Intervention de Michel Larive

Réunion du mardi 8 décembre 2020 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Après l'interruption brutale, en raison de la crise sanitaire, du parcours législatif du projet de loi relatif à la communication audiovisuelle, la ministre de la culture a annoncé, lors de son audition au Sénat sur le projet de loi de finances pour 2021, un nouveau texte, plus resserré, consacré à la lutte contre le piratage et à l'évolution de la régulation, qui reprend notamment le projet de fusion du CSA et de l'HADOPI au sein d'une seule entité, l'ARCOM, chargée de la police de l'audiovisuel en France.

Aussi, permettez-moi de vous relater les faits suivants. Durant cinq semaines, l'Association des journalistes lesbiennes, gay, bi, trans et intersexe a écouté Les grosses têtes, une émission diffusée sur RTL réunissant chaque jour plus de 2 millions d'auditeurs et d'auditrices. L'enquête souligne l'omniprésence des propos discriminatoires qui seraient tenus dans cette émission – phénomène qui ne se limiterait pas, hélas ! à celle-ci mais serait courant dans de nombreuses émissions de grande écoute, qu'elles soient radiophoniques ou audiovisuelles. L'étude a ainsi dénombré pas moins de 159 propos sexistes, 66 séquences LGBTphobes et 51 remarques racistes. Le syndicat précise qu'« avec, en moyenne, 19 séquences discriminantes par émission, les minorités sont à nouveau désignées aux yeux et aux oreilles de tous comme le bouc émissaire idéal. »

Très complète, l'enquête relève que 100 % des émissions écoutées contiendraient des saillies sexistes – en moyenne, une toutes les onze minutes –, 83 % d'entre elles des propos LGBTphobes, 79 % des séquences racistes et, dans pas moins de 50 % de ces émissions, on s'amuserait des viols, des agressions sexuelles, de la pédocriminalité, des infanticides, des féminicides et des violences conjugales…

En banalisant les propos discriminatoires, les médias construisent un monde où il est normal de dévaloriser les minorités. L'hégémonie et l'impunité des discours discriminants façonnent la conscience de millions d'auditeurs et d'auditrices. Dès lors, comment s'étonner de la banalisation et de l'augmentation des violences contre les minorités ? Les discriminations ne sont pas des opinions : elles sont punies par la loi. Le groupe LFI souhaiterait donc connaître les pistes que vous entendez explorer pour agir contre la prolifération de propos sexistes et homophobes sur les ondes.

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