L'un des pans de notre plan de prévention consiste à documenter cette question, afin de voir en quoi le parcours sportif d'un individu peut éventuellement mener à la radicalisation – ou inversement. Les fichiers S sont fermés au public, y compris aux députés et aux ministres. Ils sont uniquement dans les mains du ministère de l'Intérieur. Nous voulons voir avec lui comment partager ces informations plus avant afin que nos agents puissent, au moment du contrôle des associations sportives, disposer d'une mission clairement explicitée et ciblée. Ils seront davantage et mieux associés aux cellules départementales de lutte contre l'islamisme et le repli communautaire (CLIR). Une avancée doit être faite là-dessus. Des entités universitaires se proposent pour travailler sur ces sujets. Nous en avons vraiment besoin.
Il est vrai que l'agresseur a passé quatre mois dans un club de lutte de la région toulousaine. Durant les quatre années précédant sa présence dans cette association, la direction départementale du ministère avait œuvré pour en assainir la gouvernance. Il n'en demeure pas moins que nous devons continuer à travailler sur ce sujet, pour arriver à tracer les personnes malveillantes ou potentiellement déviantes lorsqu'elles quittent une association. Cela est valable pour la radicalisation, mais aussi pour les violences à caractère sexuel lorsqu'on les a détectées. Il ne s'agit pas uniquement d'améliorer le circuit de signalement et d'agir davantage en lien avec la justice, mais également de rendre possible ce traçage, impératif, entre les fédérations. Pour cela, il faut que l'on implique davantage le mouvement sportif à nos côtés, ainsi que les collectivités.
Il est en outre essentiel que le ministère des Sports retravaille, avec leur aide, les fiches de mission de tous ses agents, qu'ils soient internes ou placés auprès des fédérations. L'ANS assumant désormais la gestion de la distribution des enveloppes du ministère, nos agents seront plus à même de se focaliser sur des missions régaliennes comme la protection des publics et la prévention de toute forme de violence – y compris les phénomènes de radicalisation. Des formations pourraient également être déployées sur tout le territoire concernant le respect des valeurs de la République.
C'est à cela que nous nous attacherons en retravaillant les missions des conseillers techniques sportifs (CTS) et de nos agents, et en permettant éventuellement à nos agents d'avoir un plein temps dédié aux missions de lutte contre les violences et de protection des publics. Grâce aux nouvelles technologies rendant possibles les réunions en visioconférence, nous pourrons aussi économiser des coûts de déplacement et de montage de formation, et créer des espaces de parole pour tous les éducateurs sportifs sur ces sujets. Ces derniers doivent apprendre la gestion du fait religieux dans les associations et apprendre à détecter les « signaux faibles », afin de pouvoir les faire remonter au niveau national ou au niveau local dans les préfectures. Des moyens techniques seront donc également déployés pour la sensibilisation, l'information, la formation et la remontée des signalements.
Une augmentation conséquente, de 600 000 euros, est prévue dans le programme 219 sur les 1,4 million d'euros dédiés aux actions de prévention des incivilités et des violences dans le sport. Nous avons aussi renforcé le réseau d'associations susceptibles d'intervenir aux côtés de nos agents dans toutes les instances sportives. Le contenu des formations sera en outre revu afin de permettre leur extension, au moyen d'un travail mené en commun avec les professionnels de l'animation et des collectivités. Ce contenu constitue un prérequis par rapport aux diplômes de l'Éducation nationale et s'inscrit également dans la formation continue des éducateurs disposant déjà de leur carte professionnelle.