L'agglomération de Nancy est alimentée en eau potable par la Moselle, mais pas par la Meurthe, polluée par les rejets des soudières situés en amont. Ces sites, qui fabriquent du carbonate de sodium et du bicarbonate, rejettent du chlorure de calcium, qui pollue la Meurthe et la nappe phréatique, rendant l'eau impropre à la consommation et à la purification. La Moselle reçoit, elle aussi, des polluants provenant des populations ou des industries. Bien que les industries respectent la réglementation et que les stations d'épuration fonctionnent à plein, une part des polluants continue à être rejetée dans la rivière. Ces polluants s'accumulent à ceux qui rejoignent la rivière par ruissellement et forment un ensemble composé de résidus industriels, de nanoparticules, de résidus de médicaments, de produits phytosanitaires et de détergents. Ils forment alors un milieu réactionnel, susceptibles de favoriser l'apparition de produits néo-formés. Or cette eau devra être transformée en eau potable pour alimenter Nancy, grâce à des procédés très coûteux, financés par les contribuables.
Est-il normal que le contribuable paie pour traiter une eau polluée par des rejets, quand bien même la réglementation a été respectée ? Je ne le pense pas. Selon moi, toute eau rejetée devrait être aussi propre que celle qui a été prélevée, mais la réglementation ne l'impose pas.
En outre, une fois traitée, l'eau sera chlorée, au risque que des organochlorés (notamment du chloroforme et du pentachlorophénol) se forment s'il reste de la demande chimique en oxygène (DCO), c'est-à-dire de la pollution organique dure ayant échappé aux stations d'épuration et à la station de traitement de l'eau. En effet, il est impossible d'obtenir une eau parfaitement pure, à moins d'utiliser des procédés extrêmement coûteux, tels que la nanofiltration ou l'osmose inverse, ce qui est inenvisageable financièrement parlant.
Par ailleurs, la réglementation compte sur les capacités d'auto-épuration des rivières, qui ont l'intérêt d'être gratuites. Cependant, cette approche mériterait d'être mise en débat. Pouvons-nous profiter ainsi de la nature de façon délibérée, sans contrepartie ?
Enfin, la réglementation sur les rejets est fondée sur les débits d'étiage quinquennaux des cours d'eau. Or les débits d'étiage diminuent, à cause du réchauffement climatique. Par conséquent, une révision des arrêtés préfectoraux s'impose.