Je répondrai d'abord à la question qui porte sur le plan numérique des collèges dans le Val-d'Oise et sur le bilan que nous en dressons.
En dépit de nombreux échanges avec l'Éducation nationale sur les éléments de mesure utilisables, un bilan du plan sur la réussite scolaire des élèves se révèle difficile à établir.
Nous avons par ailleurs observé que la généralisation à l'ensemble des collèges de notre département de l'utilisation quotidienne en classe de l'outil numérique a nécessité six années, de 2010 à 2016. Le déploiement du plan numérique des collèges sur l'ensemble du département a lui-même requis cinq années.
Nous constatons une corrélation entre le nombre de tickets d'incidents ‒ quand un usager signale un problème informatique ‒ et le nombre des utilisateurs au quotidien. De 2014 à 2016, il augmentait annuellement de 20 à 25 %. Depuis 2017, il se stabilise, à hauteur de 6 000 à 7 000 tickets par an. Il signale un fort taux d'usage du matériel dans les établissements.
Désormais, un établissement qui ouvre une nouvelle salle de classe n'envisage plus qu'elle ne soit pas équipée de matériel numérique. Les pratiques des enseignants en seraient bouleversées.
Quant aux indicateurs de mesure de l'usage de l'ENT dont nous disposons, ils révèlent un très fort accroissement de cet usage par les élèves et leurs parents à partir de 2016.
L'usage des élèves et de leurs parents a succédé à une première phase d'appropriation par le corps enseignant, d'une durée de cinq à six ans, au cours de laquelle doutes et interrogations se sont progressivement dissipés à la faveur d'un accompagnement au changement qu'ont de concert assuré la délégation académique au numérique éducatif (DANE) de l'académie de Versailles, la direction des services départementaux de l'Éducation nationale (DSDEN) et le conseil départemental du Val-d'Oise. À la demande des enseignants, nos établissements ont de plus mis à la disposition des enseignants un service de messagerie électronique qui leur permet d'échanger directement avec les parents d'élèves.
S'agissant de l'ENT à destination du premier degré, Beneylu School dans notre département, la compétence en revient avant tout aux communes. Le conseil départemental du Val-d'Oise ne manque cependant pas de volontarisme pour les accompagner dans leur démarche. Animé par son directeur général, M. Rachid Adda, le syndicat mixte Val-d'Oise Numérique y apporte son concours.
De fait, nous pouvons évoquer un écosystème. En 2008, la décision du département de s'engager dans le collège tout numérique a entraîné l'initiative d'étudiants, celle de développer une application. Après un stage dans les services du conseil départemental, ainsi à la DSDEN du Val-d'Oise, ils ont créé une société qui a mis au point l'outil Beneylu School.
Sous l'impulsion du syndicat mixte du Val-d'Oise, son déploiement généralisé dans les communes du département s'est associé à celui du très haut débit.
Nous estimons que l'échelle départementale convient à ce genre de déploiement. Certes, envisager un ENT régional, sur le modèle de la région Grand Est, semble une idée séduisante. Parce qu'il accompagne la scolarité des enfants de la classe de sixième à celle de terminale, un ENT de ce type tend à rassurer, non seulement les élèves, mais peut-être surtout leurs parents. Le temps consacré à l'apprentissage du fonctionnement de l'ENT et de ses règles à l'entrée au collège sert jusqu'à la sortie du lycée.
Cependant, l'écosystème que nous avons mis en place dans le Val-d'Oise a créé une richesse d'échanges et de concertation exceptionnelle. Nos services du conseil départemental échangent régulièrement avec les enseignants et chefs d'établissements, la DANE et la DSDEN, sur l'évolution des outils que nous proposons, en vue de leur constante adéquation et adaptation aux pratiques qu'ils concernent. Je crains qu'un outil régional, et à plus forte raison un outil national, ne permette plus un tel niveau de concertation et ne devienne en définitive plus subi qu'accepté.
De plus, à une échelle départementale, l'ENT offre à la collectivité la possibilité d'infléchir certaines de ses politiques, par exemple dans les domaines du handicap ou de la culture.
Le changement d'outil numérique de travail entre les premier et second degrés, puis entre le collège et le lycée, ne nous paraît nullement rédhibitoire, bien que cela puisse provoquer des fractures. Il conduit les élèves à s'adapter et les prépare ainsi aux exigences de leur future carrière professionnelle.
En 2019, au terme de huit années avec le même partenaire, le conseil départemental du Val-d'Oise a changé d'éditeur d'ENT. À cette occasion, nous nous sommes beaucoup interrogés sur les risques d'une fracture avec le corps enseignant et ses usages. Il n'en a rien été. Après deux mois d'utilisation du nouvel outil, nous constations un même taux d'usage. En fin d'année scolaire, la période de confinement passée, nous relevions même une augmentation de ce niveau d'utilisation.