Intervention de Roselyne Bachelot

Réunion du mardi 19 janvier 2021 à 17h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Roselyne Bachelot, ministre :

Les grands festivals debout regroupent des dizaines de milliers de participants qui chantent, crient, dansent, boivent… Cela pose des problèmes de sécurité sanitaire dont les organisateurs sont conscients. La question est grave, et j'y travaillais ce matin encore, longuement, avec un des organisateurs d'un très grand festival mondialement connu. Certains organisateurs nous demandent de leur dire tout de suite que les festivals de l'été prochain ne pourront pas avoir lieu et de les indemniser. D'autres veulent rouvrir comme si l'épidémie n'avait pas existé et nous demandent de les y autoriser au motif qu'ils savent faire et que ces événements participent du patrimoine culturel et de l'activité économique. Je ne peux accepter ni l'une ni l'autre de ces demandes.

En revanche, je salue la créativité des organisateurs partisans d'une voie médiane, réaliste et utile, ceux qui s'attachent à trouver un modèle économique permettant de concilier, par des adaptations, sécurité sanitaire et reprise de l'activité économique et du travail des artistes. Ceux-là rejettent l'expérimentation barcelonaise consistant à pratiquer des tests PCR à l'entrée d'un festival debout, jugeant l'idée lunaire : comment, m'ont-ils dit, imaginer réaliser 10 000 ou même 5 000 tests PCR par jour ? De plus, un festival dure entre trois et cinq jours ; il faudrait donc refaire des tests au bout de trois jours, ce qui est évidemment impossible – et qui les payerait ? La France assure la gratuité des tests pour tous quand, au Royaume-Uni, chaque test coûte 300 euros à ceux qui se le font faire, mais une question éthique se pose : peut-on facturer à l'Assurance maladie un test d'entrée dans un festival ? Ces sujets, beaucoup plus complexes qu'il n'y paraît, ne permettent pas des solutions simplistes. Nous y travaillons.

On pense souvent que le temps des bobines n'étant plus, la numérisation permet de projeter un film comme on allume la lumière : on actionne un interrupteur et la séance démarre. Il n'en est rien et, de fait, deux à trois semaines sont nécessaires pour relancer une programmation. Mais j'anticipe les questions éventuelles portant sur la sécurité des lieux de spectacle pour vous dire que lors de la première version du coronavirus, nous étions, de manière empirique faute d'études scientifiques, assez sûrs que ces lieux étaient sûrs. Les nouvelles versions du coronavirus sont beaucoup plus contaminantes et nous n'avons pas de réponse sûre possible puisque, ces lieux étant fermés, nous ne disposons d'aucun élément d'appréciation. Beaucoup d'interrogations demeurent et on peut comprendre que le principe de précaution prévale.

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