Vous prêchez une convaincue et une militante de l'art-thérapie et de la musicothérapie qui, il y a plusieurs années, a fondé l'association Music'O seniors. Elle donne des bourses à des étudiants de conservatoire méritants, organise des concerts dans les maisons de retraite pour les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer et, très souvent, ceux qui les entourent nous disent : « Vous avez rallumé la lumière dans leurs yeux ».
Les interactions entre culture et santé ne sont pas ignorées. C'est en 1999 qu'a été signée la première convention nationale associant le ministère des solidarités et de la santé et le ministère de la culture en vue d'une politique commune d'accès à la culture pour tous les publics en milieu hospitalier. Pendant les deux décennies suivantes, les établissements hospitaliers ont été encouragés par l'État, les collectivités territoriales et, au sein du Gouvernement, par une collaboration active entre les ministres de la santé et ceux de la culture – singulièrement entre moi-même et Frédéric Mitterrand, auquel j'envoie mes vœux les plus chaleureux de bon rétablissement puisqu'il a été frappé par le Covid, virus cruel. La convention culture-santé qui permet de développer l'accès à l'art et à la culture pour les personnes âgées, les personnes handicapées, les personnes malades ou hospitalisées, est en cours de renouvellement pour acter l'élargissement des bénéficiaires au secteur médico-social.
L'enjeu est fort, mais dans une pandémie aussi sévère que celle à laquelle nous sommes confrontés, une gradation s'impose. Quand le coronavirus sévit, le premier acte consiste à le traiter par des soins puissants : administration de cortisone et d'anticoagulants, oxygénation, réanimation… L'art-thérapie, dont je suis une militante acharnée, ne peut être envisagée qu'au moment de la convalescence, en accompagnement des soins.