Intervention de Benoît Loutrel

Réunion du mardi 2 février 2021 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Benoît Loutrel :

Merci !

En ce qui concerne mon usage personnel des réseaux, je suis un utilisateur de Facebook, où je me suis imposé de m'inscrire par curiosité, pour comprendre un phénomène qui prenait beaucoup d'importance. J'ai donc choisi d'en avoir un usage strictement cantonné, de n'y avoir pour amis que des amis proches et des membres de ma famille et de ne pas en faire un lieu de ma sociabilité en général. Au moins une fois par an, je me contrains à revoir le paramétrage et à tenter de comprendre quelles informations sont partagées et comment afin d'en maîtriser les effets. J'essaie de pousser mes enfants à faire de même, à se demander où va l'information, ce qu'il faut rendre public, quelles sont les limites. J'utilise davantage Twitter, où j'ai choisi d'ouvrir un compte non anonyme et où j'ai appris à prendre de la distance, car, en rejoignant Google, j'ai bénéficié d'une expérience de première main concernant la haine en ligne à laquelle je n'étais pas du tout préparé et j'ai réalisé à quel point cela pouvait être dérangeant.

De cette expérience sur les réseaux sociaux, comme d'ailleurs de mon passage à la Banque mondiale, j'ai retenu que l'investissement le plus rentable à long terme est toujours l'éducation. Le problème est le temps : il faut attendre le renouvellement des générations, car nous ne savons pas réinvestir suffisamment dans l'éducation des adultes. Mais nous ne résoudrons pas les troubles informationnels et l'ensemble des problèmes résultant de la transformation numérique sans un effort relayé par le système éducatif. En la matière, il reste à inventer des démarches d'inclusion numérique : celle-ci ne désigne pas seulement l'accès aux réseaux ni le savoir-faire, mais bien la compréhension du fonctionnement du système.

Ainsi, en matière de transparence, Facebook possède des fonctionnalités intéressantes, dont celle qui permet à l'utilisateur, d'un clic droit, de savoir pourquoi l'application lui a présenté un contenu, en lien avec ses précédentes manifestations d'intérêt, ce qui est l'occasion d'apprendre tout ce qu'elle sait sur lui.

Il faut encourager la curiosité en la matière, le désir de comprendre comment fonctionnent nos sociétés dans ce monde numérique. C'est la clé, mais on n'en a pas encore pris suffisamment la mesure. Je l'ai dit en commençant, nous sommes nombreux ici à avoir grandi dans un monde où l'accès à l'information n'était pas possible sans une médiation : pas de savoir sans enseignement, pas d'accès à la culture sans livre dont le contenu avait été contrôlé par un éditeur. C'est terminé : internet permet à toute personne d'accéder à n'importe quel savoir, ce qui modifie fortement les dynamiques propres à nos sociétés et transformera celles-ci aussi profondément que la révolution industrielle. De grands équilibres seront revus en conséquence. De fait, en modifiant les lois de 1881 ou de 1986, nous créons actuellement un nouveau corpus juridique adapté aux nouveaux acteurs, et l'exercice va se poursuivre un certain temps – le temps que tous aient pris la pleine mesure du changement et appris à comprendre les nouveaux mécanismes et les nouvelles dynamiques de l'échange d'informations.

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