Intervention de Professeure Anne Goffard

Réunion du mercredi 17 février 2021 à 15h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Professeure Anne Goffard, virologue au CHU de Lille, enseignante à la faculté de pharmacie de Lille et chercheur à l'Institut Pasteur de Lille :

Nous avons évidemment besoin de moyens, pour la recherche clinique et fondamentale. Les salaires des chercheurs français souffrent de la comparaison avec les salaires des chercheurs européens ou américains. Nos doctorants sont très bien formés en France, mais ne reviennent plus une fois qu'ils sont partis à l'étranger. Les moyens sont donc indispensables.

Nous croyons beaucoup en l'agence ANRS créée en janvier. Nous espérons que des moyens importants y seront investis. La France a réalisé beaucoup de recherches sur le VIH en associant les patients, les industriels, etc. Malheureusement, un travail de cette ampleur ne s'est pas renouvelé pour la vague des maladies infectieuses après le VIH. J'espère que cette crise sera l'occasion d'une prise de conscience et que nous pourrons investir à nouveau dans les maladies infectieuses. En effet, la baisse de la biodiversité et le dérèglement climatique entraîneront d'autres émergences. J'espère qu'Ebola, qui revient en Afrique de l'Ouest, n'arrivera jamais en France. Cette maladie virale est extrêmement dangereuse et ne doit pas se diffuser sur la planète. Nous sommes malheureusement plusieurs à être convaincus que de nouvelles émergences se produiront. Il faut reprendre les investissements dans les maladies infectieuses, dans la recherche fondamentale, clinique et transversale.

Il est également nécessaire de valoriser les carrières des chercheurs qui mènent de la recherche transversale. Les recherches transversales sont difficiles à mener car elles nécessitent de travailler avec des corps de métiers que nous ne connaissons pas bien. Une fois un réseau monté, il faut réussir à le faire vivre, trouver des financements et produire des publications. Une telle recherche, certes difficile, est réalisable, mais demande des investissements à la fois financiers (salaires et fonds propres de recherche), mais aussi humains (recrutement d'ingénieurs, chercheurs et techniciens dans nos laboratoires). Rappelons qu'il y a un an, la sérologie des coronavirus n'existait pas, de même que la vaccination contre les coronavirus. Le monde de la recherche, dont la France, a franchi un pas de géant en seulement un an. Saluons ce progrès et amplifions cette vague en prévention de la prochaine émergence.

Il est difficile de répondre à la question du mode de transmission des personnes asymptomatiques. Nous avons peu d'informations scientifiques solides sur cette question car les médecins ne voient pas les personnes asymptomatiques.

Pour le moment, il n'y a pas de saisonnalité marquée pour le Sars-CoV-2. En même temps, le virus circule dans la population humaine depuis seulement un an. Or, un certain temps est nécessaire pour que les virus s'adaptent à la population humaine. L'apparition de variants peut être un mécanisme d'adaptation des coronavirus. Nous verrons peut-être une diminution de la circulation du Sars-CoV-2 durant le printemps et l'été. Néanmoins, nous n'avons pas de réponse scientifique claire à cette question pour le moment.

Monsieur Le Bohec a évoqué la méditation de pleine conscience. Des études montrent effectivement que cette dernière pourrait avoir des bienfaits sur le système immunitaire, mais aussi sur les problèmes de dépression. Il faut être vigilants car la méditation de pleine conscience n'est pas indiquée pour les personnes présentant des troubles psychiatriques et psychotiques ou présentant certaines pathologies. Il faut être attentifs à ce que la pratique de la méditation de pleine conscience dans le cadre d'une prise en charge thérapeutique soit strictement encadrée par des psychiatres ou psychologues formés sur la question.

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