Intervention de Christophe Euzet

Réunion du mercredi 31 mars 2021 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaChristophe Euzet :

Non sans avoir remercié Paul Molac, je dirai quelques mots, d'abord, de la légitimité des demandes formulées à travers ce texte. Les mentalités ont beaucoup changé depuis le temps où les langues régionales étaient identifiées à un folklore un peu attendrissant. Chacun a compris que l'humanité n'était pas condamnée au règne triomphant de l'anglais : on sera de plus en plus polyglottes. Nous ne sommes pas davantage condamnés à la disparition des langues régionales. L'homme a besoin de savoir d'où il vient ; même dans la société numérisée, déterritorialisée, il lui est nécessaire de connaître son identité et ses racines. La question des langues régionales est un combat légitime, qui n'a plus rien de folklorique.

Chacun s'accorde à dire que la maîtrise de plusieurs langues est valorisante et constitue une richesse sur le plan intellectuel. L'acquisition des langues est d'autant plus aisée qu'elle se fait en immersion. L'éducation nationale peut prendre en charge une formation polyglotte locale, nationale, voire internationale.

L'objectif de la promotion des langues régionales ne doit pas être de combattre la langue nationale, qui est le français, auquel aucune langue ne saurait se substituer intégralement dans l'espace public. Nous devons viser le bilinguisme, qui fera de nos langues des alliées et en aucun cas des adversaires.

Le groupe Agir ensemble est très favorable à la promotion et à la préservation des langues régionales. Aussi pensons-nous que la proposition de loi de M. Molac fait œuvre utile : elle pose une question intéressante, celle de l'introduction de l'enseignement immersif des langues régionales à l'école publique.

Nous nous réjouissons de l'adoption conforme, par le Sénat, des articles 1er et 2 relatifs à la reconnaissance des langues régionales au titre du patrimoine culturel immatériel et à la nécessité d'une intervention publique visant à les protéger. De même, nous sommes satisfaits des dispositions relatives à la signalétique bilingue et à la reconnaissance des signes diacritiques, déjà adoptées par les deux chambres.

À ce stade de la navette, quatre articles restent en discussion.

Nous voterons l'article 2 quater relatif à Mayotte, qui n'appelle pas de commentaire particulier.

Si l'article 2 quinquies emporte notre adhésion sur le fond, le caractère facultatif de l'accord aurait sans doute mérité d'y être précisé, même si la formulation retenue nous paraît finalement acceptable.

Quant à l'article 3, il ne nous dérange absolument pas sur le fond, mais le dispositif juridique qu'il comporte nous semble imparfait. Si l'exposé des motifs de la proposition de loi précise bien que l'enseignement des langues régionales n'est pas obligatoire, le texte ne le laisse pas entendre. Nous défendrons donc un amendement de précision à ce sujet.

S'agissant enfin de l'article 2 ter, nous avons déjà dit que nous considérions le principe de l'enseignement immersif comme tout à fait acceptable. Pour autant, sans limitation de proportions ni quota, cet article rend l'enseignement en langue régionale possible à hauteur de 100 %, ce qui nous semble porter préjudice à l'apprentissage normal de la langue française que les textes requièrent par ailleurs. C'est pourquoi nous défendrons un amendement de suppression de l'article 2 ter, qu'il vous faut interpréter, monsieur le rapporteur, comme une invitation à réfléchir à une nouvelle rédaction en vue de la séance.

Sous ces deux réserves, le groupe Agir ensemble votera la proposition de loi.

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