La recherche translationnelle – c'est-à-dire l'application des recherches – est effectivement très peu valorisée. Il est plus facile de publier des articles prestigieux quand on fait de la recherche fondamentale que quand on met au point un vaccin ou un traitement nécessitant cinq ans d'essais cliniques. Les décideurs sont plutôt issus de la recherche fondamentale et ne font pas forcément les bons choix au moment d'effectuer de la translation industrielle. Ce point majeur est à revoir dans la structuration et l'organisation des choix et des décisions. Louis Pasteur lui-même disait : « Ne séparez pas la recherche fondamentale et la recherche appliquée, il n'y a que la recherche et ses applications qui sont fondamentales pour l'humanité ». Même à l'Institut Pasteur, où nous prenons en compte ce point majeur, la situation peut être améliorée. Dans la structuration et les décisions prises dans la recherche, la recherche translationnelle doit être valorisée.
Tant mieux si le principe de précaution est dans la Constitution. Néanmoins, si ce principe de précaution empêche les chercheurs français d'être compétitifs face aux autres chercheurs, ce n'est pas satisfaisant. Les MOT sont à revoir. À l'Institut Pasteur, nous nous battons pour obtenir des exceptions.
L'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) est souvent décriée mais je voudrais ici souligner sa réactivité car elle s'est décidée en moins de quinze jours pour le lancement de notre essai clinique, sans même réaliser d'épreuve préclinique de toxicité, sur la base des nombreux essais de toxicité chez l'animal publiés préalablement pour notre plateforme. Je félicite l'ANSM, qui effectue un travail très difficile et nécessaire. En revanche, elle a besoin d'être moins engoncée dans des tâches et des obligations administratives.