. Pour un jeune, créer une chaîne YouTube avec son nom, y dévoiler son environnement et son intimité, emporte des conséquences qui s'inscrivent dans une durée longue ‒ ce que nous nommons les « éternités numériques ». Ces considérations dépassent les contenus disciplinaires. Elles relèvent de la culture et de l'éducation des enfants.

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