Intervention de Emmanuelle Anthoine

Réunion du mercredi 10 février 2021 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEmmanuelle Anthoine :

Le handicap est un combat quotidien pour plusieurs millions de Français. Certes, 1,13 million de personnes bénéficient de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), mais de nombreuses personnes gravement handicapées, souffrant d'un taux d'incapacité supérieur à 80 %, sont exclues du bénéfice de cette aide au motif que la personne avec laquelle elles vivent dispose de revenus supérieurs au plafond fixé.

Cette situation représente une injustice et suscite de l'incompréhension. C'est la raison pour laquelle l'Assemblée nationale a voté, en février 2020, une proposition de loi qui prévoit notamment l'individualisation de l'AAH. Ce texte, toutefois, n'a toujours pas été examiné au Sénat. Le Gouvernement va-t-il enfin accélérer l'examen de ce texte tant attendu ? L'accompagnement du handicap semble effectivement être insuffisamment pris en compte par l'exécutif. En témoignent les décisions prises à l'issue du Ségur de la santé : si celui-ci a été l'occasion de revaloriser de nombreux métiers des secteurs social et médico-social, les nombreux professionnels qui accompagnent les personnes en situation de handicap ont injustement été exclus.

Le Gouvernement accumule donc les retards dans sa politique d'accompagnement du handicap. Il est pourtant tenu à des obligations depuis la loi du 11 février 2005, qui a notamment créé l'obligation de scolarité pour les enfants en situation de handicap. Or, les places en institut médico-éducatif manquent pour de trop nombreux enfants.

Si l'école inclusive est présentée comme l'une des priorités du ministère de l'éducation, les AESH n'ont fait l'objet d'aucune mesure de sécurité sanitaire spécifique au printemps dernier dans le contexte de crise épidémique. Ils souffrent d'un cadre d'emploi trop rigide et d'un défaut de reconnaissance, notamment financière. J'ai encore le souvenir d'une AESH qui n'a pas pu faire évoluer son contrat limité à 20 heures par semaine. Surtout, ils sont trop peu nombreux pour répondre aux demandes légitimes des familles d'enfants handicapés. Celles-ci sont confrontées à un véritable parcours du combattant, à l'issue duquel il leur est annoncé qu'il n'y a pas de place et que leur enfant ne peut être accompagné. Cette situation inquiétante prive ces jeunes handicapés de scolarité, au mépris de leurs droits.

Madame la secrétaire d'État, la politique du Gouvernement en matière de handicap souffre de trop d'insuffisances ; beaucoup trop de personnes sont encore laissées au bord du chemin.

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