Intervention de Roch-Olivier Maistre

Réunion du mardi 8 décembre 2020 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Roch-Olivier Maistre, président du Conseil supérieur de l'audiovisuel :

S'agissant de la visibilité des outre-mer, monsieur Claireaux, j'évoquais tout à l'heure le baromètre de la diversité que nous publions tous les ans : l'un des items très importants en est la diversité de nos territoires. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel est attentif au respect par les éditeurs de télévision du principe de juste représentation de la société française. Si tous les Français ne se retrouvent pas dans les images qu'ils regardent, s'ils n'y retrouvent pas la société française qu'ils croisent dans leur quotidien, comment exprimer un sentiment d'unité et de cohésion nationales ? Ils pourraient alors être tentés de s'exprimer d'une autre façon, comme nous l'avons constaté dans un passé récent. Cette question de la visibilité de tous nos territoires, et en particulier des outre-mer, est très importante.

Le service public a franchi une étape vraiment intéressante car, même si cela figurait depuis de nombreuses années dans les différents cahiers des charges, il avait quand même beaucoup de retard en la matière. Le pacte de visibilité, avec en particulier le comité de suivi auxquels les parlementaires sont associés, présente un véritable avantage : le parti pris de traiter des outre-mer dans tous les programmes diffusés sur l'ensemble des antennes du service public, de la météo à la fiction en passant par l'information ou le documentaire, est très cohérent. Ainsi, l'information ne doit pas aborder le sujet des outre-mer seulement quand une catastrophe naturelle se produit dans un territoire ultramarin, mais régulièrement et de façon périodique.

Les premiers rendez-vous que nous avons eus sur la mise en œuvre du pacte de visibilité sont plutôt prometteurs. À titre de téléspectateur, c'est toujours avec beaucoup de plaisir que je retrouve des images de nos outre-mer sur les écrans. Regardant beaucoup la télévision, par déformation professionnelle, je mesure un vrai progrès en la matière depuis que le pacte de visibilité a été signé. Si le service public a une responsabilité particulière dans ce domaine du fait de ses missions, nous devons également être attentifs à ce que l'ensemble des éditeurs, avec qui nous dialoguons, avancent dans la même direction.

S'agissant du sport, l'augmentation spectaculaire des droits est le fruit d'une concurrence très forte entre les différents acteurs. Cette concurrence ne cesse de croître, car les grandes plateformes de vidéo par abonnement commencent à investir dans le sport. Ainsi, Amazon est désormais présente dans les manifestations sportives en Allemagne ; en France, elle a réussi à décrocher certains lots des droits de retransmission du tournoi de Roland Garros. D'autres acteurs, comme Facebook, semblent vouloir également pénétrer ce marché. On voit bien le risque que fait courir cette « échelle de perroquet » sur les droits : le consommateur finira par ne plus pouvoir cumuler les abonnements. Entre le téléphone portable, la box, une plateforme de vidéo par abonnement et une plateforme musicale en streaming, il y a un moment où l'addition devient lourde.

Il est intéressant de constater, dans les statistiques de l'HADOPI, qu'une partie importante du piratage provient de personnes déjà abonnées à une plateforme de streaming, mais qui ne peuvent pas cumuler indéfiniment les abonnements. En matière sportive, l'addition pour un aficionado de football qui souhaiterait couvrir l'ensemble des championnats serait purement et simplement insupportable.

Heureusement, le service public conserve des manifestations très importantes comme le Tour de France, Roland Garros ou les Jeux olympiques – j'ai appris avec plaisir que Radio France serait la radio officielle de ces derniers. Il faut être attentif au sujet de l'inflation des droits : les Français doivent pouvoir accéder, sur les chaînes en clair, à une offre sportive suffisamment large.

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