Intervention de Michèle Victory

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 21h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichèle Victory :

La mission Médias, livre et industrie culturelle et surtout le compte de concours financiers Avances à l'audiovisuel public n'ont pas obtenu, ces trois dernières années, un soutien financier à la hauteur de leurs missions et de leurs ambitions. Nous le regrettons.

Alors que la mission Culture voit ses crédits augmenter de 12 %, l'audiovisuel public subit la cure d'austérité imposée par le Gouvernement : l'économie constatée depuis 2018 atteint 200 millions d'euros. Pourtant, le monde de l'audiovisuel est sujet, depuis plusieurs années, à de nombreuses mutations, dans un environnement fortement concurrentiel : multiplication de l'offre depuis l'arrivée des géants américains, qui ont un impact grandissant sur les modes de consommation des Français ; accroissement pendant la crise sanitaire de la consommation de l'information, laquelle est trop souvent vampirisée par les fausses nouvelles diffusées sur les réseaux sociaux ou par certains médias ; bouleversement inquiétant d'un environnement en passe de connaître l'une des plus grosses opérations de l'histoire de l'audiovisuel, à savoir la fusion des deux plus importants groupes privés de télévision, TF1 et M6.

Face à ces risques multiples, votre gouvernement et votre majorité ont choisi de couper dans les budgets de tous les groupes publics : le PLF pour 2022 prévoit une baisse de 14 millions pour France Télévisions, de 2 millions pour Radio France, hors plan de relance, et de 400 000 euros pour Arte ainsi que pour France Médias Monde.

« L'audiovisuel public est un joyau qu'il faut protéger » : ce sont vos mots, madame la ministre. Comment comptez-vous le protéger dans de telles conditions ? Alors que les chaînes et radios publiques ont joué leur rôle de service public et exercé des missions d'intérêt général pendant la crise sanitaire, comme le soulignent tous les rapports relatifs à l'exécution de leurs contrats d'objectifs et de moyens, mon groupe ne peut que regretter cette stratégie d'assainissement de leurs finances. Tous ces éléments sont pour nous des points d'alerte quant à la préservation du patrimoine audiovisuel français et européen. Nous demanderons donc au minimum, pour l'ensemble du secteur, le rétablissement des crédits ouverts dans la loi de finances initiale pour 2021, et pour France Télévisions celui de ses équivalents temps plein (ETP).

Enfin, nous nous inquiétons de ce qu'il adviendra de la contribution à l'audiovisuel public. Il s'agit de la faire mieux accepter par les Français et de l'adapter à leur consommation des médias. Vous avez évoqué une mission à ce sujet, madame la ministre. Nous souhaitons évidemment participer à la réflexion sur cette question très importante et aurions souhaité que les propositions interviennent un peu plus tôt.

Nous avons noté l'augmentation des crédits de la mission Médias, livre et industries culturelles. La hausse de 22 % des crédits du programme Presse et médias est la bienvenue ; il s'agit d'accompagner un secteur fragilisé par la crise et marqué par l'augmentation du nombre de journalistes pigistes en situation de précarité. Le renforcement du Fonds de soutien à l'expression radiophonique locale, à hauteur de 1,1 million, était nécessaire, les radios associatives et locales jouant un rôle de valorisation de nos territoires, tout particulièrement dans le monde rural et dans les outre-mer.

Nous appelons votre attention sur certains organismes relevant du programme Livre et industries culturelles. La mesure nouvelle de 5 millions dont bénéficiera le CNM est bien insuffisante, compte tenu des missions remplies par cet opérateur durant la crise. Le CNM a su gérer l'attribution de plusieurs aides au titre de divers fonds, entre autres du fonds de compensation des pertes de billetterie et du fonds de soutien à l'édition musicale dédié à la musique classique. En outre, nous partageons les inquiétudes des acteurs du spectacle vivant privé : le secteur a subi entre 60 % et 80 % de pertes de billetterie et compte sur des mesures d'urgence. Les syndicats que nous avons auditionnés ont unanimement reconnu l'utilité du CNM et ont rappelé combien il était urgent de pérenniser son budget. Or cet objectif ne peut être atteint avec sa dotation et son effectif actuels – son plafond d'emplois reste stable, à 111 ETP, alors que notre pays compte 80 000 entreprises culturelles.

Dans le secteur du cinéma, nous nous félicitons des aides significatives accordées aux exploitants, aux distributeurs et aux agences artistiques.

Dans le secteur du livre, outre l'accompagnement des bibliothèques, des librairies et des éditeurs, nous souhaitons qu'un soutien accru soit apporté aux artistes-auteurs, comme je l'ai indiqué à propos des crédits de la mission Culture.

Nous ne bâtirons pas la France de 2030 sans un investissement massif dans l'audiovisuel public et dans la lutte contre la désinformation et les fausses nouvelles. Cela a un coût, que nous devons assumer. Mon groupe est donc à ce stade peu enclin à voter les crédits de la mission.

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