Le 31 décembre 2020, le Royaume-Uni a officiellement quitté l'Union européenne. Les conséquences économiques, d'un côté comme de l'autre, sont amplement discutées. S'agissant des incidences sur les économies culturelles et, plus généralement, sur l'art, j'évoquerai le domaine de la musique, des concerts et des festivals, car le transport de matériel de part et d'autre de la Manche sera plus difficile et plus coûteux pour les artistes comme pour les techniciens. Le prix des billets montera lui aussi, automatiquement. Une pétition britannique réclame au gouvernement Johnson la création d'un passeport culturel pour les musiciens. Cette pétition a recueilli plusieurs centaines de milliers de signatures dès la mi-janvier. Les arguments sont forts, puisque la scène musicale live britannique est l'une des principales au monde. La France sera-t-elle volontaire pour permettre la création d'un tel passeport ?
Par ailleurs, avec la crise clarificatrice du Brexit, n'est-il pas temps de faire émerger une ambition culturelle européenne forte ? Cela s'est vu dans d'autres domaines. Au sein de notre groupe politique, ainsi que chez nos homologues du Parlement européen – je pense notamment à Laurence Farreng –, nous croyons essentiel pour notre avenir de voir émerger une Europe de la culture. La directive SMA prévoit déjà la présence d'un minimum de 30 % d'œuvres européennes dans le catalogue des plateformes et, surtout, la possibilité pour les États membres d'exiger que celles qu'ils diffusent investissent dans des productions locales. Irons-nous plus loin ? Nous sommes le continent qui a inventé le cinéma. Nous avons un patrimoine de studios et de décors naturels unique, les festivals de cinéma les plus prestigieux. Nous disposons également de grandes écoles du cinéma et de professionnels reconnus. Les axes de travail ne manquent pas, avec l'établissement d'un programme massif de productions pouvant doper le catalogue des œuvres européennes et ré-irriguer les salles, l'investissement dans les compétences artistiques et techniques, notamment numériques, à l'échelle du continent, ou encore une harmonisation sociale. Qu'en pensez-vous ?