Intervention de Michel Larive

Réunion du mardi 26 octobre 2021 à 21h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMichel Larive :

Deux sujets sont majeurs à mes yeux : d'une part les aides à la presse et la question de la pluralité des médias, d'autre part la crise de l'audiovisuel public.

Les crédits alloués aux aides à la presse, qui augmentent de 62,3 millions, en hausse de 53,3 %, absorbent la quasi-totalité de la hausse de 70,9 millions prévue pour l'ensemble de la mission. En revanche, les aides au pluralisme baissent, quant à elles, de 1,2 million. Les moyens alloués aux médias de proximité n'augmentent pas ; autrement dit, ils sont en baisse, si l'on tient compte de l'inflation. Cette répartition des crédits contrevient à la volonté d'améliorer le pluralisme dans nos médias.

Le 5 juillet dernier, Action-critique-médias (ACRIMED) a publié un article intitulé « Le clan des milliardaires accapare les aides à la presse ». M. Frédéric Lemaire y a analysé la liste des titres et groupes de presse ayant bénéficié des aides directes et indirectes à la presse, de 2016 à 2019. Il en a conclu : « En 2019, plus de la moitié – 51 % – des 76 millions d'euros attribués en aides à la presse ont bénéficié à six groupes appartenant à huit richissimes familles ou hommes d'affaires ». En subventionnant la distribution sur tout le territoire d'une poignée de quotidiens détenus par quelques milliardaires, vous renforcez leur emprise sur la presse française, au lieu de soutenir le pluralisme et la diversité.

Je vous alerte également sur la fusion entre les groupes TF1 et M6. Le groupe TF1 possède non seulement la chaîne éponyme, mais aussi les chaînes LCI, TMC, TFX, TF1 Séries Films, Ushuaïa TV, Histoire TV et TV Breizh. Grâce à la fusion s'ajouteront désormais M6, W9, 6ter, Gulli, Paris Première, Téva, Série Club, Canal J, TiJi, MCM, MCM Top et RFM TV. Cet inventaire à la Prévert parle de lui-même : l'hyperconcentration qui s'annonce avec ce futur groupe de presse bafoue l'idée même de pluralité dans les médias.

Le service public de l'audiovisuel a connu une cure d'austérité sans précédent sous ce quinquennat. Le Gouvernement n'est d'aucun soutien face aux coûts supplémentaires liés à la crise sanitaire que les entreprises publiques de l'audiovisuel doivent supporter. Pis, le budget pour 2022 est de nouveau en baisse, de 2 millions. France Télévisions est l'entreprise publique la plus affectée. D'après ce qui est indiqué dans son contrat d'objectifs et de moyens 2020-2022, l'effectif total au sein du groupe a été réduit de 1 469 ETP depuis 2012, soit une baisse de 14 %. L'an passé, 394 ETP supplémentaires ont été supprimés. L'an prochain, le budget du groupe sera de nouveau amputé, malgré l'inflation. Pourtant, France Télévisions reste le premier média des Français, puisqu'il touche en moyenne près de 49 millions de personnes chaque semaine, soit environ 80 % de la population. C'est aussi sous ce quinquennat, je le rappelle, que France Ô a été supprimée, ce qui témoigne du peu de considération manifesté par le Gouvernement à l'égard de nos compatriotes d'outre-mer.

Bref, le groupe de La France insoumise votera contre le budget de la mission Médias, livre et industries culturelles, comme il le fera pour la mission Culture. Il est fait, à l'image des politiques destructrices que vous menez depuis cinq ans, au détriment du service public de l'audiovisuel et au profit des grands groupes de médias privés.

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