Intervention de Jean-Michel Blanquer

Réunion du jeudi 6 mai 2021 à 18h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Jean-Michel Blanquer, ministre :

Monsieur Labille, concernant l'allègement des protocoles sanitaires, notamment la fermeture des classes dès un cas positif, aucun seuil n'a encore été défini. Nous dépendons des autorités de santé et des constats dressés quotidiennement avec elles et lors des conseils de défense hebdomadaires. Je souhaite que cet assouplissement advienne dès que possible. Pour le moment, nous n'en sommes pas encore là, mais un allègement demeure possible d'ici à la fin du mois de juin.

Les masques à l'école primaire ont été très efficaces dans la lutte contre l'épidémie. Les enfants devront les porter probablement jusqu'à la fin de l'année scolaire. Je suis frappé, lors de mes visites dans les écoles primaires, de voir à quel point les enfants se sont habitués à ces masques, au-delà de nos espérances. Nous pouvons les féliciter pour leur très belle résilience. Nous distribuons des masques inclusifs, sujet très cher à Sophie Cluzel. Je ne dispose pas des chiffres à l'instant, mais je pourrai vous les transmettre. Certains disent ne pas en avoir reçu. Je reviendrai tout à l'heure sur la question de la distribution des masques pour raison sociale. Dans tous les cas, nous gardons cet objectif de distribution de masques inclusifs dans les classes, quand cela est nécessaire.

S'agissant des BTS, nous ne pouvons pas dire que rien n'a été fait. Ce sujet relève du domaine de compétence de la ministre de l'enseignement supérieur, mais il ne m'est pas indifférent, puisque des formations au BTS sont présentes dans les lycées publics. Nous sommes satisfaits que cette année, dans les lycées publics, les élèves de BTS puissent avoir cours, comme les élèves de classes préparatoires, ce qui constitue un atout par rapport aux étudiants d'université. Néanmoins, des demi-jauges ont été mises en place. Les élèves de BTS qui se sentent les moins bien préparés sont souvent des élèves des établissements privés hors contrat, qui ont dû fermer. Seuls 40 % des élèves de BTS se trouvent dans les lycées publics.

Une décision très importante et inédite a été prise, la création d'une session de rattrapage spécifique pour les BTS. Certes, un meilleur travail de communication est nécessaire. Nous avons cherché les meilleures mesures : il ne s'agit pas de donner, tout comme le baccalauréat, un examen sur simple attestation scolaire, d'autant plus que les BTS concernent aussi bien les institutions publiques que les institutions privées hors contrat. La formule décidée est la suivante : une session de rattrapage entre le 15 juin et le 15 juillet, qui consiste en deux oraux, l'un sur les enseignements généraux, l'autre sur les enseignements professionnels. Ces deux oraux reposent sur le contrôle continu, puisque le jury disposera des notes de contrôle continu lors de l'examen. Il sera sans doute très rare que la note d'oral soit inférieure à celle du contrôle continu, sauf si manifestement les notations obtenues en contrôle continu ne correspondent pas du tout au niveau de l'élève.

Je ne vois pas d'autres moyens de prendre en compte le contrôle continu pour les BTS, car nous ne sommes pas en mesure de contrôler les barèmes de notation dans les institutions hors contrat. Cet aménagement n'est pas encore clair pour tous les acteurs ; nous devons le clarifier pour l'ensemble des élèves.

J'entends aussi le souhait de certains élèves de BTS de passer un examen terminal, comme ceux qui débutent actuellement. Je ne doute pas que, lors de cette première session, de nombreux étudiants vont réussir et seront fiers de leurs résultats, et que la deuxième session permettra de prendre en compte les difficultés spécifiques des autres élèves.

Sur maints sujets, il nous serait facile de dire oui à tout et de nous acheter une popularité, mais ce ne serait pas faire preuve de bienveillance à l'égard des élèves. En temps normal, le taux de réussite au BTS est de 75 %. Il est donc logique de conserver un niveau d'exigence minimum. Les mesures prises sont très bienveillantes, et nous restons à l'écoute des attentes de chacun, comme ce fut le cas encore cette semaine. Dans tous les cas, ne disons pas qu'il n'y a pas eu d'adaptation pour les BTS ; ce ne serait pas exact.

S'agissant de la vaccination des professeurs, je rappelle la doctrine sanitaire : en France, nous vaccinons des plus vulnérables au moins vulnérables, dans cet ordre. Nous nous fixons un objectif de 10 millions de vaccinations par mois, qui a été atteint en avril, et qui sera donc de 20 millions au mois de mai et de 30 millions au mois de juin. Sur cet objectif central se greffe un objectif de vaccination selon les catégories professionnelles : d'abord les soignants, puis les professeurs et tous les personnels de l'Éducation nationale. Nous avons créé le circuit spécifique pour les personnels prioritaires, à savoir les personnels de l'éducation et les forces de l'ordre, pour les plus de 55 ans. Ce dispositif a eu un succès relatif ; 15 000 personnes ont été vaccinées. Je suis moi-même allé me faire vacciner dans un centre avec un vaccin AstraZeneca, pour rappeler que ce vaccin était tout à fait valable. Voyez, je suis en bonne santé ! Malheureusement, l'image de ce vaccin AstraZeneca explique la faible fréquentation des centres de vaccination pour les publics prioritaires de plus de 55 ans. Le dispositif reste ouvert, et, quel que soit le vaccin, puisque tous sont validés par nos autorités de santé, il faut se faire vacciner.

S'agissant des moins de 55 ans, l'accélération de la vaccination de la population générale va bénéficier au personnel de l'Éducation nationale. Le Président de la République a annoncé la date du 10 mai. Ainsi les personnels de l'Éducation nationale de moins de 55 ans pourront se faire vacciner au titre de la vaccination de la population générale. En avance de phase, les personnels de l'Éducation nationale pourraient être prioritaires, quand le seuil passera en dessous de 50 ans, dans peu de temps. Voilà la solution que nous encourageons et qui sera décidée lors d'un prochain conseil de défense. Fort heureusement, les professeurs ne font pas partie des catégories socioprofessionnelles les plus contaminées – ils sont en dessous de la moyenne – notamment grâce au respect des gestes barrières. Cela démontre que le virus ne circule pas plus en milieu scolaire qu'ailleurs – je l'ai souvent dit – et explique que nous maintenions des protocoles sanitaires stricts.

J'en viens à la question de la suite du Grenelle de l'éducation. Madame Faucillon semblait sous-entendre que cela ne faisait pas partie de mes préoccupations. Je souhaite la rassurer. Malgré la crise épidémique, les réformes se poursuivent, et des mesures très concrètes arriveront rapidement. Nous n'avons pas stoppé les différentes réformes, à l'instar de la réforme de l'EPS. Cette réforme centrale de l'éducation aura bel et bien lieu.

À la fin de ce mois de mai 2021, auront lieu les premières augmentations très significatives pour les professeurs les plus jeunes, de 100 euros par mois en début de carrière à 35 euros par mois après quinze ans d'exercice, de manière dégressive. En 2022, ces augmentations vont s'amplifier ; le travail budgétaire est en cours, dans le cadre de discussions avec les organisations syndicales, dont j'espère qu'elles déboucheront au mois de mai. Certes, il y a un petit retard, mais parce que ces discussions sont approfondies. Elles permettront des revalorisations, pour les plus jeunes notamment, mais pas seulement. Nous menons aussi une modernisation des ressources humaines de l'éducation nationale, et encourageons une plus grande personnalisation de la carrière des enseignants. Les mesures ne se limitent pas à des mesures d'augmentation des rémunérations. Je vous rassure, le mouvement est enclenché, il sera visible dès le mois de mai et continuera en 2022 et, j'espère, au-delà. Dans tous les cas, si je participe à une majorité future, j'y contribuerai très fortement, car vous savez à quel point cet enjeu me mobilise. Nous devons bien rémunérer nos professeurs, et cette crise a montré de manière éclatante à quel point ils jouent un rôle central dans notre société.

J'en viens à la diffusion des tests salivaires. Nous sommes dans une phase de montée en puissance. Vous pouvez tous, mesdames et messieurs les députés, par le biais des DASEN, poser des questions sur la politique de diffusion des tests dans votre territoire. Notre objectif est que toutes les écoles soient fournies, selon un maillage de plus en plus serré. L'obstacle principal n'est pas le nombre de tests à notre disposition, mais les enjeux d'acceptabilité à l'échelle locale. Dans tous les cas, vous pouvez nous signaler les angles morts.

Concernant le remplacement, nous avons recruté 6 000 professeurs contractuels supplémentaires lors de cette année scolaire et 8 000 assistants d'éducation dans le second degré. Nous avions par ailleurs créé 2 200 équivalents temps plein travaillé (ETPT) à la rentrée dans le premier degré et 2 700 contrats d'assistants d'éducation dans le second degré. Nous avons mobilisé des moyens très importants. Les recteurs ont des possibilités de recrutement ouvertes lors de cette dernière ligne droite des mois de mai et de juin, chaque fois qu'ils rencontrent des problèmes de remplacement. Cette mesure est inédite. Il s'agit moins d'une question budgétaire que de recrutement et de ressources humaines, par exemple dans les lieux enclavés. Notre objectif est d'assurer le remplacement à 100 %. Certains chiffres spectaculaires sont parfois donnés. Une organisation disait que des millions de journées de classe n'étaient pas assurées. En réalité, seulement 0,03 % des heures de cours ne sont pas assurées. Certains parents peuvent être agacés, à juste titre, mais il faut voir les efforts réalisés. Certes, rien n'est parfait, mais, dans la période actuelle, tout n'est pas parfait. Toutefois, reconnaissons les efforts de chacun. La situation est très grave, et dans de nombreux pays les écoles sont fermées.

Mme Faucillon m'a demandé pourquoi nous maintenions le grand oral. Vous avez parlé d'obstination. Rappelons tout d'abord le sens de cette épreuve. Le grand oral n'est pas une obstination du ministre. Il s'agit d'un important travail réalisé pour la réforme du baccalauréat, y compris un travail d'instruction auprès des lycéens. Tous les acteurs nous ont demandé de valoriser les compétences orales. Nous envoyons ainsi un très grand signal au système éducatif sur ces compétences orales. J'entends des reproches liés au caractère nouveau de cette épreuve. Je trouve votre argument incroyablement conservateur. Ainsi, il ne serait pas possible de faire quoi que ce soit de nouveau, car il y a toujours une première fois. Concernant les élèves, je ne parlerais pas de cobayes, mais de pionniers. Il s'agit d'une question de vision du monde et je ne savais pas que le conservatisme était votre bannière politique. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas la mienne.

Je parlais ce matin même avec des élèves, qui sont tout à fait enthousiastes. Je comprends certaines inquiétudes liées à la nouveauté ; elles sont réelles, mais accompagnons les élèves au lieu de renforcer ces inquiétudes. Chacun de nos discours, le vôtre comme le mien, participe du volontarisme positif ou du fatalisme que nous décidons pour l'avenir des jeunes. Dans ce programme, nous dessinons des perspectives bienveillantes, en matière de notation comme de conditions de passage. Je vous invite à y participer plutôt que de contribuer au cercle vicieux du pessimisme. Il n'est pas exact de dire que ces mesures ne sont pas préparées. Des ressources ont été allouées depuis le début de l'année scolaire, l'épreuve est définie depuis de nombreux mois et ses principes depuis le début de la réforme. Des oraux blancs sont déjà dispensés. Tout a été fait, il n'est pas bien de dire le contraire. J'ai demandé aux recteurs de bien s'assurer que l'information était transmise dans les lycées. Je vous invite à regarder la lettre que nous envoyons aux professeurs régulièrement sur ces questions, notamment depuis le début de l'année scolaire.

Enfin, cette épreuve correspond aux enseignements de spécialité. Chaque élève de terminale en a deux. Avec six heures de cours par semaine, à huit ou dix semaines du grand oral, il y a encore du temps disponible pour préparer ces oraux de vingt minutes, pour lesquels un exposé initial de cinq minutes est prévu. Cet exposé initial porte sur deux questions possibles, préparées à l'avance, l'élève choisissant l'une des deux. Le grand oral constitue une innovation importante pour nos élèves, qui consacre à la fois les enseignements de spécialité, plébiscités par les élèves, et l'exercice oral en tant que tel, jugé avec bienveillance par les jurys. Préparer le baccalauréat consiste aussi à se préparer à ce qui va les faire réussir ensuite. Il serait plus facile de supprimer cette épreuve, mais je pense que la majorité des élèves sera contente d'avoir connu ce rite de passage vers la suite de leur parcours.

Concernant le contrôle continu, vos propos ne sont pas vrais, je ne souhaite pas privilégier les établissements hors contrat par rapport aux établissements publics. Les contraintes dans le domaine hors contrat sont plus importantes, puisque les élèves doivent passer plus de dix épreuves, selon la formule que nous avions retenue. En effet, il nous faut vérifier que les notes de contrôle continu soient bien sincères. Les propos entendus dans le domaine hors contrat au regard de mes exigences sont symétriques des vôtres ; j'essaie de maintenir une position d'équilibre. Nous avons pris hier des mesures d'assouplissement pour l'enseignement public et le privé sous contrat ; il était normal d'en faire autant pour les établissements hors contrat. Les élèves hors contrat vont passer leurs épreuves terminales d'enseignement de spécialité, celles-là mêmes qui ont été transformées en contrôle continu pour les élèves du public et du privé sous contrat, ce qui constitue bien une différence. Nous serons attentifs à ce qu'il n'y ait aucune distorsion constatée entre le contrôle continu des élèves hors contrat et leurs résultats lors des épreuves terminales. Il ne peut pas se passer n'importe quoi dans ces écoles, question déjà abordée lors de récents débats législatifs ; nous souhaitons un minimum de garanties sur le contenu de l'enseignement, pour toutes les écoles.

Madame Mörch, nous avons souhaité que, durant les vacances de printemps, les enfants puissent bénéficier de l'ouverture des structures sportives. Nous avons rencontré un certain succès, mais aussi des limites, dont nous devons tirer les leçons, notamment concernant nos partenariats avec les collectivités territoriales. Je laisserai Mme la ministre compléter ma réponse.

Madame Bannier, vous avez signalé qu'un professeur dans un lycée professionnel ne verrait pas ses élèves d'ici au mois de septembre. Cela n'est évidemment pas possible, nous devons examiner ce cas particulier. Nos mesures ne doivent pas aboutir à une telle conséquence, dans aucun lycée. J'espère même que nous allons revenir à une jauge pleine d'ici à la fin de l'année scolaire, même si je ne suis pas certain que cela soit possible. Les lycées professionnels sont particulièrement prioritaires, au regard de notre volonté de faire revenir les élèves physiquement dans les établissements.

Madame Victory, je vais travailler autant que possible sur un retour à la normale pour les classes ULIS. Les réponses données sur le site internet évoluent régulièrement et détaillent les mesures mises en œuvre en lien avec les autorités de santé. Je note le point que vous soulignez, pour voir si nous pouvons encourager des évolutions.

Enfin, à la question de savoir quand nous pourrons chanter sans masque, j'aimerais pouvoir vous donner une réponse très positive. Vous savez mon attachement à la pratique du chant choral. Nous sommes particulièrement volontaristes sur ce point pour l'année prochaine, tout comme sur la pratique théâtrale. Chanter, c'est comme manger, ces verbes sont les plus problématiques, non pas grammaticalement, mais au regard de la situation sanitaire. Nous lèverons les interdictions en dernier. La pratique du chant avec masque est déjà possible, c'est une bonne chose.

Je suis très sensible aux difficultés du suivi des enfants malades ; je souhaite examiner la situation en détail, pour proposer des améliorations concrètes. Nous rendrons publique très bientôt une innovation, à savoir le déploiement de robots sur lesquels nous avons travaillé depuis plus de deux ans. Ces robots permettent à l'enfant, depuis son lit d'hôpital, de suivre les cours de la classe. Grâce à des associations, des expérimentations sont déjà menées dans l'Allier. Nous allons déployer ces robots à grande échelle, avec, en arrière-plan, un développement industriel français. Les premières mesures seront opérationnelles en cette fin d'année scolaire.

Madame Brugnera, vous signalez un problème social. Des élèves ne viendraient pas en cours car leurs familles ne pourraient pas leur fournir de masques. Cela est tout à fait anormal. Des distributions de masques ont eu lieu en début d'année – ils ont été envoyés directement aux familles – et l'allocation de rentrée scolaire a été augmentée. De plus, en tant qu'employeurs, nous distribuons des masques dans le primaire tout comme dans le secondaire, pour couvrir tout d'abord les besoins de nos personnels. Cette organisation est efficace, alors que la distribution de stocks de masques dans 60 000 implantations scolaires est un véritable défi logistique. Parmi ces masques, nous distribuons un certain pourcentage à des élèves qui, pour des raisons sociales ou autres, n'en auraient pas. Si pour des raisons sociales un enfant ne peut pas avoir de masque, l'école en donne à la famille. Toute exception doit être signalée, afin que nous puissions agir.

Pourquoi ne pas cibler, dans notre politique de tests, les zones les plus touchées ? Telle est la stratégie que nous suivons. Si vous constatez que ce n'est pas le cas dans vos territoires, n'hésitez pas à le signaler, par le biais des autorités de l'Éducation nationale.

La fourniture de détecteurs de CO2 et de purificateurs d'air relève de la compétence des collectivités locales ; je respecte leurs prérogatives, car on pourrait nous reprocher d'être interventionnistes. Depuis plusieurs mois, nous recommandons l'utilisation de ces deux dispositifs. Dans les deux cas, nous donnons un certain nombre de recommandations. S'agissant des détecteurs de CO2, il s'agit en fait de thermomètres ; n'oublions pas l'essentiel, à savoir le brassage d'air toutes les heures. Rien ne remplace l'ouverture des fenêtres. Concernant les purificateurs d'air, des études scientifiques très complexes ont été menées. Les autorités de santé restaient très prudentes. Sur le plan technique le sujet est ardu. Nous encourageons ces purificateurs, mais pas n'importe comment. Quant à la dimension financière, nous avons donné la consigne aux préfets d'aider les collectivités locales pour installer ce dispositif. Certaines collectivités ont été en pointe, nous ne pouvons que les en féliciter ; nous les avons encouragées dans l'exercice de leurs compétences, par exemple pour l'aménagement des cantines. Si nous nous étions substitués aux collectivités, des reproches auraient été formulés. Par l'intermédiaire des préfets, nous restons dans une position d'appui et de conseil, notamment en matière financière quand cela est nécessaire.

Fort heureusement, le décrochage scolaire ne s'est pas amplifié en 2020. Une fois consolidées, nous pourrons comparer les données internationales. Je pense qu'il s'agira d'une spécificité française dont il nous faudra nous réjouir. Pour 2021, je n'en suis pas certain. Il s'agit d'un défi qui est encore devant nous. Cependant, les indicateurs sont meilleurs cette année, si bien que nous ne devrions pas constater une aggravation du décrochage, et nous faisons tout pour que ce ne soit pas le cas. Nous devons prioritairement renforcer nos liens avec les missions locales. Mme Charrière connaît bien le sujet, notamment pour les 16-18 ans. Je ne reviens pas sur les actions déployées : outils numériques pour aller chercher les décrocheurs et leur proposer des suivis personnalisés, par le biais de dispositifs propres à l'Éducation nationale ou externes, le plan « 1jeune 1solution », l'encouragement de l'apprentissage, la collaboration avec les lycées professionnels, le service civique et d'autres dispositifs encore. Cet enjeu est majeur. Une palette d'outils est déployée, soutenue par des moyens renforcés en 2021.

Vos questions, monsieur Freschi, ne sont pas sans lien avec le point précédent. Les vacances apprenantes représentent aussi un outil direct ou indirect de lutte contre le décrochage. Les vacances apprenantes de 2020 rappellent la priorité que nous donnons à la jeunesse et notre volonté d'offrir des vacances à un maximum d'enfants. Nous avons touché un million d'enfants. Cette palette de dispositifs sera remise en route en 2021, avec encore plus de force. Nous venons de décider un budget supplémentaire de 120 millions d'euros. Nous allons aussi travailler avec l'ensemble des collectivités locales et des acteurs de l'éducation populaire et du monde sportif, en synergie avec Roxana Maracineanu, ce dont nous sommes fiers. Il s'agit d'impliquer toujours plus les fédérations sportives, qui ont signé avec nous des engagements en la matière, et les clubs sportifs, pour qu'ils soient aussi des acteurs des vacances apprenantes. Nous promouvons une série d'innovations ; par exemple, avec la fédération de cyclotourisme, nous encourageons la découverte du patrimoine à vélo, cet été. Nous ferons flèche de tout bois. Mesdames et messieurs, vous êtes des acteurs de terrain. Nous sommes très ouverts à vos idées en cette période préparatoire.

Madame Le Grip, je vous remercie pour vos propos concernant la circulaire sur l'écriture inclusive. Je me suis exprimé sur ce sujet à l'Assemblée dès 2017. Le Premier ministre avait déjà agi en ce sens. Il a fallu préciser des points à nouveau. Nous sommes très engagés pour l'égalité hommes-femmes. De nombreux sujets avancent, notamment grâce à notre déléguée ministérielle. Nous sommes le premier ministère à avoir signé la charte #JamaisSansElles. S'agissant des enjeux de vocabulaire et de grammaire, la féminisation des titres avance. En revanche, je ne céderai jamais sur l'écriture inclusive. Je n'aime pas ce terme, qui vient galvauder des sujets aussi importants que l'égalité entre les hommes et les femmes et qui abîme la langue : les inconvénients du point médian sont multiples, par exemple pour les enfants dyslexiques ou non-voyants. Notre langue est magnifique, elle est faite de difficultés et l'enjeu est la réussite de sa transmission pour tous les enfants, notamment pour les plus défavorisés, qui, culturellement, en famille, ne disposent pas des moyens de cette transmission. Le point médian constitue un risque énorme pour la transmission du français. Notre priorité est la transmission des savoirs fondamentaux à l'école primaire, et la question de la langue est aussi un enjeu de société. Je ne voudrais pas que des thèmes faussement sociétaux deviennent de vrais problèmes sociaux. C'est pourquoi cette circulaire est claire et équilibrée. Nous devons bien la faire comprendre et notre combat pour l'égalité hommes-femmes continue, en empruntant les bonnes pistes et non les fausses.

Nous précisons les modalités de présence au contrôle terminal sur le site du ministère. Nous sommes très attentifs aux conditions sanitaires. Actuellement, nous organisons des concours dans des conditions sanitaires satisfaisantes. Nous sommes très attentifs aux épreuves de BTS à venir, pour qu'elles se déroulent dans les meilleures conditions. Par ailleurs, j'espère que certaines actions de protestation n'iront pas contre la sécurité sanitaire de ces examens.

Pour l'EPS, trois épreuves de contrôle en cours de formation sont prévues. Si ces rendez-vous ne sont pas possibles, les notes du bulletin sont prises en compte. Le contrôle continu remplace le contrôle en cours de formation, s'il n'a pu avoir lieu. Je souhaite saluer les professeurs d'EPS, qui sont chargés de l'adaptation des règles et qui ont été remarquables au cours de cette crise.

J'en viens aux directeurs d'école. Je suis très mobilisé, comme vous, madame Rilhac, pour que votre proposition de loi soit adoptée avant la fin du quinquennat. Ainsi, seraient consacrées vos idées novatrices, qui sont le fruit de concertations extrêmement approfondies avec les directeurs et directrices d'école et l'ensemble des acteurs du premier degré. Ce sujet n'a jamais été simple, mais il a connu de grandes avancées, grâce au travail que vous avez accompli, mesdames et messieurs, pour élaborer cette proposition de loi, et au Grenelle de l'éducation. Nos propositions ont convergé, et j'ai bon espoir que nous puissions annoncer des mesures nouvelles non législatives pour les directeurs et directrices d'école, à la faveur du Grenelle, comme nous l'avons fait en septembre dernier. Les mesures s'additionnent. Ainsi, nous devons faire en sorte de préserver un tout cohérent, entre la loi, d'une part, et les nouvelles mesures non législatives, d'autre part. Ainsi, en quatre temps, nous aurons obtenu une amélioration profonde du cadre juridique des directeurs et directrices d'école, de leurs conditions financières d'exercice, des critères de bien-être au travail et d'organisation du travail. Nous avons réalisé des efforts importants en matière de décharge, que je constate sur le terrain, par exemple dans l'école où je me suis rendu avec le Président de la République pour la rentrée de l'école primaire il y a deux semaines : les directeurs étaient en décharge complète grâce aux nouvelles mesures que nous avons prises.

Madame Meunier, je suis en dissonance par rapport à vos remarques initiales. Vous dites que nous serions en retard en matière scolaire par rapport à d'autres pays. Je vous invite à examiner les données de l'OCDE et de l'UNESCO. S'il y a bien un point sur lequel la France est saluée, y compris par les médias internationaux, c'est sur le fait d'avoir su maintenir les écoles ouvertes. Il s'agit d'une victoire collective, et cette dimension collective ne doit pas être abîmée en niant l'évidence, une évidence au service des enfants. Essayons de cultiver collectivement un volontarisme et un optimisme pour nos enfants.

Par ailleurs, vous vous étonnez du fait qu'il n'y ait pas de demi-jauge dans le privé. En réalité, dans un premier temps, nous avons offert la possibilité aux lycées d'être en demi-jauge, au cas par cas, en fonction des locaux. Ainsi, certains établissements sont passés en demi-jauge, d'autres sont restés en pleine jauge, d'autres ont choisi des dispositifs intermédiaires, dans le public comme dans le privé. Les rectorats ont pris les décisions les plus appropriées. Depuis les décisions des mois de mars et d'avril, nous sommes entrés dans une nouvelle phase : la demi-jauge est obligatoire, pour tous, y compris pour l'enseignement privé.

Monsieur le président, je suis favorable à votre proposition de modification des normes. Dans l'immédiat, l'état d'urgence sanitaire nous a permis de prendre des dispositions équivalentes. Il nous faut examiner si des évolutions structurelles sont désormais nécessaires.

Concernant la politique d'orientation, il est tout à fait juste de dire que, comme d'autres sujets, les conditions sanitaires ont eu des conséquences négatives. Nous avons fait le maximum pour compenser ces désagréments, notamment au mois de mars lors du printemps de l'orientation, avec l'Office national d'information sur les enseignements et les professions (ONISEP) en figure de proue. Nous avons libéré du temps scolaire pour l'orientation, soit 54 heures par an de la seconde à la terminale, et plusieurs dizaines d'heures en 4e et en 3e. Les régions ont de nouvelles compétences en la matière. Nous sommes encore dans une période intermédiaire, les dispositifs ne sont pas encore pleinement développés, puisque tout a commencé au moment même où la crise sanitaire est survenue. Nous travaillons avec les régions, avec les branches professionnelles, avec le monde de l'enseignement supérieur, pour que les régions et l'Éducation nationale organisent la venue d'acteurs du monde de l'enseignement supérieur, du monde économique et du monde du travail dans les collèges et les lycées, afin de mieux présenter les métiers. Voilà qui commence, même si cela reste imparfait et incomplet. Néanmoins, cette année a connu des progrès, et ce qui a été fixé a vocation à s'accomplir. Nous devons préparer une année 2021-2022 emblématique de cette montée en puissance des régions. Puisque la campagne électorale régionale est en cours, il est important que ce thème soit présent dans les programmes.

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