Il est encore trop tôt pour vous le dire puisque cette disposition est d'application très récente. C'est en tout cas un sujet de grande satisfaction pour nous tous de constater que le secteur de la librairie a particulièrement bien résisté à la crise. Alors que certains augures prédisaient la disparition des librairies indépendantes en France, la chute de chiffre d'affaires n'a été que de 3,3 %. Quand on ajoute à cela les aides accordées par l'État au secteur, c'est un beau succès, dans les circonstances que nous connaissons. Plusieurs libraires m'ont confié avoir vu arriver de nouveaux lecteurs en grand nombre. L'un d'eux m'a ainsi indiqué que, le samedi, 600 clients étaient passés au lieu de 150 en temps ordinaire, cette évolution étonnante s'accompagnant de plus d'un panier moyen considérablement augmenté. Cet appel d'air lui a permis de gommer intégralement la perte de chiffre d'affaires qu'il avait subie lors de la fermeture obligée.
Pendant la période de fermeture, les librairies ont bénéficié de toutes les aides transversales et des mesures complémentaires ont été adoptées pour tenir compte des fragilités structurelles du secteur : 25 millions d'euros dans le cadre de la LFR et 12 millions répartis sur 2020 et 2021 pour la modernisation numérique des librairies. Le plan de relance permettra de soutenir les achats de livres par les bibliothèques publiques, à hauteur de 5 millions d'euros par an, et 3,5 millions d'euros seront consacrés à la généralisation du programme d'éducation artistique et culturelle Jeunes en librairie. En outre, les frais d'expédition des librairies ont été pris en charge entre le 5 novembre et le 31 décembre 2020. À ce sujet, je salue l'intéressant travail mené par MM. Yannick Kerlogot et Michel Larive sur l'évaluation de la loi encadrant les conditions de vente à distance des livres.
Bien entendu, la crise n'a pas gommé les problèmes structurels qui affectent certaines librairies comme toutes sortes d'autres entreprises. Mais si l'on considère que le chiffre d'affaires global du secteur ne s'est contracté que de 3,3 % ; que 19 millions d'euros visant à compenser l'activité partielle ont été versés aux librairies ; que le fonds de solidarité a mobilisé près de 6 millions d'euros ; que le montant des prêts garantis par l'État pour les libraires – qui bénéficieront des dispositions élargies annoncées par le ministre des finances – a été de 91 millions d'euros, nous pouvons nous dire que nous avons sauvé nos librairies, et nous réjouir qu'elles aient acquis de nouveaux lecteurs.