Sans surprise, nous ne partageons pas votre enthousiasme à l'égard de votre cinquième rentrée, ni les éloges de votre majorité, car c'est un véritable recul de la lutte contre les inégalités à l'école que nous constatons. Lors de votre nomination, vous vous étiez engagé à garder ce qui fonctionne : à vos yeux, rien ne devait fonctionner, rue de Grenelle ! Vous êtes revenu sur les acquis du précédent quinquennat, en démantelant la réforme des rythmes scolaires et en abandonnant la réforme du collège.
Le non-renouvellement du dispositif « plus de maîtres que de classes » a eu pour conséquence d'augmenter le nombre d'enfants par classe. Quant au dédoublement des classes, il ne concerne finalement que 300 000 élèves en zones d'éducation prioritaire, excluant la majorité des élèves en difficulté hors de ces zones. Selon votre ministère, les effectifs en grande section n'ont baissé que de 1,8 % en REP et de 2,6 % en REP+. Les résultats des évaluations de rentrée en CP et CE1, publiées en novembre 2020 par la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP), montrent une forte progression des écarts entre les élèves et les écoles hors des zones d'éducation prioritaires.
Autre sujet d'inquiétude, depuis 2017, le ministère a maintenu une pression constante sur les effectifs et les rémunérations des enseignants. Nous sommes résolument d'accord avec ce que vous défendez dans votre ouvrage, que nos sociétés doivent investir massivement dans l'école. Mais alors pourquoi ne pas l'avoir fait ? Comment expliquer que la part du PIB dédiée aux dépenses d'éducation soit passée de 6,8 % en 2017 à 6,6 % en 2019 ? Alors que 60 000 postes avaient été créés lors du précédent quinquennat, depuis 2017, 8 000 ont été supprimés dans le secondaire et 300 dans l'enseignement agricole. Lorsque le Gouvernement crée 2 000 emplois dans le premier degré, il en supprime autant dans le second degré. On observe de grandes difficultés dans les recrutements et une augmentation inquiétante du nombre de démissions. La revalorisation des salaires des enseignants – aucun salaire inférieur à 2 000 euros net par mois, avez-vous annoncé – va dans le bon sens, mais son application, prévue en 2022, est reportée à 2024. Pouvez-vous nous donner des précisions sur ce point ?