Le groupe La République en marche partage totalement l'objectif d'atténuer les inégalités d'accès à l'enseignement supérieur ; nous y travaillons d'ailleurs depuis le début de ce mandat. Toutefois, nous ne sommes pas d'accord avec l'intitulé de cette proposition de loi, qui précise que ces inégalités seraient « générées par Parcoursup ».
Parcoursup est un outil créé par la loi « orientation et réussite des étudiants » pour remplacer l'outil précédent, Admission Post-Bac, dit APB, qui dysfonctionnait et générait une sélection par tirage au sort pour les formations les plus demandées. Parcoursup est une plateforme nationale permettant à tout lycéen, apprenti ou étudiant en réorientation, de connaître les formations d'enseignement supérieur et leurs caractéristiques, de déposer des vœux d'entrée dans ces formations, de prendre connaissance des réponses apportées à ses vœux et de répondre aux propositions d'admission transmises par la plateforme. Parcoursup a ainsi facilité l'accès de tous à l'enseignement supérieur et à ses 19 500 formations labellisées.
Les inégalités d'accès se créent en amont de l'entrée en études supérieures : elles se forgent dès l'enfance. Nous avons travaillé durant tout ce mandat à les réduire et à lutter contre les inégalités de destin. Avec le parcours des 1 000 premiers jours, le plan de lutte contre la pauvreté, le dédoublement des classes de CP et de CE1 en réseau d'éducation prioritaire REP et REP+, nous luttons pour apporter plus aux enfants qui ont moins et, ainsi, donner à tous les mêmes chances de réussite.
De même, nous avons légiféré pour rendre l'école obligatoire dès 3 ans et diminuer les effectifs en grande section de maternelle, afin que les enfants les plus défavorisés bénéficient d'un apprentissage plus précoce du langage et de la vie en collectivité. Concernant le collège et le lycée, nous avons amélioré le système éducatif, notamment ses dispositifs d'orientation, avec par exemple les troisièmes « prépa-métiers », que nous avons créées dans la loi du 5 septembre 2018 pour la liberté de choisir son avenir professionnel et qui rencontrent beaucoup de succès. Avec les nombreuses mesures relevant du ministère de l'éducation nationale que nous avons adoptées – cordées de la réussite, mentorat, réforme du lycée professionnel, réforme du baccalauréat –, nous combattons les inégalités de destin.
Nous avons également amélioré ce moment important qu'est l'entrée dans l'enseignement supérieur. Tout d'abord, en mettant en œuvre une plateforme présentant toutes les formations existant en France, nous avons ouvert le champ des possibles de nos jeunes. En y explicitant les attendus de chaque formation, nous avons montré à ceux qui croyaient certaines formations inaccessibles qu'ils pouvaient légitimement candidater et être sélectionnés. J'en veux pour preuve les résultats de l'entrée à Sciences Po Paris dans l'outil Parcoursup, l'an passé, qui montrent une hausse de 45 % du nombre de lycées de provenance des jeunes sélectionnés : c'est bien l'entrée dans Parcoursup qui a diversifié l'origine des lycéens accédant à Sciences Po Paris.
La loi « orientation et réussite des étudiants » a aussi créé un accompagnement en première année. Le fossé entre le lycée et les études supérieures pouvant être grand, cet accompagnement personnalisé proposé aux jeunes qui en ont besoin permet de réduire le taux d'échec.
Voilà les quelques raisons pour lesquelles nous nous opposerons à cette proposition de loi. Si nous partageons l'objectif de réduction des inégalités d'accès à l'enseignement supérieur, nous ne partageons pas le constat que celles-ci seraient générées par Parcoursup. Nous n'approuvons donc pas les solutions que vous proposez. L'examen des articles nous permettra de démontrer que Parcoursup, dont les règles de fonctionnement visent à garantir la liberté d'accès, la transparence, la non-discrimination, l'égalité de traitement des candidats et l'équité de la procédure, est un outil efficace et robuste, qui s'est amélioré au fil des ans et des retours d'expérience et qui continuera à s'améliorer.