Intervention de Frédérique Vidal

Réunion du mardi 28 septembre 2021 à 17h15
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Frédérique Vidal, ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation :

Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, quelle joie pour moi de vous retrouver tous ici cet après-midi, en présentiel, pour cette cinquième audition de rentrée du quinquennat. Ce rendez-vous avec le Parlement est bien entendu l'occasion de présenter les principaux enjeux de l'année universitaire qui s'ouvre, mais aussi de rappeler les valeurs et les objectifs portés par ce grand ministère que j'ai l'honneur de piloter depuis 2017. Cette rentrée est aussi particulière, car elle nous permet de dresser des premiers bilans et de faire le point sur toutes les avancées et les réformes que nous avons menées ensemble ces cinq dernières années.

Il y a cinq ans, nous tirions au sort les futurs étudiants, le taux d'échec en licence était alarmant, notre place dans les classements internationaux était décevante et le financement de notre recherche était gelé depuis dix ans. Aujourd'hui, « Parcoursup » garantit à un nombre de jeunes de plus en plus important de trouver leur voie dans l'enseignement supérieur, le taux d'échec en licence ne cesse de reculer, la mobilité sociale et géographique progresse un peu plus chaque année et l'apprentissage dans le supérieur maintient sa dynamique, en dépit de la crise sanitaire, qui n'a pas altéré sa formidable progression. La France est en troisième position mondiale du classement de Shanghai, derrière les États-Unis et le Royaume-Uni et à la première place en mathématique.

Ces avancées, ces réussites, ce sont aussi les vôtres, puisque c'est ensemble que nous avons mené les deux réformes majeures que sont la loi n° 2018-166 du 8 mars 2018 relative à l'orientation et à la réussite des étudiants, d'une part, et la loi de programmation de la recherche, d'autre part. Sans le Parlement, sans vous, nous n'aurions pu mener à bien ces grands projets de transformation de nos systèmes d'enseignement supérieur et de recherche.

Je voudrais rendre hommage aux travaux parlementaires, réalisés en particulier au sein de cette commission sous l'impulsion de son président, Bruno Studer, dans le cadre des missions flash, des rapports ou encore des propositions de loi. Je remercie notamment Mmes Fabienne Colboc et Muriel Ressiguier pour leur travail sur le financement des centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS), Mme Karine Lebon et M. Philippe Berta pour leur rapport sur l'accès en master, Mmes Danièle Hérin et Josette Manin pour leur travail sur l'université des Antilles, Mme Jacqueline Dubois pour son rapport sur l'inclusion, M. Benoit Potterie et Mme Valérie Bazin-Malgras pour leur travail sur les études de santé, Mme Céline Calvez et M. Stéphane Viry pour leur contribution sur les femmes et les sciences. Dans quelques semaines, et pour la cinquième fois, vos travaux porteront sur le budget de ce ministère. Autant de sujets que vous avez traités avec responsabilité et sérieux, et qui ont nourri et accompagné les actions de ce gouvernement.

Après deux années bouleversées par la crise, nous nous retrouvons pris entre deux temporalités : une projection vers l'avenir, d'abord, portée par cette rentrée réalisée entièrement en présentiel qui redonne tant d'élan et de perspectives à nos étudiants ; le temps des premiers bilans, ensuite, qui nous permet de revenir sur les actions que nous avons accomplies ensemble, mais aussi sur la crise que nous avons traversée.

De cette crise, les leçons à tirer sont nombreuses, mais je voudrais surtout en retenir deux : d'une part, l'engagement, la responsabilité et la résilience de nos étudiants et, d'autre part, le constat que la réussite n'est pas seulement une réalité d'ordre académique puisqu'elle naît aussi au cœur des échanges et des rencontres, qui lui donnent corps. Ces deux leçons m'ont convaincue qu'il fallait offrir à nos étudiants une rentrée la plus normale possible. Je m'étais engagée, en juin dernier, à ce que la rentrée se fasse entièrement en présentiel et cet objectif, grâce à une mobilisation collective sans précédent, a été atteint.

Cette reprise, nous l'avons préparée dès le printemps, notamment dans le cadre du groupe de travail présidé par la rectrice Françoise Moulin Civil, en lien avec l'ensemble des acteurs de l'enseignement supérieur, dans les territoires et au niveau national. Cette anticipation nous a notamment permis de déployer dès le début de l'été une stratégie de sensibilisation et d'accompagnement des étudiants vers la vaccination, qui porte aujourd'hui ses fruits.

En effet, plus de 80 % des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont un schéma vaccinal complet et près de 90 % ont reçu au moins une dose de vaccin. Ces excellents chiffres sont le résultat des actions menées, mais aussi de la responsabilité des étudiants. Conformément aux circulaires encadrant la rentrée universitaire, nous avons déployé, avec les agences régionales de santé, une offre de vaccination dans les campus ou à proximité immédiate de ceux-ci. Nous maintenons nos efforts sur la vaccination, notamment en direction des étudiants internationaux issus de pays classés « rouge » et non vaccinés avant leur départ.

Responsables, matures et engagés sur la vaccination : les étudiants ont largement prouvé qu'ils l'étaient pendant la crise et ils le prouvent à nouveau en cette rentrée. C'est pourquoi j'ai souhaité que les soirées festives et les week-ends d'intégration, qui sont au cœur de la vie étudiante, puissent être autorisés, tout en étant, bien sûr, encadrés. Ces événements, qui se déroulent en dehors des sites universitaires, sont les seuls à être soumis au pass sanitaire. Partout ailleurs sur leurs campus, le pass n'est pas demandé aux étudiants, que ce soit pour leurs cours ou pour leurs activités sportives, culturelles ou associatives car, encore une fois, nous leur faisons confiance et dans ce « nous », j'inclus bien entendu tous les personnels de l'enseignement supérieur et de la recherche. Si la vie universitaire et de campus peut reprendre normalement son cours, c'est aussi grâce à eux, à leur travail résolu pendant la crise, puis au service de cette reprise que nous avons préparée ensemble. Je voudrais saluer leur engagement et les remercier pour cette mobilisation sans faille.

Devant cette situation encourageante, nous restons vigilants : les gestes barrières sont toujours de rigueur et nous anticipons une éventuelle reprise épidémique, au niveau local ou national, avec des plans d'action prêts à être déployés rapidement.

Il est important de poursuivre les initiatives engagées pendant la crise, mais je voudrais rappeler que ce gouvernement n'a pas attendu la pandémie pour se préoccuper de la précarité des étudiants et qu'il continuera à le faire, une fois la crise derrière nous. L'une des premières mesures que j'ai souhaité prendre en arrivant à la tête de ce ministère en 2017 a été de supprimer la cotisation à la sécurité sociale étudiante, ce qui a représenté pour les étudiants une économie de 200 euros par an. Cette politique s'est poursuivie chaque année avec une réduction du coût de la rentrée et une réponse toujours plus personnalisée et rapide aux problèmes que pouvaient rencontrer les étudiants. Pour la deuxième année consécutive, les droits d'inscription ont été gelés et, pour la troisième année consécutive, les bourses sur critères sociaux ont été revalorisées au-dessus du taux d'inflation.

Il est vrai que la situation s'est nettement améliorée, mais la crise et ses effets académiques, sociaux ou psychologiques ne sont pas encore derrière nous. C'est pourquoi j'ai souhaité reconduire et prolonger un certain nombre de dispositifs mis en place l'année dernière. Il en est ainsi des 20 000 postes de tuteurs étudiants annoncés le 4 décembre dernier et déployés progressivement dans les campus au cours du dernier semestre. Depuis janvier, plus de 3,6 millions d'heures de tutorat ont été dispensées. Je me réjouis de la réussite de ce dispositif, qui dépasse le seul cadre académique pour offrir un accompagnement humain, plus que jamais indispensable. Cette mesure sera prolongée pour toute l'année universitaire qui s'ouvre.

Cet accompagnement humain, c'est aussi le soutien psychologique apporté aux étudiants. Ce gouvernement a été le premier à décider d'affronter ce sujet à bras-le-corps. La plateforme Santé Psy Étudiant a été créée en un temps record – moins de cinq semaines – en s'appuyant sur un réseau de psychologues et sur les services de santé universitaire, que nous avons consolidés par des emplois. La détresse psychologique ne disparaîtra pas instantanément avec la reprise. J'ai donc souhaité prolonger ce dispositif d'accompagnement psychologique, qui a permis à 9 400 étudiants de bénéficier de 32 000 séances dispensées par plus de 1 700 professionnels, partout sur le territoire depuis le mois de mars dernier. Là encore, ce dispositif a prouvé toute son efficacité et il était impératif qu'il soit maintenu.

Le soutien aux étudiants se poursuit également avec la lutte contre la précarité alimentaire. À cet égard, les étudiants boursiers et les étudiants les plus vulnérables continuent de bénéficier du ticket restaurant universitaire à 1 euro. Nous l'avions mis en place en septembre 2020 pour les boursiers, avant de le généraliser à l'ensemble des étudiants en janvier 2021. Ce dispositif déployé par les CROUS a permis de servir 14,4 millions de repas entre janvier et juin. Le réseau des œuvres a ainsi été au rendez-vous de cette crise et je tiens à rendre hommage à l'ensemble de ses personnels. Les CROUS ont également été à l'avant‑poste pour le déploiement des distributeurs de protections hygiéniques gratuites, qui se poursuit en cette rentrée. Là encore, c'est ce gouvernement qui a décidé de regarder en face la question de la précarité menstruelle des étudiantes et d'y répondre.

Le logement, premier poste de dépenses des étudiants, est également une priorité de mon action depuis le début du quinquennat. Depuis 2017, nous avons rénové plus de 12 000 logements étudiants. Grâce au volet immobilier de France Relance, qui consacre 1,3 milliard d'euros à la rénovation énergétique des bâtiments d'enseignement supérieur, dont 250 millions pour les résidences et restaurants des CROUS, nous allons pouvoir accélérer ces efforts, pour aboutir d'ici trois ans à la rénovation quasi complète du parc des CROUS. Ce sont ainsi vingt CROUS qui ont été lauréats du plan de relance pour des opérations très structurantes sur l'ensemble du territoire.

Je suis très attentive, depuis ma prise de fonction, à la situation des cités universitaires. J'étais début septembre à Marseille, à la Cité des Douanes, sur l'un des chantiers de logements du CROUS pour lequel 7,45 millions d'euros sont investis : 200 places y seront créées pour les jeunes du territoire. Autre exemple, celui du campus de Villeneuve d'Ascq, pour lequel 92 millions d'euros ont été mobilisés en vue de la rénovation complète de la résidence universitaire. Le CROUS s'est attaché à réaliser un plan de programmation qui permette de phaser au mieux les opérations, au fur et à mesure de la fermeture programmée des logements. Ce sont ainsi 578 étudiants qui, au cours de l'année universitaire 2020-2021, ont pu être relogés dans le patrimoine du CROUS.

Peu de gouvernements ont fait de la jeunesse et des étudiants une priorité aussi marquée et la rentrée 2021 bénéficie des efforts que nous avons réalisés depuis 2017. La protection sociale des étudiants est prise en charge par la sécurité sociale. Le cautionnement solidaire Visale a été étendu à l'ensemble des étudiants. La création de la contribution de vie étudiante et de campus (CVEC), grâce aux 140 millions d'euros qui lui sont consacrés, a aussi permis aux établissements de répondre aux besoins des étudiants. Pour redynamiser le tissu associatif qui a été malmené pendant la crise, j'ai souhaité que les établissements puissent travailler avec les étudiants autour de budgets participatifs pour relancer les activités de ces associations. Nous allons récompenser les meilleures initiatives qui ont été portées par les associations étudiantes en matière de prévention, de solidarité, de citoyenneté et de transition écologique durant la crise et nous leur permettrons de lancer de nouvelles actions grâce à des financements dédiés.

La crise nous a beaucoup appris sur le numérique et l'hybridation des formations et le 100 % présentiel ne s'oppose en aucun cas à la poursuite de la formidable modernisation que nous avons engagée. Les technologies numériques sont un allié très puissant pour l'enseignement et je suis convaincue qu'elles peuvent être un ferment d'innovation et de créativité. Je défendrai toujours la relation pédagogique fondée sur le face à face et l'interaction immédiate, mais je suis aussi convaincue que ces échanges peuvent être nourris, renforcés et complétés par la technologie. C'est toute l'ambition de la stratégie enseignement et numérique portée par le quatrième programme d'investissements d'avenir (PIA). Cette stratégie a pour vocation de mettre le meilleur des technologies du numérique au service du travail collaboratif, de l'interactivité et d'une approche beaucoup plus fine des progrès de chaque étudiant. Beaucoup de transformations ont été amorcées par les établissements grâce au soutien apporté par l'État à l'hybridation des formations durant la crise, notamment grâce à France Relance. La stratégie enseignement et numérique va permettre de les amplifier dans le cadre de démonstrateurs numériques de l'enseignement supérieur qui définiront les pédagogies de demain. C'est bien aussi ce que garantissent les campus connectés, qui développent un enseignement distanciel dans un environnement collectif, et ce dans près de quatre-vingt-dix villes moyennes situées partout sur le territoire.

L'actualité de cette rentrée, ce sont aussi ces plus de 501 000 néobacheliers qui franchissent pour la première fois le seuil de l'enseignement supérieur, avec des chances et des perspectives qui ont considérablement évolué. En 2016, un lycéen qui entrait en licence avait 41 % de chance de réussir son année. En 2018, ce taux est passé à 45,4 % et notre objectif est qu'il atteigne 47 % en 2022. Grâce à la loi « orientation et réussite des étudiants », ce grand fléau de l'échec en licence est enfin en train de reculer. C'est en grande partie grâce à vous, grâce au vote de cette loi de 2018 et à la création de « Parcoursup », qui a permis cette grande transformation de l'accès et de l'orientation dans l'enseignement supérieur.

Sur « Parcoursup » en particulier, nous n'avons cessé de progresser depuis 2017. À l'issue de la procédure de cette année, il reste 239 lycéens sans solution, contre 591 l'an dernier et, comme chaque année, nous allons les accompagner jusqu'au bout dans le cadre des commissions d'accès à l'enseignement supérieur. Ils sont 501 000 néobacheliers à avoir trouvé une formation qui répond à leur attente, sous statut étudiant ou en apprentissage, avec une offre qui s'enrichit un peu plus chaque année. Pour la campagne 2021, les écoles nationales de vétérinaires et Sciences Po ont rejoint la plateforme, ainsi que de nouvelles formations, comme les parcours préparatoires au professorat des écoles et les cycles pluridisciplinaires d'études supérieures. Par ailleurs, parmi les 34 000 places créées dans l'enseignement supérieur pour la rentrée 2021, plus de 13 000 l'ont été en première année, notamment en brevet de technicien supérieur (BTS), en instituts de formation aux soins infirmiers et en licence.

Malgré la crise sanitaire, qui n'aura pas eu raison de sa dynamique, l'apprentissage poursuit sa montée en puissance avec plus de 6 000 formations proposées aux candidats, soit une augmentation de 42 % par rapport à 2020 et de 85 % par rapport à 2018. Ils sont déjà 25 000 cette année, via « Parcoursup », à entamer une formation en apprentissage et ce nombre va croître, car la phase d'inscription se prolonge jusqu'au 30 octobre 2021.

On ne mesure pas la révolution qu'ont provoquée le « Plan Étudiants » et la loi relative à l'orientation et à la réussite des étudiants. Depuis 2017, plus de 152 000 propositions supplémentaires ont été intégrées sur la plateforme « Parcoursup ». Il y a l'effet des nouvelles formations intégrées dans la plateforme, qui sont désormais 20 000. Il y a surtout les 74 000 nouvelles places qui ont été financées par le Gouvernement et ouvertes, concrètement, dans les établissements d'enseignement supérieur. Le programme 150, qui finance les universités, a progressé d'un peu plus de 1 milliard d'euros depuis 2017. C'est bien la preuve que le « Plan Étudiants » a été exécuté à l'euro près, au service de la réussite étudiante.

Depuis cinq ans, nous avons tracé ensemble le chemin pour lier démocratisation et réussite dans l'enseignement supérieur. Nous accueillons plus d'étudiants, nous les faisons mieux réussir, et ce, partout dans les territoires.

La mécanique de « Parcoursup » permet de faire une meilleure place aux étudiants boursiers dans toutes les filières, notamment dans les formations sélectives, en classes préparatoires aux grandes écoles et dans les bachelors universitaires de technologie. La mobilité académique a été dynamisée. Enfin, nous avons rendu les formations mobiles pour les conduire dans tous les territoires. J'ai évoqué les campus connectés, mais je voudrais également mentionner les campus « cœur de territoires » que le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) réalise à la demande du ministère dans le cadre de l'opération « Action cœur de ville ». C'est la première fois que nous menons une politique territoriale de diffusion des formations du supérieur. Je rappelle que soixante-six campus connectés sont installés en zone rurale. C'était un engagement du Président de la République à la suite du grand débat national, c'était l'un des engagements rappelés dans le cadre de l'agenda rural. Ce que nous avons dit, nous l'avons fait.

Le « Plan Étudiants », c'est 1 milliard d'euros pour transformer le premier cycle, son accès, ses capacités d'accueil mais surtout ses enseignements et ses parcours.

La réforme des études de santé représente à cet égard une transformation majeure, à laquelle vous êtes tous très attachés. Notre préoccupation, c'est de permettre à tous nos jeunes de démarrer leurs études de médecine et, grâce aux transformations du deuxième et du troisième cycles, de pouvoir faire leur externat et leur internat partout sur le territoire, avant de s'installer. Nous avons mis fin l'année dernière à l'absurdité de la première année commune des études de santé (PACES) pour faciliter l'accès des études en santé partout sur les territoires, tout en diversifiant les profils des futurs médecins, car la médecine de demain sera différente de celle d'aujourd'hui – la crise nous en a rappelé l'absolue nécessité.

En créant les PASS et les L.AS l'an dernier, nous avons remplacé un canal de sélection unique et défaillant par une pluralité de parcours, qui permettent aux étudiants de rebondir, d'affirmer et de valoriser leur singularité. La mise en œuvre de cette réforme en pleine crise sanitaire n'a, bien entendu, pas été simple et cette année sera l'occasion de procéder aux ajustements nécessaires et d'améliorer l'information qui a parfois manqué aux étudiants, notamment grâce aux comités de suivi qui vont être mis en place dans les établissements. Je tiens ici à saluer Mme Valérie Bazin-Malgras et M. Benoit Potterie pour leur travail sur cette question.

Grâce aux dispositions de la loi du 24 juillet 2019 relative à l'organisation et à la transformation du système de santé, que le député Gaël Le Bohec a tout particulièrement suivie au sein de cette commission en 2019, la PACES et le numerus clausus appartiennent désormais au passé. Nous pouvons en être fiers : notre pays n'avait jamais accueilli autant d'étudiants. Au total, 17 660 places ont été offertes dans les filières de médecine, pharmacie, odontologie et maïeutique à la rentrée 2021, soit une augmentation globale de 17,8 % par rapport à l'an dernier. Cette augmentation concerne particulièrement la filière médecine avec 11 173 places de plus offertes cette année, soit une augmentation de 19,4 % par rapport à 2020. Jamais une telle augmentation n'avait été décidée depuis la mise en place d'une sélection à l'entrée des études de santé il y a cinquante ans.

Cette réforme de l'accès à l'enseignement supérieur doit aussi renforcer l'égalité des chances dans notre pays. La plateforme « Parcoursup « porte résolument cette ambition grâce à une politique très volontariste de taux qui, d'année en année, fait progresser la mobilité sociale et géographique de nos jeunes. Ainsi, plus de neuf lycéens boursiers sur dix ont reçu une proposition dans une formation supérieure cette année. Ils n'étaient que 85 % en 2017. La moitié des lycéens technologiques a reçu une proposition d'admission en institut universitaire technologique (IUT), soit une augmentation de 15 % par rapport à 2020 et 72,8 % des lycéens professionnels ont reçu une proposition d'admission en section de technicien supérieur. S'agissant de la mobilité géographique, la proportion de lycéens ayant accepté une proposition en dehors de leur académie a augmenté de 5,2 % cette année et ils sont près de 19 000 boursiers à avoir sollicité l'aide à la mobilité de 500 euros, soit presque deux fois plus qu'en 2019.

Parmi les innovations de cette rentrée, je voudrais aussi insister sur les bachelors universitaires de technologie. Ce diplôme remodelé, fondé sur une approche par compétences, permet d'améliorer la représentativité des bacheliers technologiques dans la filière qui leur était dédiée, celle des IUT. Grâce au mécanisme des taux, les bacheliers technologiques ont davantage de chances d'accéder à ces formations, mais ils ont aussi plus de chances de réussir. Cette réforme n'est pas seulement technique, elle porte une transformation pédagogique ambitieuse, qui s'appuie sur leurs acquis et facilite leur insertion professionnelle en leur conférant le grade de licence. Vous le voyez, en quatre ans, nous avons réellement transformé l'accès à l'enseignement supérieur et je me félicite que nous ayons pu le faire ensemble.

Après le premier cycle et la loi « orientation et réussite des étudiants », l'un de nos défis est aujourd'hui le niveau du master, dont l'accès peut se trouver altéré par une très forte tension dans certaines filières. Poursuivre ses études en master lorsqu'on a réussi sa licence est un droit depuis la loi du 23 décembre 2016 portant adaptation du deuxième cycle de l'enseignement supérieur français au système Licence-Master-Doctorat. Ce droit doit être une réalité, mais la loi de 2016 réaffirmait aussi la sélectivité de l'entrée en master. C'est pourquoi nous avons donné aux établissements les moyens nécessaires pour créer le nombre de places qui leur paraissait pertinent au regard de l'insertion professionnelle, soit près de 4 400 places supplémentaires en master, principalement dans les filières les plus en tension, la psychologie et le droit. Pour les étudiants qui se retrouvaient sans perspective après leur licence, le dispositif de saisine des rectorats a été amplifié. À ce jour, le nombre de saisines recevables est en légère baisse, avec 7 414 saisines contre 8 112 l'année dernière. Près de 2 300 propositions ont d'ores et déjà été adressées aux étudiants et ce travail se poursuit dans les rectorats. Je tiens à remercier l'ensemble des personnels pour la finesse d'orientation et d'analyse de leur travail au service de nos étudiants.

Nous avons ouvert il y a quelques mois un chantier d'amélioration de cette procédure sur le plan qualitatif. Nous avons fait évoluer dès cette année le décret d'application de la loi, notamment pour rendre le droit à la poursuite d'études plus fluide et apporter aux étudiants en situation de handicap un droit au réexamen, comme à l'entrée dans l'enseignement supérieur. L'année prochaine, nous allons faire évoluer la plateforme « Trouver mon master » pour synchroniser les campagnes d'admission en master. L'une des difficultés majeures tient au fait que la date à laquelle les étudiants reçoivent une réponse varie énormément d'une université à l'autre, et ils ne pensent pas toujours à renoncer aux places qu'ils ne prendront pas. Grâce à l'évolution de la plateforme, nous obtiendrons une meilleure visibilité sur le nombre de places offertes en master.

Nous avons aussi travaillé sur la question essentielle des violences sexistes et sexuelles. J'ai entendu de nombreux témoignages d'étudiantes et d'étudiants victimes et j'ai confié à l'inspection générale plusieurs missions, dont les conclusions très riches m'ont été remises, ainsi qu'à Mme Élisabeth Moreno, ministre déléguée à l'égalité entre les femmes et les hommes, à la diversité et à l'égalité des chances, au mois de juillet. Afin de franchir collectivement une nouvelle étape dans la prévention et la prise en charge de ces situations de violences, qui sont inacceptables dans l'enseignement supérieur, je présenterai un plan national d'action au début du mois d'octobre. Il est le fruit d'un travail associant les étudiants et l'ensemble de la communauté de l'enseignement supérieur et de la recherche. Ce plan s'appuiera sur quatre axes : un plan de formation et de sensibilisation massif, un renforcement des dispositifs existants, une meilleure communication et la valorisation des initiatives étudiantes et des personnels. Inscrit dans la durée, il doit permettre d'endiguer ces violences et de faire bénéficier victimes et témoins d'un accompagnement psychologique ou légal et d'un traitement adapté à leur situation. Avec ce plan, la tolérance zéro ne sera pas qu'un simple principe mais une ligne de conduite claire et unanime.

L'autre lutte que nous devons mener de front, c'est celle de la transition écologique. Le monde de l'enseignement supérieur et de la recherche sait depuis longtemps que le combat contre le réchauffement climatique n'est plus une option. Ce combat doit tous nous réunir, quels que soient notre sensibilité politique, notre milieu social ou notre catégorie professionnelle. Vous avez eu de très beaux débats à ce sujet dans l'hémicycle lors de l'examen du projet de loi portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets dite loi « climat et résilience ». Les étudiants sont souvent les premiers à s'engager en faveur d'un avenir résolument soucieux de la planète. Il faut qu'ils aient accès, toutes disciplines confondues, à des connaissances solides et documentées sur le sujet, afin d'avoir les moyens d'agir en connaissance de cause et de convaincre leur entourage. La loi « orientation et réussite des étudiants » nous a d'ores et déjà permis d'engager cette dynamique. Des parcours de formation dédiés sont désormais ouverts dans de nombreuses universités : je songe notamment à l'université de La Rochelle ou encore à celle de Montpellier. Dans le cadre de la mission que j'ai confiée à M. Jean Jouzel, nous avons créé un groupe de travail qui permettra de généraliser cette approche dès la rentrée prochaine.

La troisième grande priorité que nous porterons ensemble, c'est l'Europe, dans le cadre de la présidence française de l'Union européenne. Chaque étudiant, sans distinction sociale, culturelle ou économique, doit pouvoir mettre la mobilité dans l'espace européen au cœur de son parcours de formation. Après une période où de nombreux voyages n'ont pas pu se faire, il est d'autant plus nécessaire que les jeunes puissent développer leurs compétences linguistiques et éprouver leur identité européenne. Les voyages font le sel et la richesse des études supérieures, ils favorisent l'ouverture d'esprit et l'ouverture à l'autre. C'est aussi par le voyage que le sentiment d'appartenance européen, au fil des amitiés et des rencontres, se construit. Dans cette perspective, le projet Erasmus + a été doté d'un montant inédit qui nous permettra de financer 10 millions de mobilités sur les sept prochaines années : c'est ce que, jusqu'ici, nous avions financé en trente ans. De la même façon, nous souhaiterions profiter de la présidence française de l'Union européenne en 2022 pour soutenir et diversifier les moyens de cette mobilité étudiante dans l'espace européen, mais aussi pour encourager les projets d'université à l'échelle européenne dans la lignée du premier diplôme européen délivré par l'université CHARM-EU. Ces ambitions seront aussi portées par des moyens renforcés. J'aurai l'occasion d'y revenir bien plus longuement lors de notre audition budgétaire du mois d'octobre, mais permettez-moi de rappeler que jamais un gouvernement n'avait déployé de tels moyens pour son enseignement supérieur, sa recherche et son innovation.

Il en a déjà fait la preuve lors du vote de la loi de programmation de la recherche qui, je le rappelle, réinjecte 25 milliards d'euros sur les dix prochaines années dans des domaines qui souffraient de sous-financements chroniques depuis des décennies. Cette loi va restaurer l'attractivité des carrières scientifiques, en revalorisant le doctorat, en augmentant le salaire d'entrée des jeunes chercheurs, en créant des chaires de professeur junior – des chaires que les établissements plébiscitent puisque près de 180 demandes de création ont été adressées à mon ministère.

La loi de programmation de la recherche représente 500 millions d'euros supplémentaires dans le budget 2022 de mon ministère. C'est dix fois plus, en une année, que sur l'ensemble de certains quinquennats. J'insiste sur le mot « supplémentaires ». Le projet de loi de finances pour 2021 comportait déjà une première tranche de 400 millions d'euros. Cette année, nous comptons donc 900 millions dédiés à la recherche de plus qu'en 2020. L'augmentation de nos moyens ne se limite pas à cela. Les volumes financiers inédits dont nous parlons sont considérables. Ils permettront d'abord de revaloriser les chercheurs, les enseignants‑chercheurs et les personnels scientifiques pour une nouvelle année consécutive. Cela représente, pour 2021, une hausse de rémunération de 1 090 euros pour les maîtres de conférences, de 580 euros pour les professeurs, de 1 230 euros pour les chargés de recherche et de 630 euros pour les directeurs de recherche. Certains ont pu dire que ces augmentations ne sont pas suffisantes, mais c'est la première fois que cela se fait.

Ces moyens supplémentaires permettront ensuite de mieux financer la recherche, qu'elle soit en base, avec une augmentation de 127 millions d'euros, ou par appel à projet, avec une hausse de 131 millions d'euros pour l'Agence nationale de la recherche. Ils permettront enfin d'engager dès cette année de nouveaux recrutements, avec 650 emplois équivalent temps plein, dont une centaine de chaires de professeurs junior dès cette année et 800 transformations d'emplois de maîtres de conférence en professeurs dès les premiers mois de l'année 2022. Je précise, car certains ont interprété ces chiffres de façon erronée, que ces emplois viendront s'ajouter aux remplacements des postes vacants après un départ à la retraite dont le nombre fluctue d'une année à l'autre.

En tout, l'augmentation du budget pour cette année s'élève à 700 millions d'euros, soit une augmentation totale de 2,4 milliards d'euros depuis 2017. Et 200 millions supplémentaires viendront soutenir la vie étudiante, dont je rappelle qu'elle est toujours au cœur de notre action. Grâce à ces financements, nous continuons à investir pour accompagner les acteurs de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation et soutenir les étudiants dans leur réussite, en améliorant leurs conditions de vie et d'études et en stimulant la production de connaissances.

Voici les grands défis qui, pour une année encore, nous attendent et nous mobilisent. Je suis fière de les porter avec vous, vous qui, plutôt que de vous résigner, avez agi au cours des cinq dernières années.

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